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N° 239 - Juillet 2009 - Bulletin pyrénéen n° 481

Spécial Pic du Midi de Bigorre
Portes ouvertes sur le futur
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Couverture : Mer de nuages sous le Pic du Midi. (Photo Pierre-Paul Feyte).
Ce nouveau numéro de Pyrénées, disponible dès les premiers jours de juillet 2009, annonce la couleur en couverture. Il s’agit d’un numéro spécial consacré au Pic du Midi de Bigorre, aux activités et recherches scientifiques développées sur ce site prestigieux ainsi qu’aux propositions de découvertes destinées aux touristes. C’est un numéro qui fera date tant les contributions sont riches et variées. La photo de couverture, signée Pierre-Paul Feyte, photographe gersois, montre une image insolite du Pic émergeant dans une lumière violette et orangée d’une mer de nuages particulièrement cotonneuse. La rubrique « La Photo et les Mots » reprend cette même photo et pose la question de savoir d’où elle a bien pu être prise. Pierre-Paul Feyte est également l’auteur de la photo de quatrième de couverture, où les coupoles et les antennes emblématiques se profilent sur un ciel étoilé.

 Sommaire

02 Éditorial par Pierre-Marie Cortella
07 Un tour d’horizon de la science au Pic par Bernard Dupré et Rémi Cabanac
13 Le Pic du Midi à la croisée des sciences par Emmanuel Davoust
25 Le Pic du Midi est aussi un haut lieu de la géologie pyrénéenne par Joachim Deramond et Nicole Guerrero
37 La plateforme du Pic par Rémi Cabanac et Jean-Marc Abbadie
41 Ozone et pollution atmosphérique au Pic du Midi par Gilles Athier
45 Un radar météorologique à 2887m d’altitude : le radar Pyrénées par Henri Sauvageot, Frédéric Mesnard et Olivier Pujol
51 Observation de phénomènes lumineux transitoires (TLE) au Pic du Midi par Serge Soula
59 Piréne : création d’une réserve de ciel étoilé au Pic du Midi par François Colas
63 Télescope Bernard Lyot : observatoire du magnétisme stellaire par Rémi Cabanac
73 L’observation du soleil au Pic du Midi : 11 ans après par Jacques-Clair Noens, Raphaël Jimenez et les Observateurs Associés
81 Recherches à la lunette Jean Rösch par Thierry Roudier
89 Le télescope de 60 cm de diamètre (T60) et les astronomes amateurs par Arnaud Leroy et Stéphane Fauvaud
95 Les OA du Pic du Midi de Bigorre par Serge Rochain
99 Les étoiles et la magie à la portée de tous par Daniel Soucaze des Soucaze
105 Un phare pour le tourisme pyrénéen par Jacques Brune
108 Courage, confiance, créativité, fascination par François Fortassin
110 Nos auteurs par Gérard Raynaud
115 Chroniques par Gérard Raynaud

À lire aussi :
Pic du Midi de Bigorre, p. 6
Liens internet de l’observatoire du Pic du Midi, p. 12
Trait d’union, p. 36
La photo et les mots, p. 50
Association des amis du Musée pyrénéen, p. 114
 

 Éditorial

par Pierre-Marie CORTELLA

Dix années lumière plus tard…

Il y a un peu plus de dix ans, en effet, Pyrénées consacrait un numéro spécial au Pic du Midi de Bigorre. On sortait des années d’incertitude et de menace. Le Pic, montagne éternelle, sentinelle avancée sur la chaîne des Pyrénées versant nord, monumentale "bagnère" de la Bigorre, devenu dans la période moderne l’un des fleurons de l’astronomie mondiale, pouvait-il être abandonné à son unique destin montagnard, et trahi en vertu des lois outrageusement souveraines de l’économie et de la rentabilité ? N’y revenons pas. Il y a dix ans, notre revue, à l’initiative de Louis Lanne, célébrait la victoire de la lumière céleste sur tous les obscurantismes et annonçait : « Résurrection pour l’an 2000 ».

On connaît trop, de nos jours, les effets d’annonce, qui ne sont pas suivis d’effets. Eh bien voici l’exception – il y en a d’autres heureusement pour le moral de l’humanité – car le Pic a relevé la tête et ses dômes et ses antennes. Le Pic aujourd’hui est bien là, comme les montagnards, et les astronomes du monde entier qui viennent, comme les curieux d’aventures universelles, visiter ce site unique au plus près des étoiles.

