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n° 235

N° 235 – Juillet 2008 – Bulletin pyrénéen n° 477


Flaubert aux Pyrénées
Les carnets de Casteret, 3e partie
Éclairage sur les glaciers rocheux


 

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Couverture : Gavarnie par Omer Bouchery, aquarelle, 1956. (Photo D.R.)

 

Ce nouveau numéro de Pyrénées, disponible depuis le début juillet, présente en couverture une aquarelle signée Omer Bouchery, datée de 1956. Il s’agit d’une représentation presque bucolique du Cirque de Gavarnie, réalisée par ce plasticien lillois, pour illustrer, en 1957, une nouvelle édition (chez Henri Colas) du texte de Flaubert consacré aux Pyrénées, à la Provence, et à la Corse.

Au dos de ce numéro, une photo de Gérard Raynaud montre le Létious, vu de l’estive de Luz. Cette illustration répond à la rubrique intitulée « Mes Pyrénées sauvages » dans laquelle Romain Bourbon raconte ses explorations au Pic de Létious, au Pic de Cumadières, au Soum de Marraut et au Pic de Maucapéra.

 Sommaire

226 Éditorial par Pierre-Marie Cortella
229 Le voyage pyrénéen de gustave flaubert par Jean-Pierre Thomas
247 L’âpre et poétique parcours de Norbert Casteret vers les sources de la Garonne,
3e Partie, Année 1930 par Norbert Casteret
261 Mes pyrénées sauvages : Pic de Létious (2 589 m) ; Pic de Cumiadères (2 623 m) ; Soum de Marraut (2 702 m) ; Pic de Maucapéra (2 709 m) par Romain Bourbon
267 Les glaciers rocheux des Pyrénées centrales, un patrimoine naturel à découvrir
par Thierry Feuillet et Claire Portal
281 Les eaux d’arquebusade par Olivier de Clarens
287 La place de l’Ariège dans l’histoire de l’ours des Pyrénées par Olivier de Marliave
299 Histoire sociale de l’excursionnisme catalan des origines à 1936 par Francesc Roma i Casanovas par Joseph Ribas
305 Andrée Martignon ou l’amour exclusif des Pyrénées par Nanou Saint-Lèbe
315 Bibliographie pyrénéenne : une brochure inédite sur la « folle des Pyrénées » ou « la femme nue de Montcalm » par Alain Bourneton
323 Chroniques par Gérard Raynaud

À lire aussi :
La photo et les mots, p.228
Trait d’union, p. 260

 

 Éditorial

par Pierre-Marie CORTELLA

25 000 marches

C’est l’été. L’été de toutes les joies, de toutes les sensations, de tous les dangers. Des itinéraires imaginés et rêvés, des sentiers où l’on revient, des crêtes en contre-jour, des fraîcheurs subites, des clartés crues ou aveuglantes du matin, obliques ou tombantes comme des flèches, ou des lumières apaisées des soirées en montagne… C’est l’été qui ressemble à une eau calme avant la rentrée. L’été de la Chine et des Jeux Olympiques, lointains, comme un autre monde.

Je parle de la Chine car le voyageur qui en revient, et que je suis, reste submergé par tant d’images puissantes et différentes, entre Amérique et Moyen-Âge, nature étrange et inquiétante. Cinq jours avant le tremblement de terre, j’étais dans le Sichuan, province du sud-ouest de ce pays continent. L’Himalaya et le Tibet, qui sont tout près, poussent un peu leur corne géante dans cette nature tropicale et très accidentée. Le désordre tectonique qui vient de frapper n’étonne guère les scientifiques, il nous émeut pourtant car les malheurs de l’humanité, où qu’ils soient, au siècle de la mondialisation, nous touchent plus directement que jamais. Nous sommes à douze heures du Sichuan, pays de montagnes et de fraternité, ce qui est beaucoup plus court et beaucoup plus proche qu’un Pau-Paris en diligence il y a cent cinquante ans.

