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N° 230

N° 230


Gavarnie
Feu l’Hôtel des Voyageurs
N° 230 - 2007

Couverture : P. 1 : L’auberge de Gavarnie.
(Dessin de Jacottet, 1837, détail).


 


 

SOMMAIRE

115 ÉDITORIAL - Michel Clin

117 GAVARNIE FEU L’HÔTEL DES VOYAGEURS - Joseph Ribas

133 POUR UN MEILLEUR ESPACE À LA STATUE DE RUSSELL À GAVARNIE - Joseph Ribas

135 À LA DÉCOUVERTE DE L’ANDORRE AUX COTÉS DES PREMIERS VOYAGEURS ET CHRONIQUEURS- 1ère Partie- Olivier de Marliave

147 LE MONTARTO PAR LE NORD-EST - Éric Visentin

153 VOYAGE AU SOMMET DU MONT-PERDU EN AOUT 1913 PAR ALBERTO OETTLI - Silvio Trévisan

159 MÉMOIRES D’UN PETIT CHIEN PYRÉNÉISTE - Robert Aymard

163 PIC DE LOURDES...ET MYSTÉRIEUSE CROIX FRONTIÈRE - Jean Marchadier

169 PEINTURE DE MONTAGNE ET D’EAU IMAGES DES PYRÉNÉES ET ESTHÉTIQUE ORIENTALE - Françoise Besson

IN MEMORIAM

187 LE PROFESSEUR ENRIQUE BALCELLS - Luis Villar

190 MARCEL LAVEDAN - Jean-Louis Massoure

BIBLIOGRAPHIE PYRÉNÉENNE

193 LIVRES DE L’EST PYRÉNÉEN : CATALUNYA - Claude Dendaletche

203 APOSTILLES À LA BIBLIOGRAPHIE PYRÉNÉISTE : À PROPOS DE JACINTO VERDAGUER - Jesús Labarías Juseu

207 CHRONIQUES - Louis Laborde-Balen

223 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ASSOCIATION DES AMIS DU MUSÉE PYRÉNÉEN

ÉDITORIAL

Michel Clin

Environnement !

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Le lac de Sasloses.

(Photo Eric Visentin)

Environnement : Terme transposé de l’anglais, invoqué principalement chez nous, sous la connotation de l’écologie, àpropos de la qualité de la vie. Notion àlaquelle nos voisins espagnols ont préféré celle de « medio ambiante », qui désigne, elle, de façon objective, une réalité extérieure. Pour toutes sortes de raisons, entre les deux acceptions, la conception de la relation homme-milieu n’est pas la même.

Nous vivrons peut-être un temps de remise en jeu, si les démarches de Nicolas Hulot trouvaient crédit. On le sait, les questions récemment soulevées par ses initiatives sont en totale rupture avec les préoccupations immédiates qui nous sont habituelles. Notre champion national de la communion avec la nature appelle avec insistance àagir de manière drastique sur la régulation des activités socio-économiques nouvelles nées de l’évolution technologique, activités productrices de nuisances graves et selon lui, de grands périls. Écoutons cette péroraison :

« Parvenus àce moment de l’histoire, nous pouvons légitimement être saisis d’angoisse. L’humanité a touché àquelque chose de phénoménal, qui n’est pas de l’ordre de l’humain, mais de celui des grands équilibres naturels, notamment en ce qui concerne le climat. Quelque chose qui désormais la dépasse et lui échappe. D’une certaine façon, on est tenté de dire que la modernité a profané la sphère du sacré en outrepassant les limites imparties àl’humanité  » (1).

L’avenir sans doute confirmera ou infirmera l’alarme ainsi dramatiquement mise en scène. Mais la teneur de l’avertissement, le ton employé, ne nous sont pas indifférents. Car c’est un débat de civilisation qui, àtort ou àraison, est soulevé, et celui-ci concerne au premier chef nos milieux montagnards. Qu’il faille ou non accorder crédit aux positions développées sur les questions climatiques, n’en débattons pas ici. Les glaciers reculent, c’est un fait, mouvement continué depuis plusieurs millénaires. Il reste que dans bien d’autres domaines, avec la transgression des limites du raisonnable par la civilisation moderniste, il y a lieu de craindre d’autres atteintes directes et immédiates aux milieux fragiles, encore plus ou moins préservés, qui sont ceux de nos montagnes. Et chacun sent que la pérennité de ces espaces de pureté est essentielle.

Il n’est pas question ici de nier les avantages considérables apportés aux montagnards par le progrès économique. Il est seulement question de prendre conscience, avant toute évaluation, de l’impact sur le milieu des nuisances nouvelles liées au développement (durable ?). La litanie des nuisances est connue. Leur progression récente, en espace et en intensité, l’est moins. Entre autres : le fret « tout routier  » ; l’indifférence au paysage dans l’aménagement des voies et lignes de communication et des stades de glisse ; l’expansion foncière périurbaine liée aux loisirs, conduisant au « mitage  » des versants, la pollution sonore du ciel par les hélicos, etc. Concernant la diversité biologique, la nuisance est liée àla surfréquentation pédestre, touristique ou sportive, agressive sur le milieu et les espèces…

La revue s’est toujours efforcée, on l’a souvent souligné, de se positionner lucidement, et non pas de façon polémique, face aux contingences nouvelles. S’informant aux meilleures sources, elle veut contribuer de son mieux àl’évaluation de cet impact.

Ainsi rend-t-elle aujourd’hui hommage àdeux pyrénéistes éminents, récemment disparus. On peut dire que ces deux hommes ont incarné, chacun avec ses talents et ses certitudes, les deux faces de l’histoire environnementale des Pyrénées. Marcel Lavedan, mort à105 ans, avait été l’Ingénieur en Chef initiateur en Barèges de grands travaux d’équipement et de protection ainsi que des routes d’altitude, àl’époque du développement touristique, que soutenaient alors, de bonne foi, les « Pyrénées  » de Raymond Ritter et d’Urbain Cazaux. Plus tard, il avait rejoint l’équipe animatrice de la revue.

Enrique Balcells Rocamora, savant àl’érudition naturaliste prodigieuse, était la figure de proue de l’Instituto de Ecologia Pirenaica de Jaca. On doit àson prestige, outre l’illustration du Parc d’Ordesa y Monte Perdido, l’inspiration de mesures fondamentales de continence écologique, comme la préservation àl’aménagement routier du val de Bujaruelo et de Boucharo.

Deux compétences insignes et symboliques, aux effets opposés, exercées en des temps différents, l’une répondant aux aspirations du moment, l’autre enrichissant patiemment la connaissance approfondie du milieu et illustrant sa richesse. À la maîtrise de la construction des ouvrages a pu s’ajouter alors une relative continence. Ne doit-on pas craindre aujourd’hui que cette dernière vertu échappe aux décideurs, mal informés de l’exceptionnel biotope montagnard où ils exercent leur charge ?

Cependant pour Nicolas Hulot « L’heure est aux mesures fortes, aux réformes radicales, aux actions coordonnées pour faire de l’impératif écologique le déterminant majeur des politiques publiques  » (1) .

Une autre époque commence peut-être.

(1) « Pour un Pacte écologique  », p. 17, p. 39.

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