Ce numéro en témoigne. Le bilan est éloquent et on va découvrir, au fil des pages, la diversité, la richesse et le développement constant de l’aventure scientifique en cours là-haut, 365 jours par an et 24 heures sur 24, sur ce sommet qui ressemble à une ville fortifiée, à une île, et parfois même à un vaisseau spatial sorti d’un film de George Lucas. Les pages qui suivent témoignent également de l’engagement des chercheurs, scientifiques d’abord, mais certainement aussi poètes et rêveurs, qui vont chercher au fin fond de l’univers, d’improbables images, l’inaccessible étoile, et d’impossibles explications. Qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Ces questions lancinantes reviennent toujours quand on aborde l’insondable.

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Photo réalisée au télescope depuis le nord du Gers.
(Photo Pierre-Paul Feyte).

Le Pic du Midi de Bigorre doit apparaître pour chacun de nous comme une base de lancement pour questionner l’univers et nos propres atomes forcément humains. Soyons philosophes et tout ira mieux. Voilà bien l’expérience que l’on peut retirer d’un séjour en ce lieu inspiré. Passer une nuit sur cette montagne protégée, sortir dans la nuit sous la voûte étoilée, suivre les astronomes amateurs et passionnés de la « Ferme des Étoiles », association gersoise, qui initient le commun des Terriens, leur apprennent à regarder, à reconnaître les constellations, à se promener sous les ciels d’été au plus loin du possible pour un regard humain, à coller l’œil sur une lunette pour apercevoir, dans l’immensité, Saturne et son anneau… Le plus grand espace qui nous soit donné d’embrasser est ici et pas ailleurs.

On a lu récemment dans la presse le décollage réussi d’Ariane 5, fusée porteuse de deux satellites de l’Agence spatiale européenne, Herschel et Planck. Ces satellites, installés sur une orbite à 1,5 million de kilomètres de la terre, sont équipés de télescopes à l’abri des perturbations causées par le rayonnement du soleil, de la terre et de la lune. Capables de fonctionner à des températures extrêmement basses, ils doivent réaliser des observations destinées à mieux comprendre l’histoire de l’univers, à observer notamment des phénomènes très lointains comme la naissance et l’évolution des premières étoiles et galaxies, il y a dix milliards d’années. Le Pic du Midi sera-t-il dépassé par les événements ? Quand j’ai posé cette question à Rémi Cabanac, le directeur scientifique de l’Observatoire du Pic du Midi, qui a été le véritable rédacteur en chef de ce numéro spécial, il a souri et m’a expliqué tranquillement que les phénomènes de concurrence n’étaient pas de mise en l’occurrence car les domaines d’investigation n’étaient pas de même nature. Les scientifiques courent ensemble vers toujours plus de compréhension et les découvertes, apportées par Herschel et Planck, loin de nos bases, comme par le télescope Bernard-Lyot au Pic du Midi, ne peuvent être que complémentaires. « Portes ouvertes sur l’avenir », notre titre de couverture, ne peut être contredit.

Ce numéro invite au rêve et à l’envie de connaissances, à la magie du lieu, mais il ne saurait oublier de rendre hommage à ceux qui ont cru au Pic du Midi de Bigorre. Les scientifiques étaient convaincus, fermement, mais les Pyrénéens avaient la volonté de faire barrage à toutes les menaces des technocrates. Et ils s’y sont employés avec tempérament. L’acte de foi est double, en la science et en ce pays unique.

Une revue comme Pyrénées ne peut continuer à exister sans l’apport amical de volontaires et d’experts. Ils sont ici réunis pour signer ce numéro spécial. Tous les scientifiques de haut niveau qui interviennent au Pic, sous l’autorité de Rémi Cabanac, architecte de ce numéro ; les élus et responsables des collectivités territoriales, François Fortassin, Jacques Brune, et le directeur de la Régie du Pic, Daniel Soucaze des Soucaze ; des passionnés enfin, envoûtés par les images du Pic et du ciel qui en fait partie : Pierre-Paul Feyte, photographe gersois qui signe les photos de couverture, Alain Robert qui a reconstitué en image de synthèse les installations du Pic pour les besoins d’un jeu de simulation d’atterrissage d’un hélicoptère au sommet et dont nous utilisons le travail. Qu’ils soient ici remerciés. Tout comme Jean-Charles Cuillandre auteur des magnifiques photos du CFHT (Canada France Hawaï Télescope)(1).

