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CARNET N°4 (12 février 1998 – 15 octobre 2006)

CARNET N°4
(12 février 1998 – 15 octobre 2006)


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Course 482. 12 février 1998. Pas d’Azuns. La cabane de Baitch dans son écrin de neige. "Splendeur du site".
(Photo Henri Ferbos).

482ème. Pas d’Azuns. 12 février 1998. Avec Jean* et Véronique*, montons à L’Abérouat. Même ciel idéal que le 22 janvier. La traversée du bois du Braca d’Azuns est un enchantement. On y rêve de bêtes puisque les bêtes ne s’y montrent pas. La neige commence sous la cabane d’Ardinet. Sommes au Cap de la Baitch à midi et demi. On mange fort bien contre un beau bloc. Véronique* en restera là. Avec Jean*, montons au Pas d’Azuns (1873 mètres). Il monte un peu trop vite pour moi, mais la joie de le voir si vigoureux l’emporte largement sur la peine que j’ai à suivre. Du « Pas », continuons la crête vers l’est jusqu’à la cote 2038, première pointe modeste des Orgues de Camplong. Splendeur du site. Deux skieurs descendent sous le Countendé. Faute des ours et des isards, ce sont les hommes qui animent les lieux. Descente : nos petites ramasses singent mal l’élégance des skieurs. À Baitch, il y aura deux groupes et un couple d’amoureux. Il est 14h30. Descente, 15 heures. Arrêt pour se sustenter avec double bière à Bedous.

483ème. Pic du Lion. 25 février. Avec Baptiste*, Jean* et Véronique*, partons de Hèches pour Bareille à 9 heures. Grand beau froid. Il faut laisser la voiture un peu au-dessus de Bareille, vers 1100 mètres. Neige poudreuse sur un fond gelé qui tient bien. Quatre kilomètres sur route forestière très belle. Une caravane en raquettes a tracé hier jusqu’au lac. Nous n’aurons pas à chausser les nôtres. Un autre groupe nous suit. Midi 30. Long arrêt au soleil sous le grand bloc dressé qui est à droite du déversoir (rive gauche). La caravane suiveuse repart vers le col mais renonce arrivée à la première épaule. Il y a des coulées. Véronique* reste au lac, les trois mâles iront au pic. Les coulées ne sont pas bien méchantes, pourtant, là où il faudrait passer vite, je suis obligé de traîner un peu. Baptiste* aussi fatigue et parle de renoncer. Jean* fait une très belle trace. 14 heures. Belle arrivée au col.

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Course 483. 25 février 1998. Pic du Lion. Halte réparatrice au col pour Jean Ferbos et son fils Baptiste.
(Photo Henri Ferbos).

L’air vif des 2000 mètres, dans la transparence. On fait hommage de leur nom à tous les grands seigneurs, des Gourgs Blancs au Néouvielle. Curieux plaisir que de nommer ! C’est posséder en familier... Je préfère rester au col, ayant déjà fait le pic deux fois et me réservant pour la descente. Cela me donne le plaisir de voir fils et petit-fils grimper. C’est voir la belle certitude d’être un peu continué. (L’immortalité personnelle de « l’âme » est un fantasme bien inutile).
Descente facile. L’ombre nous rejoint en arrivant au lac. Tout est bien. Las ! Sur la route forestière, vers la fin, une horrible crampe des « adducteurs » dans la face interne de la jambe droite. Brusque comme un coup. (Comme au lac d’Aule). Obligé de m’arrêter et d’étendre la jambe. « Ça passe » en quelques minutes...

484ème. Vallée du Lurien. 7 mai. Mars et avril sont passés entre bronchite et mauvais temps... et impossibilités diverses. Hier, j’ai posté deux manuscrits aux éditions Verdier. Mon « acte » : je m’expose au public ; grand besoin du mouvement inverse vers le désert.
Grand beau temps. Départ du lac de Fabrèges à 9h40. Montée dans la forêt très raide mais enchantée des chants des oiseaux qui appellent à leurs amours sous le soleil... À la clairière où l’on atteint une épaule, une poule fait entendre un caquet rauque. Inquiétude et colère dans l’appel. Je n’arrive pas à la voir. C’est pourtant très proche. Suis à la hauteur de la cabane de Lurien à 11h15, mais je préfère continuer. En haut du premier grand ressaut, je provoque une panique chez les marmottes : une bonne vingtaine fuient vers le haut, sauf deux vieilles mères ou deux vieux pères qui, placides, restent devant leur trou, tantôt dressés, tantôt couchés. Je laisse sac et bâton et tente une approche rusée à petits pas, avec de longs arrêts où nous nous regardons Nous sommes à même hauteur, à environ cinquante mètres. Je fais mine de m’éloigner pour revenir vers un bloc derrière lequel je me cache. Tout cela est intense certainement autant pour l’animal-homme que pour l’animal-marmotte. Mon émotion ne doit rien à la peur, mais elle n’est pas sans crainte de les voir fuir, alors que leur crainte est de me voir approcher. Dans ces petites têtes si fines, si promptes dans le mouvement et si parfaitement immobiles dans l’attente, que fait l’absence du langage articulé ? Nul doute qu’elles aient signaux et rites qui sont langage, et intelligence sensorio-motrice d’espèce et d’individu, avec des courageuses et des timorées.
Je suis plus sensible à l’émouvant de notre ressemblance de vertébrés vivipares qu’à l’émouvant de nos différences pourtant gigantesques. Ce mouvement par lequel invinciblement je « pense » mon émotion a-t-il un équivalent dans cette animalité sans parole ? Certes, elle ne « se dit » rien, mais elle est comme moi consciente du vis-à-vis et capable de suspendre sa peur et son réflexe de fuite. Il y a là un espace, une marge, entre perception et réaction où s’active une vie psychique. Cette vie sensible n’est pas à l’espèce, mais bien à cet individu, et cela est prodigieux.
Je pense à tout cela. Une tentative pour aller doucement vers un bloc plus proche me fera voir les dos fauves puissants s’engouffrant chacun dans son trou. Cela a bien duré une heure.
Retour au sac. Je reprends la montée, bientôt dans la neige, jusqu’au deuxième grand ressaut, à l’endroit où le val de Lurien tourne d’est en sud-est. L’altimètre indique 1900. Il est 13h15. J’ai tout le plaisir d’avoir faim et nulle envie de chausser les raquettes pour monter dans cette neige lourde. « C’est assez, jouissons ». Le coin est superbe. L’estomac satisfait, je monte sans sac à un petit piton assez individualisé à l’est. Je vais voir le cheminement qui permettrait d’atteindre le pic 2603 entre Petit Lurien et Lurien. Celui-ci fait très haute montagne. Des nuages passent qui sèment la grisaille sévère comme pour faire apparaître plus éclatante encore la lumière revenue ; tout est mobile ; les coulées d’avalanche disent la fragilité du monde.

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Course 484. 7 mai 1998. Solo dans la vallée du Lurien. Photo-montage panoramique entre le Lurien et le petit Lurien.
(Photos Henri Ferbos).

Descente prudente à 15 heures. Au ressaut des marmottes, nouveau face-à-face. Retour au sac. Belle source où je « coupe » mon vin. En face, de l’autre côté du torrent, en pleine neige, une énorme marmotte, presque noire, traverse pour rentrer dans un très large trou autour duquel les traces de ses sorties précédentes dessinent une étoile !
Je vais à la cabane et y reste de 15h50 à 16h50. Plus bas, fleurs : des hépatiques bleues, mauves et blanches. Beaucoup d’autres que je ne sais pas nommer, mais la floraison est très en retard.
Nouveau concert dans la forêt. Comment les constantes spécifiques diverses avec leurs variations se mêlent sans jamais faire une cacophonie ? Un schéma ternaire domine, chaque note un peu espacée ; quand survient un appel en quatre notes, il est plus précipité et comme impatient. J’écoute longtemps. Au fond, je suis fort peu incliné au panthéisme ; la Nature ne m’intéresse pas mais chaque objet vivant dans sa singularité. Le genre, pour pouvoir nommer, mais nul besoin d’une « Nature Une » pour soutenir tout cela. Je ne vois rien derrière ces singularités surabondantes ; elles sont convaincantes par elles-mêmes.
À la voiture vers 18 heures. J’ai été absolument seul pendant neuf heures. Qui disait qu’il y avait surfréquentation de la montagne ? Le faux village de Fabrèges ne donne pas un seul montagnard !

485ème. Col du Lurien. (2342 mètres). Avec Jean*, Véronique*, Baptiste* et Charly*.

20 juin. Montons coucher à la cabane de Lurien (1697 mètres). La chaleur est encore plus lourde que les sacs. Partis de Fabrèges à 16h30, nous y sommes à 18 heures. Dans la chaleur, la forêt était silencieuse. Au-dessus, la floraison éclate ; les grandes gentianes jaunes ne sont pas encore ouvertes.
Installation confortable. Faute de gaz, on cuisine sur le petit poêle bigourdan, large et bas, qui tire bien. Le vent s’est levé. Un beau troupeau de vaches blondes (dont on ferait facilement des divinités païennes) descend vers la cabane avec un peu de fraîcheur.

21 juin. Départ 7h45. Dépassons un groupe de touristes bruyants. (La surfréquentation, c’est le dimanche). Jean* mène un peu vite à mon goût. Le refuge de la prise d’eau a été restauré. Je vois bien l’endroit où je m’étais arrêté dans le brouillard le 28 mars 1997, au début de l’étang ;
(Rencontre de trois jeunes Basques).
Au-dessus, découverte du lac qui est plus vaste que je ne pensais. C’est encore très enneigé. Montée au col par un beau défilé.
Sommes au col à 10h15. La chaleur humide épaissit l’air (il fait au moins 30 degrés +). La vue sur les pics Estibère, Tourettes, Palada est un peu grise. Les touristes arrivent, vulgaires à souhait... L’un d’eux écoute de la pub sur son transistor. Je ne peux pas m’empêcher de lui demander s’il n’en entend pas assez « en bas ». Il y a à la tête du groupe un montagnard mieux élevé. Chasseur, il nous signale que les marmottes ont fait ici disparaître les lagopèdes parce qu’elles mangent leurs œufs. Conversation sympathique. Jean ne se sent pas bien. L’estomac brouillé, sans doute un peu de fièvre. (Mal des montagnes ou paludisme ou hépatite ??) Nous n’irons pas au sommet.
Descente, 11 heures. Dans le défilé de neige, Charly* fait une chute qui aurait pu mal finir, le névé finissant au-dessus d’un trou profond où plongeait le torrent. Plus bas, vers le lac, courtes ramasses bien plaisantes. (C’est jouir d’un autre âge, à mon âge !) À 12 heures à la cabane. On repart à 13 heures. Voiture 14 heures. C’est trop vite à mon goût. Arrêt à Laruns. Jean* est bien.
À Pau, Paula* viendra dîner et nous irons ensemble à la « fête de la musique » jusqu’à 1 heure du matin.

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Course 486. 5 juillet 1998. Sestrales alta. Restauration rapide pour Henri Ferbos au-dessus des abimes de Niscle.
(Photo Pierre Fougère).

486ème. Sestrales Alta (2106 mètres). 5 juillet. Avec Pierre* et Henriette*. Partis de Laspuna (de la bonne Casa Sidora), manquons le départ de la piste et nous retrouvons à Bestué. Pauvreté superbe. Le génie populaire paysan d’habiter de tels lieux. Génie d’architecture et de mœurs. Prenons tout le temps de voir. Revenons à la piste de Plana Canal. Elle est longue (9 kilomètres) mais pas trop mauvaise. Plana Canal à 11h15. Long arrêt avant le premier sommet pour observer un couple de percnoptères qui chasse en volant très bas dans une belle combe ouverte vers l’est. Nous les voyons tantôt par en dessous, tantôt par en dessus. C’est une danse vitale libre et nécessaire. On les imagine facilement venus d’Égypte.
Sommet à 13h45, en bordant souvent les abîmes de Niscle. Nous restons une heure au sommet. Il fait très chaud, trop. Pierre souffre à la descente. Arrêt bière à Escalona. Retour à la Casa Sidora. (Nous parlons de l’amour et de nos amours... Cela me rend beaucoup trop bavard !)

