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N° 238 – Avril 2009 – Bulletin pyrénéen n° 480

La première traversée des Pyrénées
en vol bivouac.
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Couverture : au milieu des nuages, au-dessus des Pyrénées.
(Photo Xrid’air)
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Ce nouveau numéro de Pyrénées, disponible dès les premiers jours d’avril 2009, présente en couverture une photo du groupe de parapentistes Xrid’Air. Sans grand renfort médiatique, trois jeunes gens issus du Pôle Espoirs Vol Libre de Font-Romeu, ont réalisé pendant l’été 2006 la toute première traversée des Pyrénées, de Hendaye jusqu’à Argelès-sur-Mer en vol bivouac. Cette aventure fait, dans les premières pages du numéro, l’objet d’un récit détaillé.La photo publiée au dos de ce numéro, signée Xrid’Air également, a été prise durant cette même randonnée d’un nouveau type dans la dernière partie du parcours, lorsque les Pyrénées deviennent orientales…
 

 Sommaire

114 Éditorial par Pierre-Marie Cortella
117 La première traversée des Pyrénées en vol bivouac par Martin Bonis, Alexandre Jofresa et Frédéric Pieri
131 Du côté de Larroun par Yannick Tonner
139 « Clin d’œil » , hommage à Henri Ferbos » par Pascal Ravier
149 C’était le guide… hommage à Bunny par Jean-Claude Faucheux
157 Dernier passage par Marcel Loubens
165 Quand Bubani rencontrait Gaston Sacaze… ou les destins croisés de deux botanistes par Antonin Nicol
179 Le musée basque et de l’histoire de Bayonne Baionako euskal museoa par Geneviève Marsan
189 Histoire et vicissitudes de la concession du Vignemale - La correspondance de Henry Russell avec Alphonse Faure par Jean Ritter
203 Bibliographie pyrénéenne : années Russell 1908-1909 par Claude Dendaletche
207 Chroniques par Gérard Raynaud

À lire aussi :
La photo et les mots, p. 116
Le courrier des lecteurs, p. 153
Trait d’union, p. 178
L’ermite du Vignemale, p. 202
Compte rendu de l’assemblée générale, p. 223

 

 Éditorial

par Pierre-Marie CORTELLA

Télescopages

Entre autres particularités, notre revue a celle de pouvoir traverser les époques avec une déconcertante facilité et de savoir organiser des rendez-vous improbables. Ce numéro en apporte la preuve.

Voici donc pour nous accompagner et nous donner à rêver comme Icare, trois jeunes gens qui arpentent des sentiers singuliers. Des sentiers, comme ceux que nous connaissons tous, rocailleux, escarpés, raides, promesses permanentes de paysages renouvelés. Des sentiers mais aussi des routes invisibles qui traversent l’azur et jouent avec les cumulus. Ils sont trois parapentistes, issus du Pôle Espoirs Vol Libre de Font-Romeu, qui vont nous raconter l’aventure inoubliable – peu ou pas du tout connue des pyrénéistes – qu’ils ont vécue pendant l’été 2006. Deux sont originaires des Pyrénées-Orientales, le troisième est savoyard, et ce qui les a réunis à Font-Romeu, c’est leur passion pour la montagne et pour ces grandes randonnées aériennes, accrochés sous leurs voiles .

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Porter haut les couleurs des Pyrénées.
(Photo Xrid’air).

Cet été-là, ils ont chacun 19 ans et beaucoup de projets pour les vacances après une année partagée entre leurs études au lycée climatique et sportif Pierre de Coubertin et l’entraînement au plus haut niveau dans la discipline qu’ils ont choisie : le vol libre. À la recherche de soutiens, ils annoncent la couleur : « Notre projet, écrivent-ils, consiste à traverser la chaîne des Pyrénées en partant de l’Atlantique vers la Méditerranée. Pour cela, nous voulons utiliser l’engin qui, pour nous, représente le mieux l’esprit de liberté : le parapente ». Ils ajoutent aussi un peu plus loin : « nous voulons parcourir le monde à l’aide de nos jambes, de nos ailes et de notre volonté ».