Comment ne pas penser aux Pyrénées quand on est en route pour un sommet à quelque 3 000 mètres d’altitude ? Loin des soirées diapos, je viens simplement apporter ma modeste contribution au dialogue des cultures montagnardes. À l’instar des « Pyrénées Sauvages » de Romain Bourbon, que l’on retrouve avec plaisir dans ce numéro, je rends compte ici de ma randonnée sur le Mont Emei, montagne sacrée du Sichuan, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, au même titre que d’autres sites bien connus dans nos Pyrénées. Il s’agit simplement pour moi de dire que les montagnes du monde ne se ressemblent pas et qu’un 3 000 dans les Pyrénées n’a vraiment rien à voir avec un sommet du même ordre en Chine.

Sur le Mont Emei, le sommet est un lieu de culte avec un Bouddha géant en or, dominant la mer de nuages, bien moins modeste qu’une Vierge ou une croix sur un sommet de chez nous. Mais avant d’en arriver là, il a fallu marcher longtemps dans la forêt tropicale, au milieu des singes qui la peuplent. On part de 800 mètres d’altitude pour arriver à 3 077 m, ce qui n’est pas rien. Mais la différence avec des itinéraires familiers, c’est qu’il n’y a pas de sentier, mais un escalier. Pas un escalier frelaté, né des commodités du terrain et aménagé avec des pierres de hasard, non, un véritable escalier avec des pierres taillées et des marches régulières ! Entre la montée et la descente du Mont Emei, pour 2 200 mètres de dénivelé, j’ai foulé plus de 25 000 marches. Les moines bouddhistes et leur petit personnel ont réalisé cet escalier interminable qui nous renvoie, par comparaison, à la réalité de nos sentiers. Gravir un escalier sur deux étages pour gagner un bureau ou un appartement est une épreuve facile, à raison de quatre mètres par étage. Monter au deuxième étage de la Tour Eiffel est une petite performance. Au delà, je préfère une vraie marche en montagne, avec les aléas du sentier, la raideur changeante du terrain, la nécessité de regarder où l’on pose son pied, en même temps que le regard fragile alentour, plutôt que l’automatisme enregistré pour chaque pas, toujours recommencé.

Je suis ravi d’avoir gravi les escaliers du Mont Emei – mes genoux s’en souviennent – quand la grande majorité des Chinois préfèrent prendre le bus en faisant un détour de quelque cinquante kilomètres pour arriver au sommet sans fatigue. La faute est-elle plus grave que l’installation d’un téléphérique ? Je reste persuadé en tout cas, plus que jamais, que la montagne, dans ses altitudes, ne doit et ne peut être domestiquée.

Que l’éthique de l’alpinisme et du pyrénéisme ne soient pas partagée par les Chinois, on peut le comprendre, car nos mondes sont vraiment différents. Mais lorsqu’ils décident de faire passer la flamme olympique sur les pentes du toit du monde, le plus haut sommet de notre planète, qui n’appartient à personne mais à l’humanité tout entière, et dans des conditions très contestables, alors là, il y a de quoi être confondu. Car il était question d’installer 100 kilomètres de cordes fixes sur le versant tibétain de l’Everest pour permettre aux athlètes de porter la flamme en toute sécurité à de telles altitudes.

Dans un communiqué commun, le Syndicat national des guides de montagne, la Fédération française des clubs alpins et de montagne, et l’Union internationale des associations de guides de montagne ont dénoncé ce projet. « Les guides des Pyrénées sont solidaires de cette motion », a déclaré l’un d’entre eux, Guy Dotter, en faisant observer que « si l’on devait équiper le massif pyrénéen en cordes fixes du Balaïtous à l’Aneto pour faire passer la flamme, les montagnards se mobiliseraient pour empêcher une telle mascarade ». Serge Dulout, président du CAF de Tarbes, a pour sa part confié à la presse bigourdane qu’une telle opération dénaturait la montagne et son esprit. Ces prises de position nous engagent aussi.

Je témoignerai pourtant ici des efforts que font les Chinois pour éviter le pire. Ils sont un milliard trois cents millions, soit vingt fois plus que la population française et les mesures qu’ils devraient mettre en œuvre pour préserver la planète, devraient être vingt fois supérieures aux décisions inatteignables du Grenelle de l’Environnement. Il reste que sur cet escalier de douleur, sur le Mont Emei, j’ai vu cette pancarte qui nous tient un langage universel, partagé, comme si elle était plantée quelque part dans nos Pyrénées : « C’est un héritage du monde. Aimez-le ».