Les esprits sourcilleux objecteront que le féminin est plutôt absent de ce générique, somptueux. Pourtant, Vénus est là, star des étoiles, étoile du Berger, forcément pyrénéen, « première à éclairer la nuit », comme le chante si bien Alain Bashung qui, récemment, a rejoint les galaxies.

(1) http://www.cfht.hawaii.edu

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Image de synthèse réalisée par Alain Robert.

 Présentation des articles

UN TOUR D’HORIZON DE LA SCIENCE AU PIC, par Bernard Dupré, Directeur de l’Observatoire Midi-Pyrénées, et Rémi Cabanac, Responsable scientifique du Pic du Midi

Cet article guide le lecteur vers les différentes spécialités scientifiques présentes au sommet et qui font l’objet de présentations développées tout au long du numéro spécial par les acteurs scientifiques eux-mêmes.

« Le Pic du Midi reste une station d’observation de tout premier plan dont le rayonnement national et international est reconnu, notent les auteurs. L’OMP permet le fonctionnement de services d’observation nationaux et le développement de nouvelles idées et projets en sciences de l’univers, de l’environnement et de la vie, ayant toute leur place au sein de la structure nationale. Cette mission spécifique en recherche fondamentale est reconnue et soutenue en tant que telle par l’État. Elle laisse cependant de la place à l’émergence de nouveaux partenaires, politiques et économiques. C’est cet ensemble cohérent qui permet d’affirmer, plus que jamais aujourd’hui, que le Pic du Midi à sa place dans la construction de notre futur ».

LE PIC À LA CROISÉE DES SCIENCES, par Emmanuel Davoust, astronome, Observatoire Midi-Pyrénées

Météorologie et climatologie, botanique, physique atmosphérique, électricité atmosphérique, ciel nocturne et lumière zodiacale, composition de l’atmosphère, rayons cosmiques : Emmanuel Davoust passe en revue ces différentes disciplines et raconte ainsi l’histoire de la science au Pic du Midi.

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Le Pic du Midi vers 1905.
(Photo Lucien Rudaux).

« À l’ère spatiale, écrit-il, le Pic du Midi a perdu une partie de son attrait de site en altitude pour de nombreuses sciences. La mutualisation internationale des moyens matériels et humains pour construire de très grands équipements astronomiques pourrait rendre obsolètes ses télescopes. Ce n’est pas le cas, parce que le télescope Bernard Lyot trouve maintenant sa place dans le réseau mondial par sa spécialisation en spectro-polarimétrie, et le site conserve son excellence pour l’astronomie solaire. Quant à la physique atmosphérique, elle bénéficie d’une plateforme à la charnière entre le sol et l’espace pour des mesures de longue haleine ».

LE PIC DU MIDI EST AUSSI UN HAUT LIEU DE LA GÉOLOGIE PYRÉNÉENNE, par Joachim Deramond, Professeur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, et Nicole Guerrero, ingénieur au LMTG

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Face E du Pic du Midi ; formations géologiques du Dévonien (calcaires et "barégiennes"). La partie sommitale est constituée de pélites qui reposent sur les formations précédentes par l’intermédiaire d’une faille de chevauchement.
(Photo B. Dupré).

« La situation du Pic du Midi ainsi que son altitude en font un magnifique belvédère : en effet nulle part sur le versant nord des Pyrénées, on ne trouve un si haut relief aussi proche de la plaine. Lorsque l’on a la chance de s’installer par beau temps sur les terrasses du Pic, le prodigieux tour d’horizon que l’on peut faire permet d’avoir une synthèse de la morphologie et de la géologie des Pyrénées, les deux facteurs n’étant pas indépendants l’un de l’autre.
En effet, c’est la nature des roches et leur structuration au cours de la formation, dans les temps géologiques, de deux chaînes de montagnes qui se superposent et qui seront finalement modelées par les fleuves, les rivières et les glaciers qui sont à l’origine de cette position si particulière, qui fait de ce sommet un haut lieu de l’aventure scientifique. Le Pic du Midi de Bigorre n’est pas seulement un magnifique poste d’observations astronomiques, il peut être également considéré comme un lieu d’observation géologique remarquable, à la fois par le point de vue qu’il offre sur l’ensemble de la chaîne du Sud au Nord et par les roches qui le constituent et qui affleurent tout autour… »