Le 6, nous transportons à l’hôtel Bielsa en passant par Aïnsa. Bon déjeuner sous les arcades.

487ème. 7 juillet. Lever 6 heures. Partons pour la Punta Suelsa (2973 mètres). Depuis août 1995 où j’y étais monté en R9 (200 000 kilomètres), la piste pour le Paso de los Caballos s’est dégradée au point que la Xantia ne passe pas. Nous devons boucher des trous en empierrant. Le temps se couvre. Débusquons une petite harde de neuf isards qui fuient en montant vers une cascade. Comment les vivants sont-ils si beaux ! Arrêtons à 1900 mètres sous la petite centrale. Montons dans le brouillard qui mouille beaucoup. Arrivons au lac d’Urdiceto presque sans le voir. Bonne cabane. Un homme jeune, solitaire (de Pau) nous rejoint. Très sympathique. Un vrai montagnard. (Il a « fait » l’arête Ferbos). Le temps se lève un peu et nous voyons la Punta. Au retour au Paso, nous voyons Posets-Eristé. Descente, pluie et vent froid. Ça se lève quand nous retrouvons la voiture. C’est à elle de souffrir. La piste est décidément réservée aux 4X4 puissants.

488ème. Peña Santa Marina. 8 juillet. Retour du beau temps. Sommes vers 9 heures au village d’Ascaso. Six maisons et, au-dessus de la fontaine, un superbe cadran solaire peint. Il n’y a plus que trois habitants. On est à 915 mètres. On suit une rigole qui amène l’eau. La suivons trop loin jusqu’à un beau petit pont qui franchit un petit canyon aux belles vasques d’eau claire. Revenons sur nos pas pour monter par de belles dalles grises. Cairns. Atteignons le bord des crêtes du cirque de Janovas. Falaises aussi belles que celles de Sestrales. Au sommet, les chèvres aux cornes baroques occupent les ruines de l’Ermita. Pays royal. Y sommes vers 14 heures et y restons jusqu’à 16 heures. Descente douce sur les coussins en boules épineuses à fleurs jaunes. Retrouvons les dalles cairnées du lapiaz. Coupons à la fin directement vers Ascaso. Il fait encore anormalement chaud. La baignoire de l’hôtel de Bielsa sera luxe bien agréable.

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Course 488. 8 juillet 1998. Peña Santa Marina. Henri Ferbos pose au-dessus du cirque de Janovas.
(Photo Pierre Fougère).

9 juillet. Repos. Allons déjeuner dans une auberge à Tella.

10 juillet. Roda de Isabena. Senterada. Petit hôtel pauvre mais plein d’hommes robustes et joyeux. Une seule femme est là pour les faire rire et rêver.

489ème. Colomina. 11 juillet.

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Course 489. 11 juillet 1998. Vers le refuge Colomina. L’estany Tort n’a pas fait le plein.
(Photo Henri Ferbos).
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Course 489. 11 juillet 1998. Entre le refuge Colomina et l’estany Tort, halte rafraîchissante pour Henri Ferbos.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Très belle route. Barrage de Sallente (1770 mètres). Lacets assez raides puis pâturages jusqu’à une belle source. Commencent les rails et les tunnels... Le lac Gento est presque vide. Centrale « moderne ». Téléphérique flambant neuf. Est-ce encore la montagne ? Les lacets reprennent dans un beau granit. L’estany Tort est lui aussi aux trois-quarts vide. Enfin le refuge Colomina (2395 mètres). Il a fière allure. Hélas, il est complet. Le gardien est navré, mais il attend deux groupes. Il faudrait coucher sur un banc dans la salle à manger... Hésitation... Le pic de Mainera ne nous enthousiasme guère dans cette foule. La descente s’impose. Un bon lit ce soir à Cardos.

Le 12, à Cardos. Trop de monde aussi. (Il y a un festival de musique rock).

Le 13, retour à Pau par le col de la Bonaigua et Vielha.

Corps. 26 août. En Valgaudemar, promenade avec Jacques*, Alain* et Françoise* en partant du pont de Bourg ; beau chemin remontant la rive gauche.

490ème. Pic de Chérue. 3 septembre. Avec Jean*. Un gros orage dans la nuit à Pau. Partons tout de même sous les nuages. Le ciel se découvre vers Laruns. Quittons Fabrèges (1298 mètres) à 10 heures. Le chemin en forêt toujours aussi beau. Cabane à 11h50. Repartons à midi par le grand vallon sud pour monter à l’abri du vent. Une vingtaine d’isards, mais d’assez loin. Sommes au sommet (2195 mètres) vers 14 heures. (Souvenir du 27 décembre 1979 par grande neige, surtout du 13 octobre 1985 avec Isabelle* et Pascale*. Le pic Lavigne aussi un 11 janvier 1989 avec Jacques Harang*).
La vue sur la crête de Moundeilhs et le profil de la face nord de l’Ossau. Dans le vallon de Magnabaigt, les isards ne sont pas nombrables. Pas loin sans doute de la centaine. Malgré le vent nous restons longtemps au sommet. Descente par la croupe est et sur les deux laquets. Il fait très chaud, mais les 957 mètres de dénivelée sont bien passés. Très bonne journée.

491ème. Escurets (1440 mètres, troisième fois ?) 20 septembre. Baptiste* doit être de retour de bonne heure. Il faut un objectif modeste. Quittons Pau vers 10 heures pour le col de Marie-Blanque. Après l’abreuvoir (« Source de las Arrèques ») remontons le beau val pastoral vers la hourquette de Baygrand (1386 mètres). Arrivons au sommet par l’ouest. Il est midi. La vue au sud très belle. Au nord, la plaine est coiffée d’une nappe de pollution très dense. Étrange : quand nous étions dessous, il y a moins de deux heures, elle n’était pas visible pour nous. L’air semblait clair. Confirmation au retour. J’ai oublié le pain et les jumelles !!! Jean* s’impatiente et Baptiste* dort. Quittons le sommet à 14 heures. Bon arrêt à Louvie-Juzon.

492ème. Soum Braqué. 3 octobre. Marlier* a proposé une rencontre GUHM à Gèdre. Nous nous retrouvons une douzaine d’anciens malgré un temps détestable. Pau-Gèdre sous la pluie. Entre deux nuages très noirs, la neige sur le Maucapéra. Bonnes retrouvailles à l’hôtel des Pyrénées. Le 3, départ à 9 heures pour le plateau de Saugué. Montons à la brèche du Pourteillou. Descente sur une centaine de mètres vers un « balcon » du versant sud où la vue est prodigieuse. La lumière basse d’automne sous les nuages plus ou moins menaçants et sur les faces et les crêtes enneigées. Revenons à la brèche. On se restaure, puis départ des plus vaillants et vaillantes pour le sommet du Soum Braqué (2304 mètres). Traversée « délicate » où je suis bien content d’avoir mon piolet. Beau sommet. Descente douce. Le soir, je rentre à Pau fêter les 50 ans du docteur Bernard Nominé*. L’épreuve « gastronomique » très bien arrosée sera rude après l’épreuve montagnarde, mais le plaisir amical parfait.

493ème. Pic de la Bernatoire (2516 mètres). 15 octobre. Je prends Jean* chez lui à 8h15. Ciel de traîne, pas très clair. Au bout d’une belle route où le conducteur ne s’ennuie pas, la vieille R9 atteint le barrage d’Ossoue. Il est 10h30. On ne traverse pas le barrage, comme le dit Audoubert*, il faut passer dessous. Très beau chemin. Rencontrons avant la cabane de Lourdes deux gars de notre genre : un vieux et un jeune.
Je peine beaucoup, « anormalement », sous le col de la Bernatoire. Jambes douloureuses, tachycardie. Pourquoi ? (Il faudrait une réponse « circonstancielle » rassurante pour écarter la réponse « essentielle » inquiétante des 78 ans..). Au col, trouvons les deux compagnons. Lac magnifique. La grande face nord-ouest des deux Gabiétous est assez enneigée. Remords de cette crête entre les deux que nous n’avons pas traversée en 1936 ! (« Remords » pathologique. Dans les papiers de Jacques*, je trouve la preuve que nous y sommes allés : souche du carnet du sommet « Cumbre del Gabiétou 3033, n° 010, 6 août 1936. Je me souviens que nous mourions de soif, d’où notre hâte à redescendre pour retrouver la gourde vide placée, remplie de neige, sous un becquet d’où tombait de l’eau goutte à goutte. Résultat décevant. Je me souviens, mais je ne peux pas évoquer les sensations de mes jambes de 16 ans).
Montons tous les quatre au pic. La vue s’élargit et s’enrichit à chaque pas. Ces 180 mètres sont si beaux qu’ils sont parfaits remèdes à la sénilité. Joli sommet de schiste. « Grâce » suprême : deux têtes d’isards dépassant d’un repli herbeux. Ils nous observent. Bientôt rassurés sur nos intentions, ils pâturent et retrouvent plus bas des compagnons. Ils sont cinq jeunes ; une grosse mère vient à leur rencontre. Tout cela entre les plaques de neige au-dessus du lac. Les jeunes jouent. Ruades sur place, galops vers l’amont, retournés en galops vers l’aval. (Intensité de cette vie et de ce bonheur tout organique et sociable sans parole et sans pensée !)
Très loin on voit le Mont Perdu. Nous regardons plus à l’est qu’à l’ouest et au sud.
Descente sans peine, un peu vite. Jean* est impatient « d’en finir ». Pourquoi diable ! Retrouvons les estives basses où les colchiques sont « reines ». Ce féminin leur irait mieux que le masculin avec leur calice hésitant entre le bleu tendre et le violet vénéneux autour d’un cœur d’or. Tendresse, méchanceté et trésor de cœur caché, c’est bien le féminin... J’en rêve.
Sommes à 17 heures à la voiture. Jean* prend le volant ; j’ai donc tout loisir à regarder en descendant le Soum Braqué derrière le Soum de Sécugnat. Sans neige, ce n’est plus qu’une modeste motte d’herbe.
(Bière à Gavarnie. Le patron a envie de parler. Il évoque le comte Russell. J’évoque le guide Bernat-Salles*, rencontré à Baysselance en 1936, qui nous avait dit avoir porté, enfant, les bouteilles de champagne à la grotte Bellevue pour le comte. Le patron est un petit-fils de Bernat-Salles !)

(1998 : quatorze courses).