 

 Présentation des articles

LE VOYAGE PYRÉNÉEN DE GUSTAVE FLAUBERT, par Jean-Pierre Thomas

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La couverture de l’édition illustrée
par Omer Bouchery.
(Photo D.R.).

Jean-Pierre Thomas ne cache pas son admiration pour l’auteur de Madame Bovary. Mais c’est au jeune homme, celui qui n’était pas encore devenu l’un des écrivains majeurs de la littérature française, qu’il s’intéresse. Car Flaubert Gustave, fils du médecin-chef de l’hôtel Dieu de Rouen, n’avait que 19 ans lorsqu’il effectua ce voyage aux Pyrénées, ce genre de voyage qui s’inscrit dans l’émancipation et dont on se souvient toute sa vie. Le texte qu’il écrivit alors est connu des bibliophiles car il a fait l’objet de plusieurs éditions, mais dans les heures secrètes de l’été, il mérite bien d’être relu par tous les connaisseurs et les amoureux de nos montagnes.

À plus de cent cinquante ans de distance, Flaubert nous parle des lieux que nous aimons, de Cauterets, du Pont d’Espagne, du Lac de Gaube, de Gavarnie (il s’exclame en toute simplicité : « Jusqu’à présent, ce que j’ai vu de plus beau, c’est Gavarnie »).
Trois phrases pour mettre l’eau à la bouche : « Est-ce ma faute si ce qu’on appelle l’intéressant m’ennuie et si le curieux m’embête ? Hier, par exemple, en allant au lac d’Oo, quand mes compagnons maugréaient contre le mauvais temps, je me recréais de la pluie qui tombait dans les sapins et du brouillard qui faisait comme une mer de blancheur sur la cime des montagnes. Nous marchions dedans comme dans une onde vaporeuse, les pierres roulaient sous les pieds de nos chevaux, et bientôt le lac nous est apparu, calme et azuré comme une portion de ciel ; la cascade s’y mirait au fond, les nuages qui s’élevaient du lac, chassés par le vent, nous laissaient voir de temps en temps les sommets d’où elle tombe. »
« Ce séjour aux Pyrénées, note Jean-Pierre Thomas, constitua bien le "laboratoire expérimental de l’œuvre future" (…) Car, tout Flaubert est déjà contenu dans ce premier texte, avec son humour, sa truculence, sa gauloiserie, sa sensualité à peine refreinée, son horreur du conformisme, son esprit critique acéré, ses jugements à l’emporte-pièce, son extrême sensibilité, y compris dans l’amour de la nature, son sens de l’image, de la couleur et du goût, et plus encore ce regard décapant porté sur les hommes et les choses, tout à la fois jubilatoire et déprimant, mais si formidablement mûr chez un garçon de dix-neuf ans ».… »

OMER BOUCHERY, ILLUSTRATEUR DE FLAUBERT (1882-1962)
Un graveur lillois dans les Pyrénées,
par Monique Guiu

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Fontarabie, huile,
d’Omer Bouchery, 1956.
(Photo D.R.).

Quels documents plus appropriés, pour illustrer le voyage pyrénéen de Flaubert, que ces aquarelles, ces huiles et ces gravures signées Omer Bouchery ? Cet artiste n’était certes pas un Pyrénéen puisqu’il était de Lille, capitale du septentrion. Mais c’est lui qui avait été sollicité par l’éditeur d’art Henri Colas pour illustrer la nouvelle édition du Voyage de Flaubert aux Pyrénées, en Provence et en Corse parue en 1957.

Bouchery était un « petit maître », apprécié pour son talent de graveur et d’illustrateur. Il illustra ne trentaine de livres dont le dernier fut celui de Flaubert. Il aimait voyager et lorsqu’il lui fallut répondre à la commande de l’éditeur, il refit le parcours flaubertien avec une grande application.