Avec des sacs de 25 kg sur le dos (l’aile, le duvet, la tente, de l’eau, des vivres…), un maigre budget et un enthousiasme inversement proportionnel, ils sont donc partis de la plage d’Hendaye avec la ferme intention d’aller se baigner à l’autre bout, du côté d’Argelès-sur-Mer ou de Banyuls. Ils avaient estimé que leur traversée pourrait durer 15 jours au minimum et 25 au maximum. Bonne fourchette ! En autonomie complète, sans aide extérieure ni logistique particulière, comme on en installe souvent sur des points relais, ils ont mis exactement 17 jours, avec une quinzaine de vols allant du « vol plouf » de 3 minutes au Pays basque à celui de 5 h et 75 km de la Peña Collarada jusqu’à Castejon-de-Sos ! Soit environ 270 km parcourus dans les airs et 180 km à pied. Il faut lire leur journal de bord, leurs commentaires et les enseignements qu’ils ont tirés de cette première expédition mixte, au sol et en l’air. Les pyrénéistes chevronnés et aguerris auront de quoi être étonnés de tant de maîtrise et de maturité.

Ceux qui étaient inquiets pour l’avenir du pyrénéisme et ne trouvaient de salut que dans les récits enjolivés des exploits du passé seront aussi rassurés. La relève est bien là pour écrire de nouveaux chapitres. Oh, nous ne prétendons pas découvrir la lune car le parapente a, c’est le moins que l’on puisse dire, quelques heures de vol derrière lui. Pyrénées, grâce à Patrice de Bellefon, avait déjà consacré de belles pages au vol libre (on peut retrouver notamment le récit du « Grand vol du Marboré » publié en 1987 dans le N° 149). On voit bien là que l’aventure est sans fin et un hommage pyrénéiste sans réserve peut être rendu à Alexandre Jofresa, Martin Bonis et Frédéric Pieri, qui désormais poursuivent avec succès et parmi les meilleurs leurs aventures parapentistes.

Imaginons maintenant le Comte Henry Russell sortant de sa grotte pour s’inquiéter du temps qu’il fait et voyant se poser un peu plus bas, sur le glacier d’Ossoue, l’un de ces extra-terrestres. Quel télescopage ! Pardon pour cette pensée iconoclaste, mais on peut bien parier que si Russell débarquait dans notre époque, il ferait tout pour voir, évoluant sous l’une de ces étranges ombrelles en compagnie des oiseaux, les montagnes de sa vie et de ses passions.

En cette année Russell, nous ne pouvions manquer l’occasion qui nous est donnée d’évoquer à son propos ce que nous ne savions pas et que nous n’avions pas encore lu. De nouveaux livres, certes, qui cernent mieux encore cette personnalité hors normes. Mais aussi des lettres jusque-là inédites et heureusement conservées au Musée Basque de Bayonne. Là aussi, le télescopage est violent et c’est à nous d’être interloqués par ces courriers extravagants liés à la concession du Vignemale. Nul doute qu’avec sa « superbe », comme l’écrit justement Jean Ritter, et la certitude inaltérable de son bon droit, il provoquerait de nos jours une belle polémique et quelques manifestations indignées d’intégristes, d’écologistes et de gardiens du temple devant la préfecture des Hautes-Pyrénées. Autres temps… mais que ne pardonnerait-on à Russell !

Ce 10 mars dernier, à la suite de l’assemblée générale de l’association des Amis du Musée pyrénéen de Lourdes (dont on peut lire le compte-rendu page 223), le nouveau conseil d’administration a procédé à l’élection du bureau. Cette fois, il ne s’agit plus de télescopage mais de la transmission d’un flambeau dont la flamme brille depuis 1896. De génération en génération, les relais ont été pris et assumés en continu. On sait que notre président, le Professeur Michel Clin, en fonction depuis quatorze ans, a souhaité passer la main, de même que notre secrétaire générale, Geneviève Marsan qui avait remplacé, il y a deux ans, le Dr Verdenal brutalement disparu. L’un et l’autre restent administrateurs et Michel Clin a accepté de devenir président d’honneur. C’est Jean-François Le Nail, un compagnon de longue date de Pyrénées, qui présidera désormais notre association et dirigera la revue. Il sera assisté de deux vice-présidents, Gérard de Clarens et Gérard Raynaud. L’ensemble des tâches liées à l’administration, à la gestion, à la comptabilité et à la diffusion seront partagées entre Alain Lalanne, Christophe Musseau, Bernard Irigoin et Danièle Bihet. Cette « dépêche », purement informative, sera développée et commentée dans notre prochain numéro. Merci en tout cas à chacun pour son engagement passé, présent et futur au service de Pyrénées.
 