1999

494ème. Col d’Arrious. 6 janvier. On quitte Pau à 9h30. Caillou de Soques (1398 mètres) à 10h45. Départ. Il fait froid. Le beau sous-bois. Le vieux grand chêne. (Bénédicte*, plus tard Nancy*, mais les enfants devenus grands sont allergiques aux souvenirs des parents... Fallait pas le dire !)
Après le pont commence le verglas et une neige irrégulière qui demande assez d’attention. Vent en rafales. Sommes à la cabane vers 1h20 (1775 mètres). Cabane propre et très bien équipée. Neige plus profonde où les raquettes seraient utiles. Le rocher-quèbe d’Arrious est magnifique. (La mémoire diminue les proportions ; même pour les objets on sous-estime le passé !) Après le premier replat, quand la croûte gelée casse, on enfonce au genou. Poudreuse sur la trace. Les crêtes fument (un jeune homme à skis nous double). 14h40, au faux col (2100 ?) ; il y a encore un peu de soleil et quelques bonnes pierres plates. C’est elles qui me disent : « C’est assez, jouissons » Je laisse Jean* continuer seul jusqu’au col (2259 mètres) et au lac. Une bonne demi-heure à regarder en dégustant deux Gauloises.
Descente. Retour à la cabane à 16h30. On en repart à 16h45. Caillou de Soques à 17h30. Trop vite à mon goût. Sur le pare-brise, un mot d’Isabelle de 17h15. Ils étaient tous les quatre à Anéou. La vieille R9 est reconnaissable. Que j’aime ce geste d’amitié. Arrivé chez moi, j’en aurai un autre de Bénédicte* : une belle carte rouge. Ça fait oublier la fatigue.
J’étais parti inquiet. Depuis le 15 octobre, des tas de symptômes séniles. Ça se constate, mais il ne faut pas les écouter. On peut toujours un peu plus qu’on ne peut quand les choses et les autres aident, à condition d’aimer les choses et les autres.

495ème Arneille (1260 mètres). 27 février. Parti seul de Hèches (600 mètres) à 11h50, énergiquement. Bataille contre les ronces et les épineux. Au col de Pourassa, préfère le sous-bois de hêtres qui mène à Arneille. Trouvé seulement deux pieds d’hépatique délicate sur le calcaire moussu. Sommet à 13h45 jusqu’à 14h15. Descente prudente et contemplative. Suis à Hèches à 16 heures.
(Vu à la montée dans la glaise humide une très belle trace, étroite avec très longues griffes rapprochées, probablement un blaireau).

496ème. Le Mail (1665 mètres). 29 mars. 11h30, dernière grange d’Espioubet. Petit parking en face d’une ravine. Le sentier part vers le nord jusqu’à un abreuvoir où il tourne est-sud-est. Il se perd et se retrouve pour longer la ravine. Très beaux arbres. On remonte un pâturage qui amène à la route. (Fi !) On la suit sur cent mètres jusqu’à un virage où elle part vers l’ouest. On continue sud-est. La neige est abondante. Superbe solitude dans la hêtraie. Le sentier bien tracé monte vif sans raideur. Vers le haut, blocs de rochers. Un défilé tourne est pour déboucher sur « la cabane Couscouilla ». Les traces s’arrêtent là. Je continue dans la blancheur intacte. Solitude royale. Contourne par la gauche un très grand aven et remonte plein nord. La pente étant exposée au sud une nervure se détache presque déneigée. Je vais la suivre. Au dernier buisson de houx, je me décharge des raquettes (« modernes », elles sont neuves et fort lourdes avec des complications inutiles). Sous le houx au bord de la neige, les deux premières jonquilles et une petite fleur étoilée violette, à six pétales fins bien séparés, feuilles pointues épaisses sans nervure partant de la base et tachées de noir (?) (Sans nom, pour moi, est-ce que je les vois mieux ?).
Arrivée à la crête, superbe. Le sommet est à gauche, à l’ouest. J’y vais, bien que la faim me tenaille et la fatigue un peu aussi. Il est plus de 15 heures et je n’ai fait aucun arrêt. (Sauf arrêt photos). Resté au sommet une heure et demie. Je brasse des souvenirs qui s’inscrivent dans le paysage.

497ème. Col de Lurdé. 3 juin. Deux mois d’empêchements divers. Le travail pour « Éloge de notre vie* » ne me satisfait pas (je l’avais cru achevé !) J’éprouve le besoin profond de l’acte bête de marcher et de toucher les choses qui font paysage et un monde pour nos sens.

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Course 497. 3 juin 1999. Solo au col de Lurdé, en vallée d’Ossau. La cabane de Cambeilh et le pic de Cézy.
(Photo Henri Ferbos).

Jean* n’est pas disponible. Je pars seul. Après les Eaux-Chaudes, la petite route qui prend à gauche. Elle devient piste forestière pas trop raide. J’arrête vers 1200 mètres. J’aurais pu continuer presque jusqu’à la cabane de Cambeilh (1568 mètres). Le bord du chemin paré d’ancolies blanches et de pavots jaunes superbes, très ouverts souvent avec leur fruit provoquant. Ciel de nuages très mobiles, du blanc éclatant au noir sinistre, mais le plafond est assez haut et le vent très vif.
Bonne cabane. Piste qui se perd et se retrouve. L’arrivée à la première crête (en arrivant à la crête, un bébé marmotte fuit à quelques mètres de moi), avant la traversée du grand pierrier sous le Cézy, donne la vue sur le grand bassin d’Anouilhas où trônent Ger et Amoulat. Je monte tout se suite au premier petit piton qui domine le col de Lurdé à l’ouest. Sommet modeste, mais « sommet » quand même. De là, l’éperon du Cézy est impressionnant. Le vent me chasse. Je dois être juste à 2000. (J’ai quitté la voiture à 10h10, il est 13h40). Je descends tout de suite jusqu’à la première oulette, protégée du vent, où je reste presque deux heures.

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Course 497. 3 juin 1999. L’Ossau vu du col de Lurdé. "Tout ici joint formes, couleurs et noms".
(Photo Henri Ferbos).

Tout ici joint formes, couleurs et noms. Sommets et fleurs, on prend plaisir à nommer, parce que dans le nom formes et couleurs font « signe ». Il y aurait donc une sottise à dissocier ce qui s’unit si bien dans notre plaisir.
Ils nous condamnent au déplaisir ceux qui égarent la peinture dans la couleur sans forme ou la forme sans couleur et aboutissent à l’innommable. Le « convulsif » nous crétinise. Breton régnant sur « l’art contemporain » donne alibi à la paresse. Ici, le « convulsif » des roches et des crêtes et le brouillage des couleurs dans les caprices de la lumière se sauve de l’arbitraire par des constantes de forces telluriques et biologiques telles que le sens apparaît, pas seulement au géologue et au botaniste, mais même au regard qui s’y retrouve comme regard qui peut nommer son plaisir. La bigarrure de la carte sur l’infinie variété du paysage sauve celui-ci du n’importe quoi. Car ce n’est pas à l’absurde que nous prenons plaisir, mais à la maîtrise de l’absurde.
L’art pouvait bien transgresser l’unité harmonique « forme-couleur-nom » qui réjouit la représentation, mais, comme en toute transgression, dans un « comme si » restant dans les limites ludiques au-delà desquelles l’excès gâche tout. Désunir peut-être, mais sans rompre sous peine de tomber dans le nul et le déplaisant.
Méditations sur la nature et la peinture au col de Lurdé … Elles se prolongèrent sur d’autres réflexions très proches concernant l’érotisme. Là aussi, il s’agit d’unir et de dissocier, de transgression ludique, et de l’absurdité par excès.

Tout ça n’empêche pas de rater la piste à la descente (j’ai trop appuyé à gauche !) et d’avoir le lendemain très mal au dos.

24 juin. Réunion du GUHM à Torla. En passant le Pourtalet, je m’arrête à Formigal. Laideur.
Plus loin au-dessus de l’embalse de Lanuza, je prends le chemin du collado del Pazino. Montée directe le long de la conduite forcée jusqu’à l’ombre bienvenue d’un petit conifère (?) où je m’arrête pour déjeuner. Toute la zone est embellie d’églantiers en pleine floraison. Toutes les nuances du rose, du presque blanc au presque pourpre. Je repars vers l’est dans la Olla d’o Pazino, mais la pente devient très raide et les sables de schiste très instables. Descente. (Surprise de voir le Palas à droite de la Foratata). Après avoir retraversé vers l’ouest la susdite conduite, voulant couper une églantine je cherche mon couteau. Pas de Laguiole... Je remonte à mon arbre, brave cailloux et herbes en vain. (Suis navré, le Laguiole d’Isabelle* perdu deux fois !)
À Torla, surprise de nous trouver si nombreux. Comme toujours, la « camaraderie » m’est pénible, mais j’oublie vite mon malaise de me sentir si différent, tant ils sont chaleureux. « Ils » et « elles », car ils sont presque tous en couple. (Un célibataire est une sorte de « monstre »).

498ème. 25 juin. Vallée d’Arazas. Malgré la foule, c’est superbe. (Nous étions venus avec Guérin* en descendant par le Cotatuero et en remontant au vieux refuge Goritz avant de repartir aussitôt pour gravir la Tour de Goritz. Le lendemain, nous faisions le Mont Perdu ; troisième fois pour moi ; c’était en 1953).
Le temps de faire avec soin de belles photos, je perds le groupe... Je le crois en avant. J’arrive au cirque de Soaso. Il n’y a que des Espagnols. Je suis le seul à avoir continué. Je déjeune en « égoïste hédoniste » jouissant honteusement d’être seul. Les retrouvailles à l’hôtel n’en seront que meilleures.

499ème. Remontée du rio Ara jusqu’à la cabane del Cerbillonar et la cote 1807. Le Vignemale se drape de nuages mobiles. Vraie danse du voile.

500ème. Pas très glorieux ! Un 4X4 vient nous prendre à l’hôtel Ordesa et nous monte, le 28 juin, par Santa Ana et la cresta de Diazas, à la sierra de Las Cutas. « Miradors » très bien aménagés. C’est superbe. Au dernier je m’échappe pour gravir en courant le Mondicieto (2382 mètres). En forçant à la montée, mais en m’amusant à la descente, je rejoins le 4X4 et les amis sans les faire attendre. Ça couronne bien le séjour.
Le meilleur : un pinson des arbres observé, un lapin aperçu et une marmotte vue à cinq ou six mètres. Et toute la flore.
Mais aussi les bavardages avec Eugénie*...

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Course 501. 5 juillet 1999. Henri Ferbos sur le sentier de la cabane d’Otal.
(Photo Pierre Fougère).

501ème. Torla. 5 juillet. Bujaruelo (1338 mètres). Cabane d’Otal, 1642 mètres. (Églantiers et iris en gloire). Prenons sentier de pêcheurs le long du torrent vers une belle cascade. On s’arrête au-dessus pour déjeuner près de l’eau et de fleurs cotonneuses argentées (linaigrettes : Ériophorum Scheuchzeri) sous le soleil et agitées au vent. Sommes vers 1800 mètres. La Tendenera change de couleur à tout moment.

Le 6, visite des églises mozarabes de San Bartolomé de Gavin, Olivan, San Juan de Busa, Larrede.
(Le monde intellectuel et social qui créa tout cela ne pouvait être tout à fait mauvais...)

502ème. 7 juillet. En 4X4 jusqu’au col de Mondicieto. Miradors de la crête de Diazas et de Las Cutas. (Revoir, c’est toujours voir autre chose parce que autrement).
Collado Gordo. Descente vers Goritz et le Soaso par les clavijas. (Broches et chaînes neuves ; c’est facile mais impressionnant et nos bâtons nous embarrassent). On déjeune sous la cascade Cola de Caballo. Vers la fin de la descente, dans la hêtraie, un couple jeune nous demande notre âge. Tous nos cheveux blancs les impressionnent. C’est avec beaucoup de sympathie. On rit.

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Course 502. 7 juillet 1999. Collado Gordo. De gauche à droite, Pierre Fougère, Henriette Fougère et Henri Ferbos photographiés par un randonneur de rencontre. La superbe toile de fond est assurée par las Tres Sorores, le Cylindre, le Mont Perdu, le Soum de Ramond et la Puenta de las Olas.
(Photo DR).
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Course 502. 7 juillet 1999. Col de Mondicieto et collado Gordo. Dans la descente vers Goritz, Henri Ferbos au-dessus du canyon d’Ordessa.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Course 503. 9 juillet 1999. Mondoto. Au-dessus du canyon, Henri Ferbos et Henriette Fougère sur le sentier balisé par le jaune éclatant des érines.
(Photo Pierre Fougère).

