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Jean Verdenal à "Pyrénées"

JEAN VERDENAL à "PYRÉNÉES"


Michel Clin a écrit

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Jean Verdenal

Il ne m’appartient pas de retracer ici toute la vie et la carrière du docteur Jean Verdenal, récemment disparu. Personnalité paloise issue d’une lignée établie depuis plus d’un siècle, et illustre à la fois par la pratique médicale hospitalière ou thermale, par l’assiduité montagnarde, par le pyrénéisme enfin, Jean Verdenal exerçait les fonctions de secrétaire général des « Amis du Musée Pyrénéen » et de directeur de « Pyrénées ». C’est à ce titre que j’évoque ici douze années de collaboration féconde vécues à ses côtés, années qui ont été pour moi celles d’une amitié dont je mesure aujourd’hui, par la peine que je ressens de sa disparition, tout le prix.

Petit-fils et fils d’une pléiade de brillants médecins, fils d’un édile qui assuma avec honneur en des temps très difficiles la magistrature municipale paloise, il appartenait aussi à une famille de pratiquants de la montagne, dont la grande figure est celle de son grand-père le docteur Henri Meunier. Le centre de la pratique familiale était Les Eaux-Bonnes. Jean Verdenal fréquenta toute sa vie le haut Ossau. On l’imagine en ses rares jours de loisir lors de ballades au Gourzy, au ravin de Balour, et de courses au pic du Ger. Et bien sûr, comme il se doit, en bien des randonnées accomplies vers d’autres sommets.

Le docteur Jean Verdenal, très tôt spécialisé et diplômé en anesthésiologie, accomplit auprès du docteur Marzet une carrière tenant du sacerdoce - qui d’ailleurs ne l’avait pas laissé fréquenter la montagne autant que ses antécédents familiaux l’y eussent incité. Je fais ici référence à ce double atavisme en pensant à l’accueil si généreux qu’il offrait tout naturellement à son entourage, fait d’écoute, de vigilance, d’énergie, d’une attention montagnarde autant que médicale, celle-là même qu’il avait dispensé pendant 35 ans auprès des patients qu’il assistait. Pour tout dire, il était d’une stature profondément rassurante, et cela fut bien utile en certaines circonstances de la vie de « Pyrénées ».

Début Avril, sous le coup de l’émotion à l’annonce de son décès imprévu , j’écrivais : « la dette de l’Association des Amis du Musée Pyrénéen et de la revue « Pyrénées » est immense ». L’émotion a fait place à une peine profonde, et aussi à une sorte d’inquiétude devant l’avenir, ou même à une vague sensation d’abandon. Car Jean Verdenal, qui à sa retraite s’était consacré, avec son épouse, à l’animation pyrénéiste, organisant notamment de brillantes expositions thématiques, demeurait pour « Pyrénées » l’un des témoins les plus actifs des temps où, Raymond Ritter et Urbain Cazaux disparus, la revue fut tenue par la volonté de quelques-uns et par le dévouement de Louis Anglade et d’André Dussert. Et c’est à l’optimisme indéfectible de Jean Verdenal, partagé avec Louis Sallenave et sous la férule de Pierre Caillau-Lamicq, que l’on doit à leur suite le maintien de la ligne éditoriale de la revue dans le respect de l’esprit des créateurs, et d’autre part la prémonition du nécessaire renouvellement des thèmes, dans la continuité de la relation organique avec le Musée Pyrénéen.

Dans cette période un peu incertaine, Jean Verdenal se consacra avec Pierre Caillau-Lamicq et Louis Sallenave, à impliquer les plus proches et à rechercher de nouvelles collaborations. On voulut bien accorder confiance à mon expérience de la montagne parcourue, et peut-être à celle du milieu montagnard administré. La fréquentation de Bious-Artigue fit le reste, et Louis Lanne entra dans le jeu, pour y tenir bientôt la place insigne que l’on sait.

Jean Verdenal animait nos déjeuners de travail de sa connaissance des choses et des gens, averti autant de littérature que d’œuvres d’art ou de bibliographie. Ses articles publiés dans la revue, ses biographies notamment, témoignent d’un tel éclectisme. Sa bibliothèque pyrénéenne, sur fond d’origine familiale, est d’une grande richesse. Il avait lu ou consulté sans exception tous les ouvrages qu’il possédait, le cas n’est pas si fréquent, et il pouvait répondre sur tout sujet de vie pyrénéiste, local ou général, anecdotique ou sérieux. Au fil des jours, il animait avec attention et humour un réseau de correspondants et d’abonnés, qui vont être aujourd’hui hélas privés de leur mentor.

Le temps étant passé des éditions prestigieuses des Amis du Musée et des Amis du Livre pyrénéen, Jean Verdenal le regrettera toujours et n’aura de cesse de le faire revivre. C’est ainsi qu’il réalisera intégralement en 1996, projet et mise en œuvre, l’édition des Tables du Bulletin Pyrénéen établies par Maurice Heid et supplémentées par Jean Ritter. Puis en 2002, l’édition des Tables « Pyrénées (1950-1999) », établies par Eric L’Huillier. Expert en matière de gravure, il mena en outre à bien en 2002, au titre des Amis du Musée, à partir d’un cuivre original gravé par Ramond lui-même et détenu par le Musée, et en commémoration de la première ascension, la réalisation du tirage exceptionnel, exécuté à la Chalcographie du Louvre, d’une estampe figurant le cirque d’Estaubé sous le Mont Perdu (*).

Si sa fonction de Directeur de la revue était de nature plus juridique qu’active, impliquant surtout l’exercice d’une responsabilité, il n’en fut pas de même de celle de Secrétaire Général, qui réclamait beaucoup d’attention et d’assiduité. Il s’agissait notamment d’assurer la gestion des listes d’abonnés, ce qui est loin d’être simple (particulièrement quand il faut battre le rappel), la préparation et le suivi des dossiers réglementaires, administratifs et financiers, et aussi toutes sortes de relations publiques. Ces tâches souvent ingrates mais indispensables furent assumées avec vigilance par Jean Verdenal durant quatre lustres. Nous ne pouvons oublier ce dévouement exemplaire, consenti en toute gratuité et discrétion.

Le Docteur Verdenal reçut consécration de ses œuvres par sa réception comme membre de l’Académie de Béarn. Il prononça son discours de réception le 4 Octobre 2003 sur le thème du « Livre d’Or d’Excelsior ». Excelsior est la villa située à l’apex de l’agglomération des Eaux-Bonnes. Il traita avec maîtrise de la geste en ces lieux de la grande compagnie montagnarde et des « fratries » bordelaise et béarnaise animées par son grand-père Meunier entre 1885 et la Grande Guerre. Il en avait recueilli les témoignages en archives familiales et amicales, qu’il avait pu compléter avec des archives retrouvées dans la villa. Il s’était en effet rendu propriétaire de celle-ci, lui restituant quelque chose de son ancienne fonction de temple familial et pyrénéiste. Ce qui valut au Comité de lecture de « Pyrénées » de s’y réunir un jour où la route de Bious était coupée, et ce fut une fois de plus l’occasion pour les Verdenal d’exercer leur chaude hospitalité.

L’éloge du Docteur Jean Verdenal a été prononcé par Louis Lanne en la séance du 25 Mai dernier de l’Académie de Béarn..

(*) Ces ouvrages et quelques exemplaires de cette gravure demeurent disponibles à « Pyrénées ».

Article paru dans le n° 231 de juillet 2007.







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