En réalité, nous raconte Monique Guiu, qui n’est autre que la petite fille d’Omer Bouchery, l’illustrateur connaissait déjà les lieux, car l’homme du plat pays avait toujours été attiré par la montagne où il emmenait régulièrement sa famille en vacances. En 1928, il avait découvert avec bonheur en remontant le gave de Pau Saint-Savin et la vallée de Cauterets « sous trois semaines de pluie ininterrompue » !

En contrepoint des belles pages de Flaubert et pour accompagner les images pyrénéennes d’Omer Bouchery, Monique Guiu brosse un portrait sensible de ce grand père aimé.

L’ÂPRE ET POÉTIQUE PARCOURS DE NORBERT CASTERET VERS LES SOURCES DE LA GARONNE, 3e partie, année 1930

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La maison de Cabellud en 1928.
(Photo fonds Casteret).

Troisième volet de cette série qui en comptera quatre. Voici donc la suite du texte original, écrit au jour le jour par Norbert Casteret , lors de ses expéditions au Trou du Toro, afin de vérifier sa belle intuition sur la réalité des sources de la Garonne. Il y a toujours cette même volonté, cette ténacité, ce que Marie Casteret, l’une des filles du grand spéléologue, nomme « l’âpre et poétique parcours… ». Observations précises, quête scientifique, notations de naturaliste, plaisirs de la rencontre, joies de la montagne partagée, il est toujours aussi passionnant de mettre ses pas dans ceux de Casteret, de sa femme Elisabeth et de sa mère, fidèles compagnes d’expédition, en cet été 1930. On sent désormais que l’explorateur connaît le terrain mieux que quiconque. Il prend aussi le temps de parler du temps qu’il fait, des vipères et même des ours.

MES PYRÉNÉES SAUVAGES
Pic de Létious (2589 m), Pic de Cumiadères (2623 m), Soum de Marraut (2702 m), Pic de Maucapéra (2709 m), par Romain Bourbon et Gérard Raynaud

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Le Maucapéra sous une neige de printemps.
(Photo Philippe Carrère).

Rendez-vous au dessus de Luz pour découvrir, à l’invitation de Romain Bourbon, ces sommets successifs que l’on pourrait qualifier de « secondaires » et qui pourtant savent aussi nous enchanter.

Pour compléter ce récit découverte, Gérard Raynaud a retrouvé une archive très intéressante : il s’agit de la première ascension du Maucapéra par Alphonse Lequeutre en 1870. Les lecteurs de Pyrénées savent qui était Lequeutre ( voir l’article de Silvio Trevisan dans le n° 234). Le Maucapéra ne constitue sans doute pas sa plus grande aventure pyrénéenne , mais cette « première » est bel et bien à inscrire à son palmarès.
 

LES GLACIERS ROCHEUX DES PYRÉNÉES CENTRALES : UN PATRIMOINE NATUREL A DÉCOUVRIR, par Thierry Feuillet et Claire Portal

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Cette image 3 D de la moraine de Pombie, au pied de l’Ossau, réalisée par le Professeur André Etchelecou,
illustre explicitement le thème du glacier rocheux.

Qu’est-ce qu’un glaciers rocheux ? C’est à cette question que répondent Thierry Feuillet et Claire Portal, deux jeunes chercheurs géomorphologues de l’Université de Nantes. Ils nous font ouvrir les yeux sur un aspect de nos montagnes qui avait sans doute jusqu’à présent échappé à la plupart d’entre nous. « Cet article, expliquent nos deux auteurs, a pour but de placer les glaciers rocheux au rang qu’ils méritent, c’est-à-dire en les considérant comme des entités paysagères à haute valeur esthétique et scientifique ».

On ne manque pas de beaux exemples de glaciers rocheux dans les Pyrénées. Dans le secteur du Parc National des Pyrénées et à sa périphérie, on en dénombre une cinquantaine, dont près des deux tiers dans le massif du Néouvielle. « Les glaciers rocheux sont définis comme des langues de débris rocheux s’écoulant selon les mêmes principes qu’un vrai glacier » notent les géomorphologues (la géomorphologie étant une science qui se situe entre la géographie et la géologie et qui a pour objet l’étude des formes du relief terrestre). Selon leur état d’activité, on va distinguer trois catégories de glaciers rocheux : les actifs, les inactifs et les hérités. Les sites de Cambalès, de Pombie ou de Gréziolles illustrent ces différentes catégories.