 Présentation des articles

LA PREMIÈRE TRAVERSÉE DES PYRÉNÉES EN VOL BIVOUAC,
par Martin Bonis, Alexandre Jofresa et Frédéric Pieri

Longtemps après Jean Bepmale, au début du XXe siècle, après Georges Véron et Joseph Ribas, en 1968, qui établirent des balises reconnues pour la Haute Route et la traversée des Pyrénées d’un bout à l’autre de la chaîne ( voir Pyrénées n° 236), voici donc une randonnée inédite.

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La route suivie pendant la traversée :
en vert, le vol ; en rouge, la marche.
(Photo Xrid’air).

Trois jeunes garçons de 19 ans ont renouvelé le genre en réalisant une traversée qui ferait rêver les ancêtres du pyrénéisme : ils ont relié l’Atlantique à la Méditerranée, comme des montagnards, à pied, et comme des oiseaux, en volant. Adeptes du vol libre, marchant comme des sherpas, portant leurs parapentes sur le dos ainsi qu’un sac de randonneur (pas moins de 25 kg), ou pilotant leurs voiles quand l’aérologie était favorable, ils ont réalisé un rêve en même temps qu’une vraie « première ». Cet exploit qui remonte à l’été 2006 est passé pratiquement inaperçu. Il doit naturellement prendre toute sa place dans la grande histoire du pyrénéisme. Le récit composite publié dans Pyrénées est très largement extrait du site ouvert par cette étonnante cordée sur internet (xridair.free.fr) . L’intégralité du journal de bord de l’expédition, et le regard porté aujourd’hui sur ses aspects bien particuliers, autonomie, intendance, difficultés du vol groupé etc. donnent à ce récit couleur, richesse et originalité.

Depuis la traversée pyrénéenne, le trio a enrichi son palmarès avec deux autres expéditions réalisées, en Kirghizie en 2007, et dans les Alpes en 2008 . « 1001 bornes alpines », le film qui en a été tiré, a été présenté au Festival de l’Aventure des Angles (66) en janvier dernier.
On peut visionner ce film en streaming sur viméo : http://vimeo.com/3928840 .

Aujourd’hui, Bonis, Jofresa et Pieri poursuivent leurs études et s’adonnent désormais à leur passion de la montagne et du parapente en pays de Savoie où ils ont rejoint le Pôle France de la spécialité.

DU CÔTÉ DE LARROUN, par Yannick Tonner

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En montant à l’Artzamendi, au-dessus des hôtels du Laxia.
(Photo Yannick Tonner).

Qu’on se le dise, oubliez La Rhune et préférez Larroun. Nous voici donc au Pays basque avec Yannick Tonner qui propose ici un regard sensible et insolite sur ce sommet qui ne brille peut-être pas par son altitude mais plus par sa position de sentinelle au carrefour de la chaîne et de l’océan et à la frontière des provinces et des états. « Une journée claire au sommet de Larroun, écrit Yannick Tonner, permet d’admirer toutes les villes de la côte qui s’offre au regard… Russell avait raison de recommander l’observation de la mer depuis le sommet de Larroun : « le spectacle est si vivant et si proche malgré la distance que c’est un enchantement de tous les instants dont on ne se lasserait pas ». Dans les pas de notre auteur, on peut aussi gravir le voisin Artzamendi (926 mètres). Ces montagnes, on le lira, peuvent réserver de bien jolies surprises.

« CLIN D’ŒIL », HOMMAGE À HENRI FERBOS, par Pascal Ravier

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Henri Ferbos devant le Péne-Medaa, à Gourette, au début des années 70.
(Photo collection Ferbos).