503ème. 9 juillet. De Nérin (1300 mètres) au Mondoto (1962 mètres). Chemin bien balisé en jaune à travers le jaune éclatant des érines. Sommet admirable. Rapaces sur les parois de Niscle. Le canyon est « formidable ». Cela me paraît encore plus beau que du Sestrales. À la descente, je vais à la Caseta et vois de beaux edelweiss. Chaleur orageuse assez pénible.

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Course 504. 11 juillet 1999. Pelopin. Ciel couvert. Ce n’est pas un temps pour la photo doit se dire Henri Ferbos.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
504ème. 11 juillet. Gravissons le Pelopin (2007 mètres) en passant. Temps couvert. La Tendenera ne se dévoile que par morceaux. Allons à Panticosa où nous arrivons en pleine fête (romeria). Défilé en costume de style du moyen-âge. Foule colorée et gaie. Les enfants et les grands écoutent un « homme-orchestre », musicien saltimbanque qui leur « parle » avec guitare, harmonica et petite batterie associée par des ficelles à quatre marionnettes qui dansent au rythme de sa musique. C’est plein d’invention, c’est généreux, ça « rend heureux ». (L’hôtel Aruebo est sympathique).

505ème. Lac de Sabocos. 12 juillet. Toute honte bue, télécabine confortable à 10 heures... Allons au lac d’Asnos et au Collado del Bazuelo. Je grimpe seul au premier piton de calcaire gris au sud du col, vers la Peña Roya. C’est raide et amusant. Je « lève » un « grand corbeau ». Petit pas d’escalade pour atteindre la deuxième pointe. Je rejoins Pierre* et Henriette* au sommet du Mandilar (2211 mètres). Redescendons au lac d’Asnos. Une fille s’y baigne. Je pense à Sophie* et au lac d’Arbu. (Il commence à y avoir un peu trop de monde et l’orage menace. Descente sur Sabocos). La pluie commence quand nous arrivons à la télécabine. La chance est avec nous !

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Course 505. 12 juillet 1999. Henri Ferbos au collado del Bazuelo.
(Photo Pierre Fougère).
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Course 505. 12 juillet 1999. Le lac d’Asnos.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
506ème. 24 août. Pic de Peyrelue. (Deuxième fois. Solo). Le 23, grande déception. Je rêve trop. Pour avaler ça, il faut marcher. Nos ressources sont dans le corps. Le temps est beau. Je pense faire l’Ouradé. Après la cabane de Peyrelue, je monte sud-est. Vent du sud violent. L’Anayet est couvert de nuages d’orage. Hésitation. J’atteins l’arête qui descend du Peyrelue à la cote 2107. L’Ouradé est impressionnant ; il faudrait beaucoup redescendre dans le ravin d’Ouradé. D’un seul coup le vent, toujours aussi fort, tourne au nord-est et dégage le ciel. Mutation spectaculaire. C’est sous un grand soleil que je franchis les trois petites pointes rocheuses pour aller au Peyrelue. Pentes raides. Je monte en réglant bien ma dépense quand le cœur cogne un peu trop fort. Suis au sommet (2441 mètres) vers 15 heures. (J’ai mis cinq heures depuis le parking avec un bon arrêt ; ce n’est pas si mal).

Le 6 juin 1976 (vingt-trois ans), j’étais là avec Gina*. Souvenirs, souvenirs ! Je reste une heure et demie au sommet. Comme il y a beaucoup de troupeaux, il y a beaucoup de rapaces.
Descente à 16h30 vers le sud. Le petit col (2215) où nous étions si gais et si fous. Je le baptise « col Gina ». Revenu au chemin du Port vieux de Sallent, je suis un jeune taureau superbe qui balance des couilles somptueuses... C’est un taureau presque blanc. On pense à Nabuchodonosor métamorphosé en « taureau blanc » dans le conte de Voltaire. À voir celui-là, un jeune roi métamorphosé ne paraît pas tellement invraisemblable. Et l’amour de la belle princesse pour lui paraît assez naturel... Je rêve encore trop !

507ème. Lac d’Arlet. (Solo). 3 septembre. Départ à 7h45 sous un ciel gris. Un peu de pluie vers Gan. Je persévère. Lhers n’est pas un village tant l’habitat est dispersé. Sur la route avant la cabane de Pourcibo, un vautour posé dressé sur un bloc sous le ciel noir. Son envol est superbe. Je vais en voir une bonne dizaine. J’apprendrai au refuge qu’une jument a été foudroyée dans les parages, ce qui explique ce rassemblement.
Départ de la cabane det Caillau (1456 mètres) à 9h45, dans le brouillard. Au col de Saoubathou (1949 mètres), vers 11 heures, il se lèvera un peu avec des traînées très mobiles qui rendent le parcours sous le Pic Rouge assez impressionnant. Le chemin est magnifiquement tracé sur une roche multicolore de conglomérat. Je n’en ai vu d’aussi belle qu’à l’Anayet. On domine de 500 mètres le fond de la vallée de Bélonce. En passant sur le plat de la cabane de Lapassa, suis agressé par trois chiens (comme le 24 près de la cabane de Peyrelue). Au retour ce sera pire. Le berger, qui est là, ne les rappelle pas et y prend manifestement un malin plaisir... (Les « bergers » à barrières électriques sont décidément bien mal élevés !)
Arrivée au lac sans le brouillard. Le refuge est très bien avec un jeune gardien accueillant. Il est 13 heures. Je prends une soupe chaude. Arrivée d’un beau couple. Elle porte un short ultra court gentiment bavard... Un peu de vénusté au désert. C’est bien bon. On sait cela depuis la tentation de Saint-Antoine.
Je descends à 14 heures pour pouvoir musarder. Choix d’échantillons de pierres, observation des rapaces. Au col de Saoubathou, il y en a beaucoup. Il n’y a pas que des vautours. Aigles ? Milan royal ? Faucon pèlerin ? J’en rage d’être si incertain à les nommer ! À l’est, un petit coin de ciel bleu. Puis les nuages noirs reviennent très forts de l’ouest. La beauté est dans ce changement.
La bière à Bedous sera l’occasion d’observer toute une scène humaine : quatre hommes s’ennuient ; arrivent deux femmes et un bébé ; ça change tout.

508ème. 29 septembre. Avec Jean*. Pau-Piedrafita de Jaca. Route belle mais assez longue. À la fontaine en haut du village, prenons la piste à gauche. Le lac est annoncé à six kilomètres... mais la piste ne passe pas au lac et nous le dépassons sans le voir. (Nous n’avons pas la carte, seulement les indications d’Audoubert ; sur son schéma, la piste passe au lac). Suivons la piste bêtement qui longe d’est en ouest la Sierra de Partacua. Superbe, mais toujours pas de lac. La piste tourne au nord. Nous traversons le barranco de las Vacas et le rio Aguilero. Mais la piste repart vers l’est. Laissons la voiture vers 1700 mètres et montons le long du rio... attendant le lac à chaque replat. Arrivons au cirque de parois. Il y a un col au nord-nord-est, il faut y aller voir. Je ne suis pas en bonne forme. Hypoglycémie. Ma vue se trouble. Il faut manger et tout va bien. Sommes au Collado de Armanos (2040 mètres) face à un autre cirque que domine le Pico de Escarra (2760 mètres), fière pyramide.
Mais pas de lac. Il est 14 heures. Jouissons du site un petit quart d’heure. Descente directe vers le rio. Têtu, je remonte à une petite arête d’où l’on pourrait voir « le lac ». En vain. Reprenons la voiture et continuons la piste qui aboutit à un bassin très laid, une mare retenue par un barrage injurieux. La carte (enfin achetée) nous apprendra que cela répond au beau nom de « lac de Tramacastilla ». Prenons à droite pour rejoindre le village de même nom.
Incident de barrière fermée. Espagnol très excité qui veut nous faire revenir sur nos pas pour le Principe... Il nous laisse passer. Tout ça laisse un goût de farce ! Pourtant, la journée n’est pas « ratée ». La beauté du site rachète le reste. En descendant, nous avons en face la station de Sabocos et le pic de Mandilar.

509ème. Vers l’Ourlène. 6 octobre. (Solo). Matin studieux. Départ garage 14 heures. Col de Marie-Blanque (1035 mètres) à 15 heures. Chemin forestier vers le sud. Bifurcation de droite. Traversée vers l’ouest. Le chemin, manifestement peu fréquenté, s’arrête brusquement avant un grand éperon très marqué, facile à rejoindre pour le remonter. Bouts de piste de temps en temps, mais la forêt, superbe, est à l’abandon. Grands « squelettes » d’arbres couchés. Un tronc debout porte une griffade nette assez récente (griffade de pic noir ; les trous faits par le bec sont profonds). Petit ressaut de rocher à contourner par la droite. Raide mais facile. Au-dessus, un tronc couché, déchiqueté. Il y a de la griffe et de bonnes dents dans les parages. Cela donne du poids à la solitude. Pente radoucie. Surprise : de vieux morceaux de tôle tout déformés, dont un, important, porte des traces de feu. Cela semble tombé du ciel, mais il n’y a pas de trace de peinture (?) J’arrive à un replat où il y a deux tas de pierres. (Recherches minières ? Peu vraisemblables dans ce calcaire). Ce sera mon « sommet ». Je ne suis pas loin de la base des parois de l’Ourlène. Mais il est plus de 16h30. Chocolat, grany, pas de raisin et cigarette. Je suis vers 1350 mètres. À la descente, où il faut beaucoup d’attention pour retrouver la voie de montée, je vois un autre tronc avec griffade d’ours profonde mais ancienne. Le bois est tout à fait blanchi.
Bel arrêt dans la clairière de « Cuyalade ». Suis à la voiture vers 17h30. Bien petite course, mais toute en forêt. On chemine comme en plein ventre de nature.

510ème. Soum de Conques (1759 mètres). 30 octobre. Il y a dans mon goût pour gravir les montagnes un côté manie de collectionneur. L’avoir pour surmonter le manque d’être, le jeu répété pour échapper à l’ennui. Ainsi, je m’étais mis en tête de gravir au moins tous les sommets visibles et mentionnés sur le boulevard des Pyrénées. Le Soum de Conques y figure.
Suis au col d’Ansan (1350 mètres) à 11h30. Voiture laissée, comme d’habitude, au Clot det Gahus. (Encore agressé par un chien qui n’est même pas un patou mais un étrange bâtard blanc avec une morphologie de chien loup. Je juge prudent de prendre le piolet car il veut m’interdire l’entrée du chemin vers le col. Je hais les chiens. Est-ce qu’ils le sentent ?)
Pour contourner le Soum de las Escures, je traverse des pentes assez raides. Trois isards s’échappent à une cinquantaine de mètres. Cela suffit à me ravir. Quel contraste entre la bête sauvage, craintive et noble, et l’imbécile braillard domestiqué !
Arrive à des replats où les avens ont exactement l’aspect conique des trous de bombes. Cela forme aussi des sortes de « conques ». (Est-ce que le nom de mon petit sommet vient de là ?)
Je prends trop à droite sous le sommet et me trouve dans une sorte de petit couloir herbu très raide et un peu dangereux. Cela m’amuse mais m’épuise vite. J’arrive au sommet (1759 mètres) assez fatigué. (Je crois que d’autres diraient « très »...) Il est 14h30. Les nuages sont d’encre au sud et j’ai encore du soleil. Le plafond étant assez haut, Néouvielle, Grand Barbat, Balaïtous sont superbes mais bien peu enneigés. Le pic d’Estibète brille et raconte le 24 janvier 1993.
Descente à 15h30 par une meilleure voie, très prudente et lente à souhait.
P.S. : À qui se fier ? L’indication sur la balustrade du boulevard des Pyrénées est fausse.
A. Aucun sommet dans cette direction ne peut faire 1828 mètres.
B. La distance à vol d’oiseau de l’Estibète au Soum de Conques n’est que de 3,5 km. (La crête Estibète-Arrouy-Granquet fait un arc vers le sud avant de filer à l’ouest vers le Conques, 1759 mètres).
C. Le sommet indiqué, qui paraît nettement à l’est et plus bas, doit être le Soum d’Andorre (1683 mètres). La distance linéaire Clot det Gahus-Soum de Conques est de 4 kilomètres.
(Où trouver « la » Vérité quand, même en topographie, l’erreur se joue de nous ?)