Ainsi commence cet article qui nous propose une approche originale et très claire de la géologie de nos montagnes, terrains, plis, bosses, mouvements… Ces explications sont fondamentales et utiles pour tous les pyrénéistes. Et l’on comprend aussi que la mythologie n’est pas absente de la présentation des scientifiques. La légende de la belle Pyrène n’est pas étrangère aux réalités géologiques du Pic.

LA PLATEFORME TECHNIQUE DU PIC ET SES GRANDES HEURES, par Rémi Cabanac, responsable scientifique du Pic du Midi, et Jean-Marc Abbadie, responsable des services techniques et sécuritaires

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Déneigement de la coupole tourelle (LJR).
(Photo Plateforme).

Mécaniciens, électriciens, informaticiens, électroniciens, logiciens etc. Sans l’appui permanent d’une équipe de spécialistes, les scientifiques ne pourraient pas travailler au Pic du Midi, et le grand public ne pourrait pas monter là-haut en toute sécurité. Ils sont dans la coulisse mais sans eux, il faudrait sans doute fermer le site. L’hommage qui leur est rendu permet de mesurer la cohésion, la sûreté et l’efficacité de cette équipe.

OZONE ET POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE AU PIC DU MIDI, par Gilles Athier, ingénieur de recherche CNRS, Laboratoire d’aérologie, Observatoire Midi-Pyrénées

La station d’observation du Pic du Midi occupe une place très importante dans le réseau MERA (Mesure des retombées atmosphériques. Idéalement placée à mi-chemin entre mer et océan et d’une altitude suffisamment élevée pour s’affranchir, au moins en partie des phénomènes de couche limite, la station du Pic du Midi, la plus haute station de mesure de France, est la plus représentative de la troposphère libre et donc la mieux placée pour la mesure de la pollution de fond. Sont mesurés actuellement principalement l’ozone, le monoxyde de carbone, ainsi que les principaux paramètres météorologiques essentiels à la compréhension des phénomènes chimiques : température, pression, humidité, rayonnement global, vitesse et direction du vent.

UN RADAR MÉTÉOROLOGIQUE À 2887 M D’ALTITUDE : LE RADAR PYRÉNÉES, par Henri Sauvageot, Frédéric Mesnard, enseignants-chercheurs à l’Observatoire Midi Pyrénées, Laboratoire d’aérologie, et Olivier Pujol, enseignant-chercheur à l’Université de Lille 1, Laboratoire d’optique atmosphérique

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Représentation approximative en projection sur un plan horizontal du domaine théoriquement observable par un radar situé sur la plate-forme de l’Observatoire du Pic du Midi (grands cercles labellisés 200,400 et 550 km) et les aires observées par le réseau de radars météorologiques ARAMIS de Météo-France (cercles rouges de 100 km de rayon) et par le réseau de radars météorologiques espagnols (cercles verts).

L’intérêt d’un radar météorologique installé à 2887 m d’altitude, par rapport à un radar de plaine, handicapé par la rotondité de la terre, c’est que l’horizon géométrique est repoussé à plus de 240 km de distance radiale, ce qui lui permet d’étendre son champ d’observation jusqu’à environ 500 km de distance. Le radar Pyrénées est un projet porté par des objectifs d’étude et de recherche.

« L’excellence de la plate forme du Pic du Midi, notent les spécialistes du laboratoire d’aérologie, pour les activités utilisant la partie micro-onde du spectre des fréquences électromagnétiques n’est plus à démontrer. La présence au sommet des installations, parmi d’autres, de Télédiffusion de France, de France Télécom, motivée par des applications à longue distance, en est l’illustration. L’utilité de développer sur ce site des expérimentations relatives à l’observation des champs atmosphériques d’intérêt météorologique semble une évidence, de même que le caractère structurant de telles installations pour l’espace pyrénéen franco-espagnol ».