Cet article remarquablement illustré donne à voir et à comprendre. Il donne aussi l’envie de repartir sur le terrain, en montagne, pour vérifier l’état des lieux et regarder un peu mieux ce patrimoine toujours vivant.

LES EAUX D’ARQUEBUSADE, par Olivier de Clarens

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Ramond de Carbonnières, dessin (Barèges au début du XIXe siècle), fonds Ramond.
(Coll. musée Pyrénéen de Lourdes).

L’expression est curieuse mais explicite. Les vertus des eaux de Barèges et des Eaux-Bonnes sont telles qu’elles ont permis au fil de notre histoire tourmentée et violente de soigner les grands blessés de guerre, ceux par exemple qui avaient essuyé un tir d’arquebuse, la première arme à feu utilisée chez nous dès la fin du XVe siècle.

On n’a pourtant pas attendu l’invention de l’arquebuse pour mettre en valeur les vertus thérapeutiques des eaux thermales. Olivier de Clarens remonte jusqu’à Hannibal et aux légions romaines pour évoquer cette curieuse et étonnante histoire des eaux d’arquebusade.
 
 
 

LA PLACE DE L’ARIÈGE DANS L’HISTOIRE DE L’OURS DES PYRÉNÉES, par Olivier de Marliave

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Jacques-Fidel Denjean, dit Lalo ou encore "Le tueur d’ours du Montcalm", revêtu de la peau d’un plantigrade tué en 1903.
(Photo Collection José Sainz).

C’est là, en Ariège, que tout a commencé et comme on le sait, l’actualité de l’ours est toujours très vive dans ce département. Olivier de Marliave remonte le temps et rappelle fort justement que c’est en Ariège que les plantigrades ont été les plus nombreux. Au XVIIIe siècle, les montagnes ariégeoises, du moins dans le Sabarthès, étaient infestées d’ours et de loups. Les chasseurs touchaient une prime quand un ours était abattu. Dans la zone frontalière, près de l’Andorre, on a dénombré officiellement plusieurs centaines d’ours tués aux XVIIIe et XIXe siècles. Les noms de certains traqueurs d’ours restent dans le légende et d’incroyables histoires subsistent. Celle de Philippe Rouzeau, berger de Montferrier, est ahurissante : désarmé par l’ours qui lui faisait face, il se battit contre lui à mains nues, corps à corps, et finit par l’étouffer en lui enfonçant le bras dans la gueule. Rouzeau fut blessé, bien sûr, mais récupéré vivant par les autres bergers. D’autres figures apparaissent dans ce passionnant article jusqu’à celle d’Albert 1er de Monaco venu chasser en Couserans en 1915 et 1916 : le Prince rentrera bredouille de ces deux expéditions, bien qu’il ait eu, dans le collimateur, une ourse qu’il refusa de tirer en grand seigneur naturaliste…

À partir de 1975, conclut Olivier de Marliave, aucun ours ne résidera plus de façon permanente sur le territoire de l’Ariège.
 
 
 

HISTOIRE SOCIALE DE L’EXCURSIONNISME CATALAN DES ORIGINES À 1936 par Francesc Roma i Casanovas. Présentation et dessins de Joseph Ribas

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Canigó.
(Dessin Joseph Ribas).

Pour les premiers excursionnistes catalans, note Joseph Ribas, l’objectif n’est pas la conquête des sommets mais la récupération des patrimoines, naturel, culturel et humain de leur pays, fondements de leur identité nationale. « Ce n’est pas que les pyrénéistes français fussent plus gaillards, plus hommes que les Catalans, affirme Francesc Roma i Casanovas dans son Historia social de l’excursionism catala, simplement notre excursionnisme classique était en réalité différent, sinon opposé à l’alpinisme pratiqué ailleurs, en Europe, la haute montagne n’ayant rien à offrir aux regards des premiers découvreurs de la Catalogne, désireux de connaître leur propre patrie, de la parcourir et de rechercher à travers son passé les valeurs susceptibles de construire leur futur ».