Il y a deux ans, disparaissait, à l’âge de 86 ans, Henri Ferbos. Bordelais d’origine, professeur de philosophie au lycée Louis-Barthou à Pau, pyrénéiste chevronné, poète de la montagne, Henri Ferbos a marqué son temps et laissé des carnets de courses d’une incroyable richesse. L’hommage que lui rend Pascal Ravier pèse son poids d’émotion et de reconnaissance. Quelques mois après le décès d’Henri Ferbos, Pascal Ravier, et l’un de ses amis parvenaient au sommet du Ramougn après avoir inauguré un itinéraire proche de celui « défloré naguère par les anciens ». Belle occasion pour évoquer la grande et belle figure de Ferbos, ses courses dans le massif qui parcourent un demi-siècle et les traces qu’il a laissées au CAF, au GUHM ou sur le rocher du Pic des Trois Conseillers. Ses réflexions aussi, sa conception de la montagne, son ouverture sur le nouveau monde des grimpeurs et son point de vue sur une nature en danger permanent.

« Les cendres d’Henri Ferbos ont été dispersées à la Hourquette d’Ancizan, note Pascal Ravier. Cruelle coïncidence ou destins croisés… Souvenir douloureux du décès de mon père Paul sur l’Arête Petit-Grand Arbizon, en ce 29 juillet 2001, en compagnie de ses « grands frères », Jean et Pierre, au-dessus des riantes estives d’Ancizan…
Mon « retour à la montagne » fut long et difficile ; au début, les moments passés là-haut se devaient d’être brefs… Une inimitié soudaine… J’avais lu et relu le récit de Ferbos sur la première ascension de la face sud directe du Ramougn ; je n’avais jamais eu l’occasion de gravir la ligne… Des projets ailleurs, des notes de L. Audoubert dans la revue Altitude peu engageantes… En 1988, une gourmandise nous pousse à inaugurer un itinéraire sur la droite de la face, escamotant le ressaut final… L’année suivante, je suivis à peu près la voie du GUHM, la vraie, celle de 1948, le sentiment du devoir accompli…
La voie est simplement belle, historique, intime…
En ce 11 Août 2007, notre idée est de tracer une voie plus directe et démarrer dans les dalles raides au centre de la face.
Notre « clin d’œil » de dix longueurs débouche exactement au sommet, avec la même joie qu’H. Ferbos lorsqu’il foule le sommet du Ramougn en 1935 et 1948.
Nous dédions cette dernière voie ouverte à ce grand personnage avec une pensée pour ceux qui ont marqué le massif… « ces veinards » qui ont bullé au bord de Loustallat, qui se délectaient de ce granite franc et rugueux au-dessus d’une nature pour un temps préservée… »

C’ÉTAIT LE GUIDE, Hommage à Bunny,
par Jean-Claude Faucheux

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Un look de corsaire.
(Photo J.-C. Faucheux).

Pyrénées dans les numéros 228 et 229 a évoqué la figure de Rainier Munsch, guide de Haute Montagne mort le 30 juillet 2006, dans la falaise du Pène-Medaa, en vallée d’Ossau : Rainier Munsch, celui qu’on appelait Bunny, fit ce jour-là une chute fatale. L’hommage fut unanime et Jean Ritter qui était entré en contact avec Munsch à l’occasion de la sortie de son livre « Verticualidad » nous confia une lettre qu’il avait reçue du grand guide. Il y parlait un peu de lui mais surtout de sa conception de la montagne et de sa passion. Tous ceux qui ont grimpé ou randonné avec lui ne peuvent que s’en souvenir. Bunny, c’était le guide, une référence pour les Pyrénées.

Tel est bien le propos de Jean-Claude Faucheux qui raconte Bunny en montagne, des souvenirs vivants, avec des photos et des anecdotes qui toucheront tous ceux qui l’ont aimé.

LE 3000 OUBLIÉ, SUITE, Courrier des lecteurs

Notre article sur la Tour Cordier qui serait un 3000 oublié dans le répertoire des sommets de la chaîne (Pyrénées n° 237) nous a valu quelques réactions. Le débat est sérieux et argumenté. S’agit-il d’un vrai ou d’un faux 3000 ? Entre les « inventeurs » catalans et les autres, les avis sont tranchés.