(1999 : seize courses).

2000

511ème. Estives de Lucarret. 7 janvier. Grande impatience de bouger, de laisser les livres et la ville, même les amis. Le face-à-face avec les éléments sauvages, seul, porté par mes faibles muscles et par un entêtement sans limite.
Pris, après les Eaux-Chaudes, la petite route du Gourzy (qui va jusqu’à la cabane de Cambeilh). Peu de neige. Laisse la voiture vers 1000 mètres. (Grand virage en fer à cheval tournant à droite, large emplacement). Midi. Je suis la route jusqu’au gué du ruisseau de Gourzy et prends le vieux sentier qui remonte la rive gauche. La tempête des 26 -27 décembre n’a pas touché ce versant. Vu un seul arbre brisé. Au-dessus, bonne neige. Trace ancienne d’un solitaire. Il a suivi la piste qui va vers la cabane de Lucarret. Arrêt à une source (?) pendant que je mange un morceau. Un grand vautour fauve plonge vers la vallée en passant au-dessus de moi si près que j’entends l’air froissé par les ailes et les larges rémiges. Émotion intense. Comment est-ce si beau ? Le rapport entre ma propre animalité et cette animalité-là tient du prodige. C’est un « vivant » et moi aussi dans le grand monde mort. Nous sommes tous les deux d’incroyables paradoxes. Proches comme paradoxes, et inintelligibles l’un à l’autre. La beauté qui a forme et vie est-elle « plus » que le sublime des sommets, ruines minérales qui n’ont d’admirable que leur grandeur, miroir immense pour les jeux de la neige et de la lumière. Cette certitude que le vivant est « plus » par son improbabilité et sa fragilité dérisoire, est sûrement au cœur de notre émotion. Mon beau vautour est sûrement tenaillé par la faim, en danger comme moi, et c’est ça qui nous rend admirables.

J’abandonne la trace qui part vers le nord-est et je monte raide plein est jusqu’au grand plateau de Lucarret. 14h30. J’arrête vers 1700 mètres (?) Le sommet du Gourzy est encore loin. Le massif de Sesques est superbe ; d’ici on se rend bien compte de ses proportions. Tous ces sommets « où mon ombre passa »... Le temps se couvre par le nord. Gros nuages de pluie. Descente lente très prudente, sans histoire. Suis à Pau à 18 heures. (Y trouve une bonne carte des Dufau* !)

512ème. Arrec de Besse. 2 mars. Très vexé de n’avoir rien gravi en février. Moral, plutôt « pensée » trop tourmentée et corps pesant. Il urge de se bouger. La journée s’annonce superbe. J’improvise ; je n’ai rien préparé ; mais à 9h45 je peux quitter Trespoey. Deux motivations pour revenir au plateau de Lusque : retrouver la cabane où j’avais été si heureux le 22 mars 1995 et voir Lucarret depuis Lusque comme je voyais Lusque depuis Lucarret le 7 janvier.
À Goust, mauvaise surprise : il y a déjà six voitures. Vers 11h15, départ un peu pénible. Je mets longtemps à m’échauffer, mais ça va de mieux en mieux. L’air froid est clair et les choses resplendissent. Au plateau, je quitte la trace pour aller plein nord. La neige poudreuse est parfaitement sèche et légère. Je ne vois pas la cabane. Je monte nord-ouest vers un arbre bien détaché. Bon point de repère. Au-dessus, je trouve la sente qui conduit à l’arrec de Besse. En entrant dans le bois de Lusque, elle tourne à l’ouest. En ubac, plus de soleil ; il fait très froid. Les gants n’empêchent pas l’onglée. Le froid augmente l’impression de solitude. Toutes les forêts sont mystérieuses, mais la forêt glaciale sous la neige s’augmente d’autres présences plus cachées. La piste descend puis remonte. Un grand arbre jeune déraciné la coupe. Franchissement assez difficile. Ne pas perdre la piste. Une trace de lapin qui descendait me l’indique. Je vais la remonter consciencieusement. Le petit animal connaissait bien son domaine. Il y a une bifurcation où il venait de la gauche. Je monte encore. Passage encore sous un vieil arbre mort énorme. Il faut ramper. Cela me mène au-dessus du torrent de l’arrec qui gronde. Je suis plus haut et plus à l’ouest-sud-ouest que le point 1240 où passe le tracé indiqué sur la carte. (L’onglée me rend paresseux à sortir l’altimètre...) Le terrier de mon petit compagnon à quatre pattes doit être par là. Je ne retrouve pas de trace au-dessus. C’est raide et tout en taillis. Je ne vois pas de passage pour franchir le torrent. L’adret ensoleillé n’est pas loin en face et il n’est que 13 heures. Mais il me semble en avoir assez fait et pouvoir revenir prudemment sur mes pas sans me décevoir. J’active le pas du retour pour me réchauffer. Ça ne réussit guère tant que je n’ai retrouvé le soleil à l’entrée du sentier qui maintenant me sort du bois.
Long arrêt gastronomique au-dessus du plateau de Lusque. Examen à la jumelle du Gourzy. Cézy qui resplendit. Je repars pour retrouver la cabane. Hélas, ce n’est plus qu’une ruine. Cinq ans ont suffi pour qu’il n’y ait plus trace de toit et de poutres. Je reconnais pourtant dans le mur de pierres sèches la pierre plate où j’avais photographié un lézard. Il reste assez de bancs de dalles pour que je m’y repose, dos appuyé sur le mur chaud. J’y reste au moins deux bonnes heures, aussi seul que dans le bois (bien que des « touristes » passent sans doute sur le chemin à quelques cent mètres de là, mais il suffit de ne pas les voir, comme les grands espaces aident à l’indifférence qui protège le solitaire). Je ne pense pas, je laisse aller ma rêverie dans tous les sens dans les bizarreries de la paresse. Ce n’est pas bien, mais ça fait du bien.

À Laruns, avec la bière fraîche, je retrouve les gens sous leur meilleur jour : robustes et gais autour de leurs enfants. Il y a dans le groupe deux petits garçons blonds et deux autres asiatiques entre 4 et 10 ans, beaux et qui jouent ensemble. Ça devrait guérir tous les racistes du monde. Parmi le groupe, deux femmes attentives portent sur elles le soleil de la journée.

513ème. (J’ai 80 ans). Pic de Lurdé (2089 mètres). 16 mai. Deux mois et demi sans montagne, mais tellement d’autres choses. Avec Jean*, partons sous un ciel d’encre faisant confiance à la météo. Ça se lève vers Laruns. Beau temps à la cabane de Cambeilh, à 9h30. (Tout le mérite est à la R9 de 254 000 kilomètres...) Il fait très chaud, les derniers névés fondent. Sommes au sommet à 11h45. (Isard au col de Lurdé). Trois-quarts d’heure au sommet. Descente. Nous laissons entraîner trop nord-ouest. Il faut remonter pour retrouver le chemin qui est plein ouest. (Il passe à gauche d’un mamelon, nous sommes passés à droite). Voiture 14h15. La « course » a duré quatre heures quarante cinq. L’impatience est un vice ! Bon arrêt à Laruns où tout le village est à un enterrement.

514ème. Soum de la Piquette (2302 mètres). 31 mai. Avec Jean*. Partis pour Gèdre, nous nous retrouvons à Barèges. Étrange erreur à la bifurcation de Luz ! L’erreur est derrière nous et n’empêche pas d’aller en avant. Ce sera le plateau du camp Bernard-Rollot en remontant la rive droite d’un beau torrent dans un beau sous-bois. (J’imagine le Père Dieuzaide*, avec son gilet en peau de mouton et son grand béret, suivi de ses garçons où pouvait se trouver Emmanuel Mounier*, Mandouze*, montant par ce sentier). Las ! On débouche sur une route goudronnée vite traversée. On monte ensuite sous les pylônes. Au-dessus, cela devient très raide et je peine horriblement. Arrêt vers 1950 mètres. On pourrait continuer, mais je n’en peux plus. L’Arriou Né, l’Ardiden sont superbes. Je reconnais en face le Soum de Moutarra (2463 mètres) gravi seul depuis le Chiroulet (1110 mètres) en 1986 : 1350 mètres de dénivelé presque sans effort. Je peux mesurer la baisse de mes moyens physiques. Raison de plus pour être heureux d’être là. Jean* s’en impatiente. Pour lui, c’est une journée perdue. Il a hâte de descendre. Partis de la voiture à 8 heures, nous la reprenons à 16 heures. Arrêt-bière à Barèges dans un petit café modeste où le patron aime causer montagne.

515ème. Pic d’Arlas (2044 mètres). 15 juin. Avec Jean*. Partis de Pau à 7 heures et quart dans le brouillard. Sommes au col de la Pierre-Saint-Martin (1760 mètres), côté espagnol, avant 9 heures. Lumière idéale. Cheminement à contre-jour dans le vert le plus éclatant entre bleu des gentianes et bleu du ciel. Grand vent. Au col à l’ouest du pic, il devient si violent qu’il déstabilise. Il y a des restes de neige fraîche pour rehausser le site. Montée à la pyramide assez raide. J’ai bien besoin de mes deux bâtons. Au sommet bien avant midi. Bonne surprise : ici, le vent redevient normal. Deux gypaètes s’intéressent à nous et ajoutent de la vie et de la beauté au désert gris des lapiaz. On oublie la station de ski toute proche. L’Anie, royal, est toujours aussi « solitaire ». Il me raconte un peu le 18 septembre 1985 où je l’ai gravi « en solitaire »... Quinze ans ; c’était hier.
Descendons (trop tôt à mon goût) sud-est vers le col de Pescamou. Voiture vers 13 heures. Prenons la bifurcation par Osse-en-Aspe. Bon arrêt à Bedous, mais surtout à Agnos pour voir Patrice Chevalier*, cordial et courageux.

1er juillet. Avec Pierre* et Henriette*, Pau-Panticosa. Au Pourtalet, l’Ossau nous fait fête. Encore un peu de neige dans le couloir sud de la Fourche qui nous raconte tant d’histoires anciennes.

516ème. 2 juillet. Piedrafita de Tena. L’ibon du même nom. Montons d’enthousiasme à la cote 1697, belvédère idéal. La Téléra fait de nous des insectes, mais des insectes heureux. Perdus et sauvés en même temps par le « sublime ». À la fois victimes comiques et héros tragiques ; tellement moins que ces roches, et tellement plus. Ce que je vois annonce ma destruction mais ne peut détruire ma vision dans ce temps où je demeure. Si court que soit ce temps d’une merveille il n’en est pas moins merveilleux. L’émerveillement est là ; ce n’est pas « miracle », action d’un au-delà caché ; c’est jouissance, actualité de la jouissance pleinement et simplement donnée. Ce « don » que nul n’opère, et qui surabonde ma capacité de recevoir, est « analogue » au don féminin. Pierres aériennes et chairs dessinées. Je n’ai pas à « sublimer » mon désir puisque le sublime est « là ».
[Dans ma tête, Lacan (Séminaire VII), et son idéalisme puritain, se réfute par mes jambes, et par le lac et les pierres. Nous habitons bien le langage, mais sans cesser d’habiter le monde. Le « grand livre du monde » n’est pas un livre. Les signifiants n’y font pas « chaîne » pour l’oreille écoutant et lisant une langue de linguiste, mais ils font ce monde total pour ce corps total qui est ma forme et ma force. Ici je suis du monde parce que je l’éprouve avec tout mon corps comme doivent faire le vautour ou l’isard qui point ne parlent. Le « prix à payer » de l’effort et de la fatigue n’est nullement exclusif de la jouissance dans le temps où notre action et notre désir convergent.
(J’aime bien mon ridicule qui me fait déraper du carnet des courses au cahier des notes de lecture, ou inversement. Je trouve bon de n’avoir pas choisi entre ces deux amours... et entre quelques autres.)]