OBSERVATION DE PHÉNOMÈNES LUMINEUX TRANSITOIRES (TLE) AU PIC DU MIDI, par Serge Soula, enseignant-chercheur, Université de Toulouse, CNRS et Laboratoire d’aérologie

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Shéma des différents TLE (elve, sprite, jet) et de leur situation en fonction de l’altitude au-dessus de l’orage qui peut les produire.

Ces phénomènes lumineux transitoires (TLE en anglais) sont comme des éclairs d’un genre particulier qui se produisent non pas sous et dans les nuages orageux mais au dessus. Des témoignages de pilotes d’avion en ont fait état avant que les chercheurs, américains tout d’abord, se mettent à étudier ces décharges électriques spectaculaires . Dans les années 90, des caméras ont été d’abord embarquées sur des navettes spatiales, puis sur des avions et enfin installées au sol. Les images obtenues, d’abord en noir et blanc puis en couleur, ont permis de constater que ces phénomènes lumineux pouvaient avoir des formes très diverses et être composés de plusieurs éléments de couleur rouge. Un nom leur a été donné, sprite (en anglais) pour évoquer le fait qu’ils disparaissent lorsqu’on leur prête attention, tout comme les personnages mythologiques du même nom. En français, même si le nom de sylphe (« génie de l’air ») a été adopté, c’est le terme sprite qui est couramment utilisé par les scientifiques. Depuis ces premières observations, plusieurs types de phénomènes ont été identifiés et classés dans la famille des phénomènes lumineux transitoires.

C’est au Pic du Midi que la première campagne d’observation de TLE a été conduite en France, pendant l’été 2000. Depuis, les observations continuent au sein d’un réseau européen, dont fait partie la station de l’OMP, et permet aux chercheurs de mieux comprendre la physique de ces phénomènes, leur fréquence et leur rôle au sein de l’environnement terrestre.

Pour en savoir plus sur les sprites et les TLE : voir le site

PIRÈNE : CRÉATION D’UNE RÉSERVE DE CIEL ÉTOILÉ AU PIC DU MIDI, par François Colas, astronome, Observatoire de Paris, Président de l’association Pirène

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Les lumières de la ville contre celles des étoiles.
(Photo D.R.).

Passionnésd ’astronomie et amoureux du Pic du Midi se sont regroupés au sein de l’Association PIRÉNE (PIc du Midi RÉserve Nuits Étoilés) pour mettre en place les changements nécessaires à la création d’une Réserve Internationale de Ciel Étoile au Pic du Midi. L’objectif est de préserver la qualité du ciel étoilé autour du site, élément essentiel pour pérenniser les activités de recherche et d’éducation effectuées à la station d’observation du Pic du Midi.

En protégeant son environnement nocturne et son patrimoine céleste, cette réserve permettra également à tous les habitants de la région de profiter et d’admirer quotidiennement la beauté des paysages de nuit.

Le lancement officiel de la réserve internationale de ciel étoilé au Pic du Midi a eu lieu le 11 juin dernier au sommet. Hubert Reeves est le parrain, du projet.

TÉLESCOPE BERNARD LYOT : OBSERVATOIRE DU MAGNÉTISME STELLAIRE, par Rémi Cabanac, astronome, directeur du TBL

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Installation du polarimètre de Varval au foyer du télescope.
(Photo Françis Lacassagne).

Le Télescope Bernard Lyot (qu’on appelle le TBL) est, au même titre que l’antenne TDF, un emblème du sommet, la coupole se voit à l’œil nu depuis la plaine avec sa tour de 28m de haut pour 14m de diamètre. C’est le plus grand télescope du domaine visible sur le sol français (2m de diamètre). Construit à la fin des années soixante-dix, il a été utilisé jusqu’au début des années 2000 comme télescope généraliste, offrant une variété d’instruments à une communauté large, en imagerie visible-infrarouge, photométrie rapide, polarimétrie et spectroscopie multi-objet. L’ère des télescopes géants (8m, 10m et bientôt 20-40m) a imposé une rationalisation salutaire de la fonction du TBL.