DERNIER PASSAGE, par Marcel Loubens

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Marcel Loubens, résistant passeur et ecclésiastique pour la circonstance.
(Caricature réalisée par un de ses amis).

C’est une facette peu connue de Marcel Loubens, le grand spéléologue, tragiquement disparu au cours de l’exploration du Gouffre de la Pierre-Saint-Martin, le 14 août 1952 que nous révèle Gérard de Clarens. Loubens, ami de Norbert Casteret, fut pendant la guerre un résistant et un passeur. Déguisé en ecclésiastique, il réussissait à tromper les autorités allemandes pour aider les candidats à l’évasion vers l’Espagne à franchir la frontière.

C’est Loubens lui-même qui le raconte dans un texte inédit qu’il avait adressé à Casteret. Maud Martin-Casteret, l’une des filles de Norbert a bien voulu confier ce texte à Gérard de Clarens, et c’est ainsi que Pyrénées peut à son tour le proposer à ses lecteurs.

QUAND BUBANI RENCONTRAIT GASTON-SACAZE,
ou les destins croisés de deux botanistes,

par Antonin Nicol

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Pietro Bubani (Bologne 1806-1888). Il pose en costume basque dans son palais de Bagnacavallo le 7 octobre 1863 ; sous son bras gauche, il présente le manuscrit en 4 volumes de Flora pyrenea.
(Photo A. Nicol).

Antonin Nicol plante ainsi le décor et l’argument de cette étrange histoire dont il est à la fois « l’inventeur » et le familier : « En 1989 paraissait mon ouvrage bibliographique Pierrine Gaston-Sacaze, berger-phénomène. À cette époque, aucun document n’établissait une quelconque relation, qu’elle fut physique ou épistolaire, entre le botaniste italien Pietro Bubani et Pierrine Gaston-Sacaze. Je rappelle que le recueil de la correspondance de Gaston-Sacaze (de1836 à1850 et renfermant 375 lettres) est le seul connu aujourd’hui ; l’autre recueil (ou les autres !) a disparu. En conséquence, c’est 43 années de connaissance de la vie de ce paysan ossalois d’exception qu’il nous manque ! Et Bubani ne fit son apparition dans la vie de Gaston-Sacaze qu’après 1850. Jusqu’au jour où en octobre 2007, un internaute tourangeau passionné de pyrénéisme, monsieur Bertrand Girard, me signale la mise en vente sur Internet d’une lettre de Gaston-Sacaze adressée à Bubani en 1853. Ce document exceptionnel était proposé par un libraire de Toronto au Canada au prix de 392,49 dollars canadiens ! En juillet 2008, la lettre était toujours en souffrance sur le web. Je contactais alors l’Association Gaston-Sacaze sise à Béost pour lui proposer d’en faire l’acquisition. Ce qui fut accepté et un adhérent de cette association, habitué à faire des séjours au Canada, revint en Ossau avec le précieux document acheté au prix de 269,97 euros.

Qui donc était Bubani ? Pourquoi a-t-il rendu visite à Gaston-Sacaze ? Tout opposait les deux hommes ; le premier, richissime, a passé l’essentiel de sa vie à voyager ; le second, plus que modeste sur le plan économique, n’a jamais quitté sa ferme de Bagès-Béost. Un unique centre d’intérêt va engendrer ces deux destins croisés : la flore pyrénéenne. Et un beau jour, au début des années 1850, Gaston-Sacaze, qui avait déjà accueilli moult visiteurs illustres, voit débarquer un petit bonhomme, passionné à la folie de flore pyrénéenne, parlant un charabia mêlé d’italien, de français et de latin, sans se douter un seul instant qu’il avait en face de lui une sommité européenne de la science botanique, le plus grand botaniste d’Italie (parmi les 59 botanistes italiens de renom !), un insatiable découvreur avec 846 plantes portant son nom !... »

La suite de cet imposant article est passionnante.

GALERIE DES MUSÉES : Le musée basque et de l’histoire de Bayonne,
par Geneviève Marsan

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Le Musée Basque et le quai des Corsaires à Bayonne.
(Photo Geneviève Marsan).