Revenus à la piste, nous ne la suivons pas longtemps et coupons plein nord en descendant vers le rio Aguilero. La remontée vers l’ibon de Tramacastilla est un peu pénible. Chaleur. Le lac n’en paraît que plus merveilleux. Un noble troupeau de vaches pensives nous fait oublier les nuisances motorisées qui sévissent par là.
Pour le retour, nous suivons la piste. C’est long (neuf kilomètres ?) Le « Collado de Armenos » bien visible.

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Course 516. 2 juillet 2000. Au retour de l’ibon de Piedrafita de Tena, vue sur le lac de Tramacastilla et son "noble troupeau de vaches pensives".
(Photo Henri Ferbos).

3 juillet. Tourisme. Aso de Sobremonte. Betés. Tramacastilla de Tena (un affreux chantier). Sandinies (magnifique). Hoz de Jaca.

517ème. 4 juillet. Lac et col de Sabacos. Pico dero Berde, 2275 mètres (voir Revue pyrénéenne, numéro 22, juin 1983). Quelques rochers faciles. (Le cycliste et les Pastourelles de Pau...)

5 juillet. Biescas. Olivan. Montée au village abandonné d’Ainielle. Émouvant. Le courage et l’intelligence des gens qui ont su bâtir et vivre là.

6 juillet. Repos. Arrivée des Carteaud*.

518ème. 7 juillet. Foratata ; antécime.
(Envoyé quatorze cartes. Terminé Lacan VII).
Bielsa.

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Course 518. 7 juillet 2000. Foratata. De gauche à droite, Henri Ferbos, Pierre Fougère et Michel Carteaud.
(Photo Henriette Fougère).
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Course 518. 7 juillet 2000. Foratata. Henri Ferbos à l’antécime.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
519ème. 8 juillet. Bielsa. Saravillo.

9 juillet. Ibon de Plan.

10 juillet. Retour à Pau.

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Ibon de Plan
(La vasa de la Mora)

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L’ibon de Plan ou Basa de la Mora, dans la vallée de Gistain (Aragon), au cœur du massif du Cotiella.
(Photo Henri Ferbos).

Eau calme et facile,
profonde ici, bientôt courante,
transparente là, bientôt opaque,
simple de légèreté et de souple puissance,
forte de sa faiblesse qui sculpte la vallée.

Ce que l’eau veut, dieu le veut.
Cela se dit aussi des femmes, et cela fait le bonheur du paysage.

La source et le lac font du désert un jardin
par ce grand nid végétal sous la raideur des hautes murailles.
Si les sommets figés d’entêtement viril pouvaient sentir cette vie souple des eaux, des arbres et des fleurs, c’est Éros même qui unirait le roc et les eaux dans le sublime de leur contraste.
Pourtant cette harmonie n’est belle que d’être fragile et improbable sur le chaos en incessante querelle.

Empédocle rêvait sans doute devant quelques semblable paysage d’eau et de rocher, d’air et de feu, où s’embrouillent les symboles d’Éros et d’Éris.

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520ème. 21 juillet. Seul depuis le virage d’Artigues (1400 mètres ?) refuge de Campana de Cloutou (2225 mètres).
« Seul », façon de dire... Il y a foule jusqu’à Gréziolles, mais peu vont jusqu’au refuge. Beau sentier, très montagne, qui reste sur la rive droite du torrent du Garet jusqu’à la passerelle de Barassé. Les laquettes de Gréziolles sont de vrais lacs, alors que le lac n’est qu’un réservoir un peu vide.
Rencontres sympathiques. Un Lamarque en béret et vieux bâton, paysan botaniste qui a travaillé avec Dendaletche*. Au refuge, le gardien et un jeune gars qui éclatent de rire en me voyant allumer une cigarette. Ils venaient juste de se dire que, pour marcher à cet âge, sûrement, je ne devais pas fumer...
Quelques jeunes filles peu vêtues aussi fraîches et belles que les laquettes. De quoi rendre la solitude heureuse.
Je quitte le refuge à 16 heures. Il n’y a plus personne. Bonne journée pour mon narcissisme. Les laquettes sous le soleil bas. Un peu de fatigue.
En montant, ce matin, mes muscles fortifiaient mon contentement. Ce soir, en descendant, mon contentement fortifie mes muscles. Quelles belles machines nous sommes ! Même devenus laids.
(80 ans. 850 mètres de dénivelé).

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Avec Jacques, le grand frère, séjour à Gèdre du 2 au 7 août.

Le 3, montés à Saugué jusqu’à la cote 2007, face au Soum blanc de Sécugnat et au Pourteillou.

Le 4, lac des Gloriettes, vallée d’Estaubé.

Le 6, matin, grange de Campbieil (1628 mètres) ; après-midi, vallée de Cestrède.

Le 7, Gavarnie, Plan de La Prade.
Six jours de mauvais temps, bien bons tout de même.

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521ème. 15 septembre. En solo. Départ du parking du Pourtalet, à 10h30, vers la Foratata... dans l’espoir de faire mieux que le 7 juillet. Une très jolie piste monte est-sud-est sous le pic d’Estremère. Deux blocs de quatre à cinq mètres, jumeaux. Marche horizontale puis descente vers un autre grand bloc où je découvre une cabane antique, sorte d’orri. (Photo : je ne la vois signalée sur aucune carte). Sous le Port vieux de Sallent, je reconnais le grand rocher qui ressemble au profil du marquis de Sade tel que l’a imaginé Man Ray. (Je l’avais remarqué et pris en photo depuis la cabane Dous Bouès de Peyrelue). Plein est vers El Bocalé. Je rejoins la route pastorale mais la quitte bientôt pour monter (trop tôt) nord-est. Ravines. Petit riu ferrugineux. Puis est vers le col 2032. Vue superbe. Il ne reste pas le moindre petit névé sur le Balaïtous-Frondella. La belle crête de lapiaz commence. Après un petit sommet, je retrouve le col où nous étions arrivés le 7 juillet. Au-dessus, le sentier est bien marqué et facile, mais la solitude de plus en plus impressionnante. Vers 2150, la brèche entre les deux Foratata est bien visible, mais je peine de plus en plus. Légères crampes qui pourraient annoncer pire. J’arrête. J’ai d’ailleurs très faim. C’est sûrement plus sagement que lâchement.
Il est 14 heures. Après un vrai festin, je vais sans sac aux deux brèches où il y avait en juillet les longifolia. Elles n’y sont plus.
Vu « le » couple de gypaètes, sans doute le même que j’avais vu du Peyrelue ?
L’Enfer, Garmo Negro et Algas me font rêver. Est-ce trop tard, est-ce jamais plus ?
Départ pour la descente à 16 heures. Au-dessus du col, je croise un groupe de jeunes garçons et filles qui font plaisir à voir. La fin par la route pastorale sera très pénible. Déguste ma bière au Pourtalet. Suis ici à 21 heures. (Est-ce plus « chez moi » que la cabane entre les blocs ? « Oui », bien sûr, et cependant un peu « non » puisque j’ai tant besoin d’herbes, de cailloux et de lapiaz).

522ème. 1er octobre. Seul. Gourette. Départ pour le lac d’Uzious. La forêt est d’or, le jonc est superbe. Neige fraîche vers 1800 mètres.

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Course 522. 1er octobre 2000. Solo au-dessus de Gourette. La cabane de Goua.
(Photo Henri Ferbos).

Après la cabane de Goua, je quitte le sentier du lac d’Anglas pour suivre le chemin du bas indiqué par Audoubert*. Il vient buter à l’entrée d’une gorge où il y a une prise d’eau. Le chemin a été emporté sur une dalle raide et lisse qui plonge droit dans l’eau. Tentation de contourner par le haut sur ce qui reste de gravillon humide. Ce serait une folie. Je mets un moment à « réaliser » le danger et à me résigner. La prudence, c’est du temps.
Retour à la cabane de Goua pour traverser rive droite et monter tout droit vers Louesque. Vague combe et bonne croupe. Vers le haut, alignée le long d’un pli de terrain à la base des Néras, une petite harde d’isards. Observation à la jumelle. Deux d’entre eux s’avancent un peu pour m’observer aussi. Moment édénique !
Le ciel se couvre superbement. Les Coutchets et le Rognon du Ger paraissent par dessus Pène Sarrière. Nuages venteux, mobiles, qui laissent passer un soleil éclatant. Au sud, les Bécottes sont un petit Cervin.
Je n’irai pas plus loin. (Je ne suis pas loin de 2000 mètres). La descente pentue -neige fraîche sur herbe- va être « délicate » et je sens ma fatigue. Trop de fatigue pour si peu ! Il faut « accepter » de renoncer sans « se résigner » à renoncer. C’est l’école de l’octogénaire !...

2001

19 février. À La Mongie, pour conduire Baptiste* invité par Paul* au Montana. Belle neige et beau soleil. Suis monté seul sous Pène Courbe. Pente raide exposée au sud. Environ 100 mètres... non sans peine. Petite remise en jambes ?

523ème. 22 février. Midi 20. Voiture aux Eaux-Bonnes devant la villa des Verdenal*. Seul, remontée de la Coume d’Aas (760 mètres ?) Cadre sévère. Verglas sur le chemin. Très beaux arbres. Quand le chemin passe à gué, sur la rive droite, bonne surprise d’être sous le soleil. Il fait très froid. Chemin manifestement peu pratiqué : les noisetiers y poussent. Les arbres arrachés qui le barrent n’ont pas été tronçonnés. Grande avalanche tombée des crêtes de Montcouges. Hésitation à une bifurcation où je prends à droite (vers vallée de Ger ?) quand il fallait prendre à gauche. Petit arrêt avant de revenir sur mes pas joliment inscrits sur la neige dure.
Fontaine de Gesque (1360 mètres) sous une grande avancée de rocher qui fait abri. Arrêt sérieux. Faim. Il est presque 15 heures.
Délibération : monter ou pas au plateau de Bouy ? « Tu peux, donc tu dois », serait ridicule. Mais « Tu as envie, donc tu peux » serait raisonnable.
Mes presque 81 ans ont plus besoin de hardiesse que de prudence. Il faut évidemment l’un et l’autre. Être hardi prudemment, et prudent hardiment. Mais l’adverbe ne doit pas entraver le verbe. Y aller d’abord, donner toute sa force, modérer et moduler ensuite selon les signes au plus près de la douleur. Cet enchaînement, s’il est harmonique, fait un grand plaisir.