S’appuyant sur l’expertise et la tradition des astronomes instrumentalistes spécialisés en polarimétrie (Leroy, Semel, Donati) et des équipes techniques des laboratoires de la région Midi-Pyrénées, le TBL a démarré une nouvelle vie en développant une instrumentation unique au niveau international avec ESPaDOnS au Télescope Canada-France-Hawaï et Narval au TBL, permettant de mesurer la polarisation de spectres à très haute résolution. Avec Narval, le TBL occupe une niche scientifique de tout premier plan au niveau international qui lui donne une nouvelle vie pour les années à venir : l’étude du magnétisme des étoiles.

L’OBSERVATION DU SOLEIL AU PIC DU MIDI : 11 ANS APRÈS, par Jean-Clair Noens, Raphael Jimenez et les Observateurs associés, Service d’observation de la couronne solaire, OMP

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CLIMSO dans la coupole des coronographes.
(Photo Les Observateurs Associés, Observatoire Midi Pyrénées).

Le Pic du Midi a eu pendant plusieurs décennies un rôle de premier plan pour l’étude du Soleil. La stabilité remarquable des couches atmosphériques locales, associée à la pureté bien connue du ciel pyrénéen de haute altitude, a été exploitée par plusieurs générations de physiciens solaires qui y ont développé des techniques d’observation performantes. Le parc des instruments, souvent de conception très innovante, a pu être rénové au fil des années, et au gré des budgets, permettant au Pic de rester dans la course des grands observatoires solaires. Le nombre et la qualité des images et des mesures obtenues ont contribué de manière significative à une meilleure connaissance de l’étoile Soleil. Des instruments spécialisés y sont développés aujourd’hui encore, aussi bien pour l’étude de la surface solaire avec une très grande résolution angulaire, que pour la détection de la haute atmosphère solaire, la couronne, avec un très faible taux de lumière diffusée. Loin de constituer une menace pour l’avenir des observations au sol, les expériences spatiales actuelles, qui échappent au filtre déformant de l’atmosphère terrestre, constituent un intérêt majeur pour l’étude de notre étoile et nous relancent sans cesse vers de nouveaux programmes d’observation, coordonnés à l’échelle internationale. Un même phénomène solaire pourra d’autant mieux être étudié s’il a été « vu » et « mesuré » par une batterie d’instruments, aussi bien au sol que dans l’espace.

Au Pic, les instruments solaires sont installés dans deux coupoles distinctes, dans la partie la plus à l’est de l’Observatoire : la lunette Jean Rösch qui a acquis une solide réputation pour l’étude fine de la surface solaire et la nouvelle coupole des coronographes, construite en 1997-1998, dans laquelle est installé depuis 2007 le tout nouvel imageur solaire CLIMSO pour l’étude à grand champ de la haute atmosphère solaire.

RECHERCHES À LA LUNETTE JEAN RÖSCH, par Thierry Roudier , chercheur CNRS/OMP

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Caméra CALAS et son optique de transfert.
(Photo Thierry Roudier).

Le soleil est la seule étoile dont la proximité permet une étude fine de son atmosphère mais aussi indirectement via les oscillations la connaissance de son intérieur. Les travaux à la LJR sont essentiellement concentrés sur l’étude des 10000 premiers kilomètres qui comprennent la photosphère de 0 à 500 km et la chromosphère de 500 à environ 10000 km. Les mouvements du plasma ionisé solaire (particules chargées) engendrent la génération de courants électriques et de champs magnétiques à diverses échelles qui constituent l’activité solaire. Les structures magnétiques ont une taille de quelques kilomètres (tubes de flux) jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres, les taches solaires. Depuis la LJR, on peut observer des détails de l’ordre de 200 km proches de la dimension des tubes de flux magnétiques.

LE TÉLESCOPE DE 60 CM DE DIAMÈTRE (T 60) ET LES ASTRONOMES AMATEURS, par Arnaud Leroy, président de l’Association T60, et Stéphane Fauvaud, Association T60 et membre du Groupe européen d’observations stellaires (GEOS)

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Étoiles en formation à des milliards de kilomètres.
Nous reproduisons cette photo avec l’aimable autorisation de son auteur, Jean-Charles Cuillandre, du CFHT (Canada-France-Hawaï Télescope).

Les astronomes amateurs ont toute leur place au Pic du Midi de Bigorre. Ils travaiellent en étroite collaboration avec les scientifiques et apportent une contribution très importante à des programmes professionnels. Au T 60, ils travaillent notamment à l’étude des étoiles Be et à celle des astéroïdes.