Geneviève Marsan, conservatrice du Musée Pyrénéen de Lourdes de 1986 à 2005, avait déjà exploré pour « Pyrénées » le musée d’Arudy. En relançant cette rubrique intitulée « Galerie des Musées », elle nous ouvre les portes du Musée basque de Bayonne, récemment rénové et réouvert après quelques années de sommeil.

La gestion appartient désormais à un syndicat mixte qui associe la ville de Bayonne, la communauté d’agglomération (Bayonne-Anglet-Biarritz) et le Conseil Général qui compte redonner à cette institution un nouveau souffle. Un nouveau directeur Rafael Zulaika met en œuvre une nouvelle politique destinée à attirer un public varié. 4000 mètres carrés d’espace d’exposition permanente permettent de présenter les différentes thématiques : vie rurale, vie domestique, vie maritime et fluviale, vie économique, vie religieuse, histoire régionale etc.

HISTOIRE ET VICISSITUDES DE LA CONCESSION DU VIGNEMALE
La correspondance de Henry Russell avec Alphonse Faure,

présentée par Jean Ritter


Ce sont des lettres inédites du Comte Henry Russell, conservées au Musée Basque de Bayonne, dans la bibliothèque François Faure. Ces lettres ont été adressées à Alphonse Faure, secrétaire général à la préfecture de Tarbes, Russell comptant obtenir des représentants de l’État la concession du Vignemale où il avait creusé ses fameuses grottes. Il y a de quoi être aujourd’hui surpris par la nature de la demande de Russell mais il faut bien évidemment se replacer dans le contexte de l’époque (fin XIXe siècle). Le Comte, avec sa superbe, ne trouve rien d’incongru dans sa démarche, il s’estime même dans son bon droit. D’ailleurs, les montagnards et les autorités sont d’accord au point que Russell peut résumer ainsi l’issue heureuse de ses démarches :
« La plus douce, et je puis dire, la plus flatteuse de toutes mes récompenses m’est venue en 1889, lorsque les six ou sept communes propriétaires de cette superbe montagne me firent l’honneur de m’en donner tout le plus grand glacier et toutes les cimes soit environ 200 hectares de neige et de rochers ; faveur insigne dont je les remercie de bien bon cœur, ainsi que M.Faure, le chef de division de Préfecture si universellement aimé, et de son Préfet d’alors, M. Charles Collomb, qui mit dans cette affaire une extrême obligeance ». Étonnant.

BIBLIOGRAPHIE PYRÉNÉENNE
Années Russell, 1908-1909,
par Claude Dendaletche

Deux ouvrages viennent compléter les déjà impressionnants rayonnages des bibliothèques consacrés à Russell. « Histoire d’un cœur » tout d’abord, texte rare d’Henry Russell, édité pour la première fois en 1871 à Bayonne et réédité par les Amis du Livre Pyrénéen de façon plutôt confidentielle. L’autre ouvrage, signé de Monique Dollin du Fresnel, arrière petite-nièce de Russell est intitulé « Henry Russell (1834-1909). Une vie pour les Pyrénées ». Il est publié aux éditions Sud Ouest. « Cette biographie de l’intérieur, note Claude Dendaletche, est un grand livre dont on peut dire, sans exagération aucune, qu’il représente pour longtemps un texte indépassable.

Ce livre n’est pas une simple biographie, il est aussi une mise en place des textes au fil des aléas de la vie de Russell. Il représente de ce fait une excellente introduction à l’œuvre écrite, dont on pourra par ailleurs lire des sortes de « morceaux choisis » fort bien venus. On retiendra, en particulier, les longues pages consacrées à « Histoire d’un cœur », à « Seize mille lieues à travers l’Asie et l’Océanie », aux « Souvenirs d’un montagnard » .

CHRONIQUES

Toute l’actualité des Pyrénées, Transport, Tourisme, Patrimoine, Religion, Culture, Sports d’hiver, Montagne,, Parc National etc.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ASSOCIATION

Les lecteurs de Pyrénées, revue des Amis du Musée Pyrénéen de Lourdes, trouveront également dans ce numéro le compte-rendu de l’assemblée générale de l’association qui s’est tenue le 7 février au Château fort de Lourdes.






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