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Carnet N° 1 (1915 - 1924)
Carnet N° 1 (1915 - 1924)
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(Année 1915)
Étant à Arbas. Durée de l’ascension : 2h30.
Aller droit vers la cascade, en marchant sur un chemin carrossable, au fond de la vallée, entre le Rocher et Pelo Nero. À 1 kilomètre environ, sur la droite, on voit quelques maisons. Il faut arriver à ces maisons et, pour cela, monter une prairie. À la première, on trouve un sentier muletier. Pour ne pas se perdre aux embranchements, il faut regarder la plus haute, qui est aussi la plus grande. Arrivé à cette maison, il n’y a plus qu’un seul sentier, qui est presque en haut de la montagne, mais horizontal. Le suivre jusqu’à ce qu’un ruisseau le coupe. Remonter le cours de ce ruisseau, jusqu’au sommet de la montagne. De là, on aperçoit Pelo Nero sur la gauche. Suivre un chemin creux qui longe la crête et prendre l’un des nombreux sentiers qui mènent au fond du vallon. Avant de s’engager dans la forêt, bien regarder Pelo Nero. Il faut prendre comme objectif un col. Arrivé au fond du vallon, on franchit plusieurs petits torrents. Il faut dès lors monter à pic. L’ascension est fatigante et assez dangereuse vers le haut. Si l’on veut atteindre le point culminant (1373 mètres), longer la crête.
L’ascension peut aussi s’effectuer plus simplement, en partant de Chein-Dessus.
(NDLR : Pas de date)
Durée de l’ascension : 1h30. Deux chemins : par le sentier ou par le câble. Le sentier est préférable.
On prend ce sentier au bout du village. Il s’élève rapidement et passe dans le col (il passe du côté opposé à la face du Rocher). Il mène à une usine d’exploitation de bois qui est abandonnée. À partir de ce point, il n’y a plus de sentier ; il faut monter en restant dans le creux du col. On aperçoit bientôt, sur la droite, le sommet du Rocher que l’on aborde comme l’on veut.
Il est préférable d’arriver en haut du col jusqu’à ce que l’on voie le Rocher de profil (côté plat). Dès lors, on n’a que cinq minutes d’ascension pour arriver en haut du Rocher qui est formé d’un chaos de grosses roches sans végétation.
Du haut, on a une vue splendide, un peu moins étendue que celle de Pelo Nero. La vue sur les Pyrénées est bornée par des pics voisins, mais la plaine de la Garonne se voit entièrement jusqu’à Toulouse (à 90 kilomètres). Pour la descente, deux itinéraires : celui de la montée ou bien descendre par la cascade que l’on voit dans le fond de la vallée. Si l’on a le temps, ne pas manquer de visiter la grotte qui se trouve en bas du Rocher proprement dit.
En arrivant devant la grotte, on aperçoit un pilier naturel, qui divise la grotte en parties. Si l’on entre à gauche, la grotte est immense, très profonde, il y a des ruisseaux souterrains (stalactites, stalagmites). Il est dangereux d’y aller seul. Si on entre à droite, la grotte est moins spacieuse, c’est un grand couloir.
(Année 1915)
Je pars de Saint-Martory à 5h20. J’arrive à Arbas à 7h20. Je n’ai aucune indication. Le temps est très clair. Je prends le sentier de Pène Nère, je laisse ce dernier sur la droite et je passe au-dessus de la cascade, dans une partie déboisée par les charbonniers. Je monte toujours et j’arrive au sommet du Touech, d’où j’aperçois le Cornudère, le Paloumère, le Cagire, le pic du Gar et les Hautes-Pyrénées ; je descends vers le Paloumère. À gauche, les montagnes se relèvent pour tomber à pic sur le col de Portet. À droite se trouve la vallée du Job et le Paloumère. Je remarque quelques troupeaux de moutons, de bœufs et quelques chevaux. J’arpente pendant une heure les pâturages très humides, puis je commence l’ascension du Paloumère, que je gravis par un couloir d’avalanches. Je suis au sommet à 10h20. A 11h30, je commence la descente. Les nuages s’engouffrent dans le col, le temps se couvre. Arrivé au bas du col de Paloumère, je me perds dans la forêt que j’avais écornée à l’aller. Je reviens à la lisière ; le brouillard est très épais, on ne voit plus aucun sommet. Je suis transi de froid par le vent et la pluie ; je suis très inquiet, j’essaye de me reconnaître, et je me rends compte que je suis perdu. Je sais qu’il n’y a personne à 5 kilomètres à la ronde. J’attache mon mouchoir à un grand chardon et je pars en reconnaissance avec l’intention de revenir au mouchoir, si je ne trouve pas mon chemin.