Sites internet T60 :

- ASSOCIATION T60
- ARAS
- BEHRENDR., observatoire de Genève
- BUILC.
- COLASF. - observatoire de Paris, station de planétologie des Pyrénées,
- CoRoT
- DAUVERGNEJ.-L.
- DESNOUXV.
- FRAPPAE.
- SALLEZA.
- VAISSIÈREF.

LES OA DU PIC DU MIDI DE BIGORRE, par Serge Rochain, observateur associé

Non, les OA (Observateurs Associés) ne sont pas une espèce d’oiseaux d’altitude bien qu’ils fréquentent les mêmes cimes que choucas et autres gypaètes barbus. Ce ne sont que des femmes et des hommes auxquels poussent des ailes dès qu’il s’agit de gagner le sommet pour observer la couronne solaire. De toutes origines géographiques et professionnelles, au jour et à l’heure où une mission d’observation leur a été confiée, cette soixantaine de bénévoles accourt de Mulhouse, Brest, Paris, ou tout simplement de Tarbes ou Bagnères-de-Bigorre pour rejoindre la coupole abritant l’instrument CLIMSO et avant cela, depuis plus de quinze ans maintenant, pour prendre les commandes de l’instrument H-ACO. Histoires de passion.

LES ÉTOILES ET LA MAGIE À LA PORTÉE DE TOUS, par Daniel Soucaze des Soucaze, directeur de la Régie du Syndicat mixte pour la valorisation du Pic du Midi

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La maquette dans l’espace muséographique au sommet du Pic.
(Photo N. Strippe).

Pyrénéen de naissance, le Directeur de la Régie raconte l’autre face du Pic du Midi, les dizaines des quelque 130 000 touristes qui fréquentent à longueur d’année ce site exceptionnel, les questions d’intendance, de transport, d’organisation. Il est capitaine de vaisseau car sans la Régie et toute la logistique qu’elle met en œuvre, le Pic ne serait renvoyé qu’à sa seule condition montagnarde. Non seulement l’intendance suit, mais très certainement, elle précède…

UN PHARE POUR LE TOURISME PYRÉNÉEN, par Jacques Brune, Conseiller général de Campan, président d’Hautes-Pyrénées Tourisme Environnement, vice-président du Syndicat mixte du Pic du Midi

« Le Pic du Midi est aujourd’hui devenu Grand Site de Midi-Pyrénées avec
vocation à devenir un enjeu majeur du développement touristique départemental et une porte d’entrée vers d’autres sites, vallées et découvertes », affirme avec chiffres à l’appui le président Brune.

CONFIANCE,COURAGE, CRÉATIVITÉ, FASCINATION, par François Fortassin, Président du Syndicat Mixte du Pic du Midi, Sénateur des Hautes-Pyrénées, Vice-Président du Conseil général

La conclusion de ce numéro spécial qui réunit scientifiques et acteurs territoriaux est tirée par le Président Fortassin qui signe avec lyrisme un véritable acte de foi sans oublier de rappeler à ses devoirs « l’autorité tutélaire nationale et financière ».

« Le Pic, écrit-il, vit grâce au courage des hommes, courage des scientifiques, des entreprises, de la direction et des personnels du syndicat mixte, des astronomes amateurs et des élus qui, toutes sensibilités confondues, ont fait le pari de refuser la fermeture du site et la funeste perspective de voir ce lieu mythique et emblématique des Pyrénées sombrer dans l’oubli, la ruine et la rouille. Ils ont accepté un « déficit utile » qui est le prix du succès.
Ce courage et un attachement passionnel et viscéral animent tous ceux qui assurent
pendant toute l’année la vie de cette arche des étoiles ancrée au sommet du Pic du Midi de Bigorre ».

À LIRE AUSSI :

- Nos auteurs : Florian Jacqueminet, Françoise Besson, Stephan Carbonnaux, Marcel Perrès, Georges Saint-Clair.
- Du côté de l’Association des Amis du Musée Pyrénéen de Lourdes.
- Les chroniques : Patrimoine Mondial menacé ? Russell sur les écrans. Et toute l’actualité des Pyrénées : Transport, Tourisme, Patrimoine, Religion, Culture, Sports d’hiver, Montagne, Parc National etc.






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