Commentaire lucide et précis de Josephe Ribas : « Le pyrénéisme serait épuisé s’il s’était réduit à l’histoire de la conquête de la montagne. Il est, à travers les évolutions des sociétés montagnardes et en chacun de nous, l’aspiration au développement économique, culturel et moral qui nous fait prendre conscience d’une identité originale associée à la nature des sites, à leur beauté et à leur sauvegarde ».
 
 

ANDRÉE MARTIGNON OU L’AMOUR EXCLUSIF DES PYRÉNÉES, par Nanou Saint-Lèbe

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Aquarelle de jeunesse.
(Fonds Martignon
BM de Pau).
(Photo N. Saint-Lèbe).

« Polonaise par mon père, je pouvais aussi bien naître au pied des Tatras. Si j’eusse grandi au pied des Dolomites, c’est d’elles que j’aurais eu la joie. Mon berceau fut posé face au monarque d’Ossau, l’original et bicéphale Pic du Midi. Son ombre envoûtante fit le reste : pyrénéenne je suis restée ».

Ainsi s’exprimait Andrée Martignon dont Nanou Saint-Lèbe brosse un portrait vivant et clair et qui donne envie de la lire ou de la relire. Andrée Martignon était écrivain et montagnarde. Écrivain et poète. Elle avait eu droit à de bonnes influences, Henry Russell, Francis Jammes, Saint-John Perse, Raymond Ritter, Joseph Peyré et tant d’autres. Un grand talent d’écriture, une vraie passion pour la montagne qu’elle parcourait avec Serge, son fils unique, Andrée Martignon a marqué de façon indélébile l’histoire du pyrénéisme.
 
 
 
 
 

BIBLIOGRAPHIE PYRÉNÉENNE : UNE BROCHURE INÉDITE SUR LA FOLLE DES PYRÉNÉES OU « LA FEMME NUE DE MONTCALM », par Alain Bourneton


« Il est bien connu, annonce d’emblée Alain Bourneton, que les hasards de la recherche bibliographique amènent de temps à autre leur lot de découvertes et d’inédits ». Nous le suivons donc dans ce qu’il faut bien appeler une enquête qui fait suite à une trouvaille sous la forme d’une brochure intitulée « La victime de l’amour conjugal » et portant en sous-titre la mention suivante : « Histoire récente d’une jeune femme trouvée entièrement nue sur les hautes montagnes du canton de Vicdessos, près du hameau de Suc situé dans les Pyrénées ». Beau fait divers, que ne renierait pas la presse à sensation, et auquel s’était déjà intéressé, en 1814, le sous-préfet de Foix M. Bascle de Lagrèze, en écrivant un article sur le sujet avant sans doute d’être repris ( ?) par l’auteur de cette brochure.

Dans cette même chronique, Alain Bourneton évoque l’œuvre de Louise Colet, écrivain du XIXe siècle, amie de Musset, de Hugo, de Flaubert aussi. L’un de ses nombreux ouvrages, « Les derniers marquis », est un livre oublié où il est abondamment question des Pyrénées. Le roman a pour cadre les Eaux-Bonnes où l’écrivain était venue prendre les eaux. Il est ici question des relations qui se nouent au cours de la saison thermale et plus particulièrement autour de la table d’hôtes. La seconde partie de cet ouvrage intitulé Deux mois au Pyrénées permet aussi de classer Louise Colet parmi les écrivains à classer sur les rayons principaux de la bibliothèque pyrénéiste.

CHRONIQUES
Échos recueillis par Gérard Raynaud, Jean Marchadier, Joseph Ribas, Jean-Paul Chaintrier, Louis Laborde-Balen

Actualités, Transports, Faits Divers, D’un versant à l’autre, Économie et Aménagement, Sports aux Pyrénées, Patrimoine et Culture, La Nature et Nous, Religion, Montagne, Spéléologie, Environnement et Milieu montagnard, Parc National, Musée Pyrénéen, Pyré-Net, Carnet, À la Une, Les Revues.







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