Le brouillard s’épaissit encore ; mes lorgnons sont ruisselants, je n’y vois pas à dix pas ; je ne retrouve plus de mouchoir ! Je sens alors un isolement ; je suis dans une tempête, au milieu de montagnes sauvages et désertes ; j’ai la perspective de passer une nuit dans ces conditions, sans une miette de pain, et j’ai déjà faim ! Puis je pense au désespoir de mes parents, me croyant mort ou perdu. Pendant que je faisais ces réflexions, j’entendis les cloches d’un troupeau. Je me relevai, dans l’espoir de trouver un pâtre. J’entendis, en effet, un homme qui rassemblait ses moutons. Je lui criai que j’étais perdu, mais j’étais dans le vent, il ne m’entendit pas. Je l’appelai alors avec une corne que j’avais emportée. Il m’entendit, et je pus le rejoindre. Je lui demandai de me ramener à Arbas ; il n’eût à m’accompagner que jusqu’au Touech où le brouillard était dissipé. Je jetai alors un dernier regard sur le Paloumère et sur le trajet que j’avais fait dans la journée. Puis, je descendis à Arbas à 4h20 et je rentrai à Saint-Martory avec la pluie sur le dos.
(NDLR : Aucune précision d’année et de date ; sans doute en 1915)
Je pars de Saint-Martory à 4 heures du soir, j’arrive à Juzet à 7 heures. Je dîne et je couche au « Café-restaurant de Cagire ». Je passe une mauvaise nuit. Le lendemain, à 6 heures, je me lève et pars pour le Cagire. À 7 heures, je suis de retour à l’auberge, je n’ai pas pu traverser la forêt ; je cherche un guide, on m’en cherche un, qui arrive à 8 heures. Nous traversons la forêt à droite du sillon et nous arrivons à la cabane à 10 heures. Nous y trouvons deux bergers qui nous font boire du lait de chèvre. Nous attaquons le pâturage à pic, droit entre Cagire et Pique-Poque. Pas de sentier, herbe glissante ; il fait très chaud ; 2 heures, arrivée sur la crête ; 12h30, sommet du Cagire (1912 mètres). Descente par la Fontaine de Plaède ; arrivée à Juzet à 16h15. Saint-Martory à 18h30.
Nota : la descente par Plaède, quoique plus longue, s’impose à cause de la raideur des pentes qui regardent Juzet.
(1914 - 1916 - 1917 - 1918 - 1919)
Rocher d’Arbas (1096 mètres)
(Note de Gilberte Casteret : Pas de date, mais probablement l’été 1921)
Troisième fois. Paul, Roger, Martial
Départ de Saint-Martory à 6h15 (temps couvert). Arbas à 8 heures. On pose les vélos et on remonte le cours de l’Arbas. Les nuages, fort bas, cachent le Rocher.
Quand nous supposons que nous sommes sous le Rocher, nous montons une prairie en haut de laquelle commence la forêt. À cette lisière, nous trouvons un chemin (est-ouest) que nous remontons vers la droite jusqu’à un endroit où débouche un ravinement (glissière d’arbres) qui semble monter à pic vers le Rocher. Ascension très raide et pénible dans le brouillard. Plus haut, ce ravinement s’atténue et se confond avec le reste de la forêt. Nous nous efforçons de gravir toujours en ligne droite, la forêt s’éclaircit un peu.
Nous montons sur un dos d’âne herbeux et, à 11heures, on arrive enfin à un rocher isolé et à la fin de la forêt et de la montée. Malgré le brouillard, nous devinons, à 100 mètres à gauche, le Rocher d’Arbas que nous gravissons pour y déjeuner à 11h30. Aussitôt après, je descends avec Martial sous le Rocher, pour y chercher la grotte, but de notre excursion. Les dalles, à inclinaison folle, et rendues très glissantes par le brouillard qui mouille tout, nous arrêtent, et nous remontons rejoindre Paul et Roger pour redescendre aussitôt, mais cette fois-ci par le versant sud (col). Partis du sommet à 12h30 ; la descente, longue mais facile, nous amène à Arbas à 14h30, d’où nous partons à 15h20 ; arrivons à Saint-Martory (casse-croûte à Montgaillard) à 17h30.
Les montagnes, invisibles tout le jour, se sont démasquées vers 17 heures.
(1921)
Familles Godin et Dufour, Roger Marrast.
De Salies à Arbas : autobus. Saint-Martory, 7h07, Boussens, Salies.
Nous commençons l’ascension à 10 heures, par le chemin habituel de Pène Nère.
À 12 heures, nous apparaissons au-delà du Cap del Tor, à la prairie « de la bassine », où nous rencontrons deux femmes de Chein-Dessus qui vont ravitailler les bergers de Paloumère. A 13h30, nous sommes à la « source de l’Arbas », sur le flanc nord du Touech, et à quelques mètres du col de la Husse. À 15h20, nous repartons et, passant le col de la Husse (1237 mètres), nous dévalons à travers une forêt de hêtres splendides jusqu’à Milhas (vallée du Job) et, de là, à Aspet par la vallée du Ger où nous arrivons à 18 heures. L’unique train étant parti depuis deux heures, nous dînons et couchons chez Bastarèche.
Le lendemain, par le petit train d’Aspet et celui de Toulouse, nous sommes à Saint-Martory à 9 heures du matin. La distance couverte, quoique difficile à évaluer, approche les 20 kilomètres. Visibilité bonne, sans être parfaite (vue, à l’œil nu, sur la Sablière, le château, Paillon, etc...) Minerai de cuivre avant le Cap del Tor. Minerai de fer à peu de distance, avant Milhas, sur le bord du Job.