J’y vais donc, en laissant là mon sac. Le chemin devient sentier qui disparaît souvent sous la neige. Il y a heureusement une vieille trace qui reparaît de temps en temps sous la poudreuse. Quel signe humain amical pour le solitaire ! Le bois devient très touffu, il faut écarter les branches et c’est assez raide. La vieille trace a tout à fait disparu. Il a renoncé ? C’est une fine trace de bête griffue qui me tire d’affaire, et je retrouve les derniers lacets. Enfin le plateau et la cabane (1560 mètres ?) Vue extraordinaire : de la Latte de Bazen au Pambassibé. Et jusqu’au Cinq-Monts au loin à l’ouest.
Un peu d’ivresse photographique ! Il est plus de 17 heures et le soleil est déjà bas, d’autant plus beau, mais il ne faudrait pas que la nuit me prenne à la fin de la descente dans la zone verglacée. D’où départ immédiat. Huit cents mètres à descendre. Tout va bien. Récupère sac et bonnet qu’il est temps de mettre. Suis à la voiture avant la nuit. Bien content de mon vieux corps et d’une journée sans lecture. (Avais Schopenhauer en tête. Le pauvre Arthur se trompe complètement sur le rapport plaisir/douleur).

524ème. 2 avril. Seul. Voiture au pont de la gorge du Bitet (900 mètres). Quitte le chemin du lac d’Isabe, sur la droite (vers le nord). Vieux chemin à deviner (il est là et pas là ; la vue fonctionne comme « flair », comme une sorte d’odorat). Il aboutit à une ruine de cabane adossée à un bloc. On est alors juste en face de la cabane neuve de Cujalate, au bord d’un petit bassin pastoral. Soleil chaud et vent froid. Essai infructueux pour traverser le torrent. Reste rive droite. Pénètre dans la forêt de Méloura au pied du pic de la Ténèbre. Hors sentier magnifique. Le cirque d’Isabe est coupé par une grande avalanche. (On voit l’arc de détachement de la plaque de neige fraîche sur le fond de neige dure). Je monte en cherchant les traces de bêtes et en pensant ours... Rareté des traces et aucune de l’ours. Arrive sous le plateau de Characou, 1400 mètres. (L’extrême attention provoque des perceptions trompeuses : l’arbre mort appuyé sur un autre arbre que le vent agite émet un grognement de bête...) Impression d’être un peu trop seul, un peu trop loin. (Peur ?)
Retour à la clairière. Mange et bois au soleil. Au retour, rencontre d’un jeune colosse solitaire qui lui aussi s’occupe de l’ours. Il est journaliste. Parlons montagne et bêtes.

525ème. 21 mai. Retour vallée du Bitet. Vers midi à la prise d’eau 1150. Prends cette fois le chemin de la rive gauche. Je ne me souvenais pas qu’il était si raide au départ. (Sans doute avec Gina*, en 1976, ou avec Isabelle*, en 1982, j’avais des ailes...) Je ne m’arrête pas à la cabane de Cujalate. La traversée du torrent de Cotcharas pour passer rive droite assez délicate. (Les acouphènes ne diminuent pas le sens de l’équilibre). Le ciel se couvre par l’ouest. Arrêt vers 14 heures à 1550 mètres au pied du ravin qui monte à la cabane Laiterine. Suis anormalement fatigué pour une montée de 400 mètres. Commence à manger sans grand appétit. Jonquilles d’or en premier plan, montagnes sombres derrière, assauts de nuages noirs. Il commence à pleuvoir. Grosses gouttes d’orage très mouillantes. Poncho efficace. Long arrêt à l’abri dans la cabane de Cujalate. Descente pénible. (Erreur de ne pas m’être assez couvert ; état bronchiteux).

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Évoqué aussi le 8 février 1989, avec Jacques* et Monique*, le Mardas. Partis de la route à 749 mètres. 1500 mètres. (Erreur sous Isabe). J’avais 69 ans. La jeunesse !

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25 juin. Vénasque avec les anciens et anciennes du GUHM. 

526ème. 26 juin. Plan del Aigualluts (2033 mètres). Tout le groupe (environ soixante dix !) Temps superbe. Je m’échappe un moment pour voir le départ du chemin de l’Escaleta.

527ème. 27 juin. Refuge d’Estos, 1900 mètres. (4X4 jusqu’à Turmo). Dépassons le refuge pour déjeuner au barranco de la Coma. Quelques gouttes de pluie et un peu de tonnerre revenus à Turmo. (Le petit veau malade).

528ème. 28 juin. Malibierne. (4X4 jusqu’à à la cabane des pêcheurs, 1970 mètres). Ibons de Llosas (2500 mètres). L’aiguille de Franqueville bien visible. Nous avons avec nous une descendante de Franqueville ! Très belle journée.

2 juillet. Journée extraordinaire dans la Coume de Balour. Neuf cents mètres de forêt sauvage et de gorges étroites et raides. Solitude sévère et douce. (La moindre carte de P. au retour aurait fait un jour parfait).

529ème. 6 juillet.

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Course 529. 6 juillet 2001. Montée au refuge de Saboredo depuis Baqueira. Henri Ferbos scrute l’horizon un peu bouché ce jour-là.
(Photo Pierre Fougère).

Avec Pierre* et Henriette*. Baqueira. Parking. Piste derrière l’hôtel Montarto. Restons rive droite jusqu’au chantier de la carrière de gravier. Descente à un petit pont pour passer rive gauche. La piste devient plus étroite et plus mauvaise. Parking après le pont qui ramène rive droite (1800 mètres). Il est 10h20 ; le temps est nuageux « variable ». Arrivons au refuge de Saboredo (2310 mètres) sous la grêle et l’orage. Onglée. Le refuge est petit, plein de jeunes et moins jeunes. Soupe (mauvaise). La pluie cesse. On aperçoit seulement les deux premiers lacs. Descente vers 15 heures. Le soleil revient. Après l’onglée de ce matin, j’ai trop chaud. Voiture vers 17 heures. Prenons deux pêcheurs, père et fils, pour le retour à Baqueira.
Deuxième nuit à Arties. Parador... Seul avec la femme virtuelle.

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7 juillet 2001. Une journée consacrée au tourisme. Dans un petit village aragonais, Henri Ferbos s’intéresse à une plaque à la mémoire des victimes de la guerre civile espagnole.
(Photo Pierre Fougère).

530ème. 8 juillet. Hier, tourisme autour du Turbon et retour à Roda de Isabena. (On ne s’en lasse pas). Parking Rencluse, 1900 mètres ; il faut prendre un bus-navette.
Plan dels Aigualluts, 2033 mètres. La montée de l’Escaleta est belle. (Chemin taillé et pavé un moment). « Suivons » vers le Coth deth Horo. Derrière le col (2236 mètres), le lac se découvre, superbe. En profitons longtemps. Descente facile et gaie.
(Retour au San Anton. J’appelle Hèches. Très mauvaises nouvelles de Jean*).

9 juillet. Pluie. Repos.

531ème. 10 juillet. Vallée de Ramoune. Au départ de la route mauvais chemin tout effondré. Après le petit col (1848 mètres) le Pleta dels Capellans magnifique. Chemin bien cairné avec balises de deux traits rouges. Les balises disparaissent. Nous continuons rive gauche jusqu’à une gorge encombrée de ponts de neige douteux. Préférons passer rive droite. Traversée du torrent délicate. Montons sur un bon herbu et trouvons l’ibonet de Ramoune... ? … Il est rive gauche sur la carte et non comme ici rive droite. Pis. Il y a plus haut un chaos à traverser au flair, sans cairns et sans balise. Henriette* souffre un peu trop. Enfin un ibon beau au bord d’un beau névé. Je monte plus haut à la recherche d’un deuxième ibon, mais il faudrait encore traverser de gros blocs. Je reviens et nous festoyons.
Descente encore au flair jusqu’au torrent où le bain de pieds est exigé pour retrouver le sentier rive gauche.
Très belle journée assez « montagne ».

Le 11, repos.

Le 12, retour en France par Chia et le col de Sahun, Plan et Bielsa. Arrêt à Hèches.

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532ème. Coume de Balour. 2 août. Seul. Besoin d’action physique et de solitude. Je ne pouvais choisir plus bel endroit. Puissance de la forêt, raideur des ressauts, profondeur de la gorge. (Mieux vues, plus sensibles à la descente qu’à la montée). Le brouillard me prend aux cabanes de la Québotte vers 1650 mètres. J’ai gravi 900 mètres sans trop de peine. J’y ai passé sept heures.
[Les mêmes arbres qui ont fait éclater la muraille calcaire en énormes blocs, à demi écrasés sous ces blocs, les retiennent. On voit ici que tout est équilibre et que tout est menacé.
La blancheur éclatante des panaches de minuscules fleurs blanches des hautes « Barbes de Bouc » plus forte que l’ombre du sous-bois embrumé. Il y a beauté par le travail des verticales des croissances florales et des pierres tombales. La beauté est là, bien réelle, par les hasards d’une lutte de force (entropie, néguentropie) qui y mettent de la nécessité. Non par des n’importe quoi anarchiques sans nécessité. La beauté, ici marquée par une nécessité, atteint le sublime. ]

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(Pas trouvé en rentrant un bouquet de cartes fraîches qui aurait éclairé, comme la Barbe de Bouc, les soucis obscurs !)

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533ème. Lacs de Louesque. 23 août. (Dernière course en solo ?) 8h40, parking Gourette (1350 mètres). Au-dessus de la cabane de Goua, sur un piton calcaire blanc qui marque l’épaule (vers la gauche, nord) où commence le sentier, je vois une masse fauve qui bouge. Je pense d’abord à un isard, mais la tête paraît et c’est un grand vautour. Il m’a vu et m’observe. Avec les jumelles, je vois à sa droite un jeune dont le duvet est encore clair. Je monte en faisant un détour sur la droite pour m’éloigner et revenir quand je serai à leur hauteur. Je fais encore deux observations à la jumelle. Ils sont splendides. L’adulte ne me quitte pas des yeux. Je tente, très lentement, l’approche à l’horizontale... Mais bientôt c’est l’envol.
Ce que je viens de vivre dans une solitude parfaite, dans un coin de monde sauvage, prend un goût étrange du fait de la proximité de la ville : on voit Gourette, on entend le vacarme des pelleteuses ; surtout, une procession de « touristes » à chiens suit le chemin du lac d’Anglas. On entend aussi les grimpeurs dans la face est du Pène Sarrière. C’est la foule. Où, notre privilège élitiste de jadis ? Il suffit d’un départ hors sentier, d’une centaine de mètres de montée rude et d’une extrême attention pour le retrouver. On peut encore vouloir l’exception, jouir de l’unique et du rare, prendre le temps d’être surpris, émerveillé dans ce qui déborde les noms vulgaires ou savants.
Suis au premier lac (2275 mètres) à 13h20. Lac à demi comblé, en train de disparaître. Le sévère devient un peu triste. Sur une grande dalle grise, je repère un reste de névé. À peine 2 mètres carrés. C’est le bon endroit pour manger. Il fait si chaud que je la vois fondre.
Hésitation : n’est-ce pas déraisonnable d’aller plus loin ? Non. Je peine, mais pas trop. Avant le deuxième lac, je prends à droite (ouest-nord-ouest) vers un beau piton herbu qui sera un belvédère idéal (2344 mètres). Des petits bonshommes se détachent sur le ciel au col de Louesque.
15h30. Je commence la descente... à loisir. Pène Médaa et les Bécottes à contre-jour. Notre planète est belle !
PS : J’avais gravi 994 mètres.

Ce 23 août 2001, à 81 ans, j’avais encore 20 ans. Un peu plus de fatigue, un peu plus de peine, cela ne faisait guère de différence ; c’était la même fatigue, les mêmes efforts qu’à 20 ans. Le « un peu plus » n’en changeait pas le goût plaisant, c’était en qualité et en esprit les mêmes. Je ne me voyais pas vieillir, j’avais le même entrain dans l’imprudence des solos. Heureuse étourderie, bonne sottise !
La vieillesse m’est tombée dessus d’un seul coup avec la maladie, la chirurgie et les longs mois de soins.
J’aime que ce soit Paula* qui m’ait forcé à me soigner, et que ce soit encore elle qui m’ait accompagné pour la 534ème course... Si détournée qu’elle soit de moi, je ne pourrai jamais la dire « infidèle ».

2002

Santé défaillante.
Hospitalisé à la clinique cardiologique d’Aressy du 8 janvier au 29 mars 2002. Opération à cœur ouvert le 20 février à Toulouse (professeur Cérène). Pontage + valve mitrale. Bioprothèse valvulaire. En mai, les séquelles sont encore douloureuses mais pas tellement invalidantes.
Qui parie, contre les 82 ans et les séquelles, pour une 534ème course ??

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La 534ème avec Paula*, le 23 juin 2002. Du Pourtalet vers la Foratata. Brouillard dans la vallée, pour nous soleil magnifique à Las Foyas al sur et à l’O Forato (2000 mètres). Vue magnifique sur Balaïtous et Enfer.
(Nous avons gravi 200 mètres).

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7 juillet. Avec les Fougère, au parador de Vielha. (Surprise : les chambres ouvrent par cartes magnétiques des plus aléatoires. Pas de « service », il faut se débrouiller avec les petits cartons. Cela donne des gags à la Jacques Tati).

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Course 535. 8 juillet 2002. Le lac de Baciver et le Tuc dera Lanca.
(Photo Henri Ferbos).

535ème. 8 juillet.
Plan de Beret. Coret de Salardu (1850 mètres). Orri de Tredos. Lac de Baciver (2105 mètres). Belle montée seuls. Bientôt, arrivée d’une collective par car d’au moins quarante frères humains. Qui est le plus « sauvage », le solitaire ou la harde ?

9 juillet. Tourisme. (On est à la fois la harde et le solitaire). Arros. Bordes dera Artiga de Varrados. Plan des Artiguetes. Sauth deth Pish (1600 mètres). Cascade superbe. Vallée immense.

536ème. 10 juillet. Plan de Beret (1800 mètres). Coret de la Serra (2200 mètres). On oublie les télésièges pour ne voir que les petits lacs charmants et la vue vaste sous une nébulosité magnifique. (Le premier petit lac est plein d’algues rouges).

11 juillet. Nous montons en voiture au lac de Llausat (2100 mètres) au pied du Malibierne, gravi le 10 juillet 1990. Souvenirs !

12 juillet. Partons à Ribera de Cardos. Passons par Son et Espot.

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Course 536. 10 juillet 2002. Coret de la Serra. Les algues rouges du premier petit lac.
(Photo Henri Ferbos).
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Course 536. 10 juillet 2002. Henri Ferbos au Plan de Beret.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

537ème. 13 juillet. Tavascan. Estany de Closell, 2090 mètres, et estany de Naorte, 2160 mètres. (Temps couvert et venteux ; froid. Nous ne verrons pas la Pique d’Estats mais la belle cascade de Broate et toute une immense vallée).
[8 janvier 2002, entrée en cardiologie à Aressy. 18-20 février, à Toulouse, implantation d’une prothèse valvulaire. Aressy. (Retour chez moi le 30 janvier). 2 mars, on m’enlève quarante agrafes et des pelotons de fil. Le 13 juillet est donc un exploit !]

14 juillet. Retour à Pau par le col de la Bonaigua avec neige et vent glacial. (Le courrier est lui aussi glacial).

2003

2 juillet. Pierre* et Henriette*. Nous dînons. On s’attarde. Vers 11 heures, l’hôtel Corona est fermé ; ils couchent dans ma chambre.

3 juillet. En route pour la Cerdagne catalane. Bellever de Cerdanya. Beau village. Hôtel Bellavista.

4 juillet. Aranser. Lles par le vieux sentier. Ruine de l’Ermita de Saint-Cosme. Montons à travers champs vers la cote 1573. Nous descendrons directement sur Saint-Cosme. Retour, bière à Aranser. Journée magnifique.

5 juillet. Estana. Montons au Serrat Moster (1623 mètres). Ciel orageux sur la Sierra del Cadi. Retour par Villec et la Mare de Deu de Bastanet.

6 juillet. Voiture. Tunnel du Cadi, Baga, Col de Port (1650 mètres),Tuixent et Seu d’Urgell.

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Course 537. 6 juillet 2003. Sur la route du retour en France, Henri Ferbos photographiant des fleurs dans la montagne du Cadi.
(Photo Pierre Fougère).

538ème. 7 juillet. De Ger à Méranges et au refugi de Malniu (2120 mètres). Montons à l’estany de Malniu (2250 mètres). Cherchons l’estany Malo de Guils. Pas de sentier. Nous l’avons sans doute perdu en appuyant trop tôt vers l’est. (Prat Fondal). Cela nous vaut une belle traversée d’un terrain boisé et tout en clairières de gros blocs de granit. Je grimpe sur l’un d’eux avec un pas de III, presque une aiguillette. Pas de lac en vue. Retour au refuge. Nous nous consolons avec le beau lac Sec.

539ème. 8 juillet. Du dernier virage avant Cortas, montons au coll des Fans (1400 mètres ?) Descendons au torrent de la Farga Vella. Remontons à Orden. Retour même sentier. Arrêt pour manger au bord du torrent. En remontant au coll des Fans, nous ne voyons pas le dolmen. Le temps menace. Orage. Retour à l’hôtel Bellavista vers 17 heures.

540ème. 9 juillet. Martinet. Aranser. Prat Miro. Refugi de las Pollinières. Laissons la voiture à 2129 mètres. Montons vers l’estany de la Pera. Orage, grêle. Un 4X4 de la Guardia Civil qui descend nous ramène au point de départ. Le temps s’arrange ; bleu venant de France. Nous repartons... Arrivons sous la pluie au beau refuge de la Pera (2364 mètres) mais le mieux ne durera pas ; ce n’était qu’un sourire menteur.... Gardienne aux longues jambes, fort aimable. Nous déjeunons. Je monte un peu tout de même pour voir le second lac, mais le vent est violent. Je dois prendre la fuite. Jupiter en rage ! (Le sceptique le plus résolu ne peut voir et entendre la foudre sans croire un peu à Jupiter). Nous repartirons du refuge sous le tonnerre et sous la pluie. L’orage est superbe : serpentins lumineux et boules de feu. Arrivons aux Pollinières trempés jusqu’aux os.
Demain, retour à Pau. En trois jours, trois bonnes courses. (La prothèse valvulaire a bien fonctionné).

541ème. 19 août. 9h05. À Cauterets, Paula* m’attend sur un petit banc vert qui est contre la vielle gare de bois si singulière. Levé à 6 heures du matin, c’est toute une aventure. Le temps est beau. Elle doit aller continuer les soins de sa cure. Nous ne partirons que vers midi. Montée à la Fruitière. Beaucoup de voitures et de monde ; c’est la pleine saison. Nous montons au lac d’Estom (1804 mètres) en deux heures trente. Ce n’est pas un exploit, mais, vu les circonstances, c’est magnifique. Trouvons au-dessus du lac un coin isolé pour manger. Elle dort un peu. Nous mettrons le même temps pour redescendre en musardant. (J’enrage d’avoir oublié chez elle l’appareil photo !) On s’arrête à regarder chaque arbre, chaque cascade, sortant du chemin pour y aller voir. Tandis que les jeunes sont seulement tout au plaisir d’éprouver leur corps dans leur vitesse. Beaucoup sont beaux et ils ont sûrement raison de ne savoir qu’eux-mêmes et de ne rien regarder.
Sommes à 18 heures à la voiture. Bière à la Fruitière. Fatigue oubliée. Je pense trop à elle pour pouvoir bien dormir après un repas trop bien arrosé au « El Julio ». Tio pepe extra sec et « Cabrito de nos montagnes » dans un cadre espagnol. Elle étrenne une nouvelle robe de voile léger d’un gris tirant sur le violet, jupe assez longue et fendue, avec une broderie noire sur le col. Toute charme.
[Ceci n’est pas à sa place dans un « carnet de courses », mais je n’ai jamais pu « dissocier » ma vie en compartiments selon des étiquettes. Faiblesse du point de vue de l’ordre, force pour l’unité de vie et donc pour la joie de vivre.]

22 octobre. Après un nouvel épisode de cardiologie (sept jours à la clinique d’Aressy du 8 au 15 ; opération sous anesthésie locale, pose d’un stimulateur), Jacques* vient me chercher vers midi. Déjeunons à Louvie-Juzon (fort bien). Passons par Béost et Bagès pour aller par une belle petite route forestière jusqu’au Pé de la Houn. On laisse le 4X4 à un petit col. Un bon chemin suit la crête versant sud. Nous le quittons. Promenade entre le plaa de Gé (1147 mètres) et la cote 1174. Les Coutchets et le Ger sont enneigés. Ciel très nuageux. C’est superbe. Je regarde avec une joie bien singulière la Coume de Balour où j’étais en solo le 2 août 2001 (note 532). Pène Sarrière cache la cabane de Coste de Goua et le lac de Louesque (23 août 2001), le paradis à la cote 2344 (note 533). Ce n’est qu’une promenade, mais le plaisir est immense.

2004

542ème. 6-12 juillet. En Cerdagne espagnole avec Pierre* et Henriette*. Nous rejoignons les Carteaud*.

Le 7, nous prenons le GR150 qui rejoint le GR4 juste avant Masella. Il commence maintenant en large route, mais redevient sentier en forêt. Allons au coll de la Mola (1195 mètres). Très beau. Le soleil a fini par percer les nuages.

Le 8, tourisme à Livia où les Carteaud* nous quittent.

Le 9, tunnel du Cadi jusqu’à Baga. Remontons vers l’Ermita de Roca-Sança en suivant le riu de Greixer. De là au coll de Pal (2104). Prenons le GR150.1 jusqu’au Cap del Serrat Gran (2402 mètres). Ciel couvert, vent très froid, brouillard très mobile. Cela rehausse le modeste pic. La flore est superbe. Beaucoup d’orchis vanillé pourpre sombre, grenat. J’en cueille deux qui embaument encore. (Mis dans un vase, ils ont retrouvé leur fraîcheur après trois jours dans mon sac !)
Au retour, arrêt au coll del Forn (1713 mètres). Nous prenons le chemin du mirador dels Orris (dit « Mirador du Président » sur la pancarte). De là nous descendons au beau refugi de Rebost. On nous sert à 16 heures trois belles omelettes au jambon et des cervezas bien fraîches. Euphorie. Mais il faut remonter.

Le 10, tourisme à Bellver de Cerdanya.

Le 11, coll et pic de la Creueta (2067 mètres). Encore des orchis vanillés vers 2000 mètres. Retour par Castellar de N’Hug et San Vincente de Rus.

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Course 542. 11 juillet 2004. Une nouvelle preuve de l’intérêt d’Henri Ferbos pour la flore de montagne. Il photographie ici les orchis vanillés du coll de la Creueta.
(Photo Pierre Fougère).
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Course 542. 11 juillet 2004. Au pic de la Creueta, Henri Ferbos absorbé dans la consultation d’une carte.
(Photo Pierre Fougère).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le 12, revenons à Castellar de N’Hug pour un déjeuner gastronomique à l’hôtel des Fonts. « La Farga Vella ». Botiga « des 9 Fonts ». J’achète un vase pour Paula* (dans son cambriolage, celui que je lui ai offert à Noël a été volé). Trop de touristes, mais supportable. La stomatite dont je suis affligé est, elle aussi, supportable.

Le 13, retour à Pau.
(Cette semaine de vraies vacances m’a vraiment « dépaysé ». J’angoisse un peu à me retrouver seul. Me suis senti plus seul devant ma boîte à lettres vide...)
Dans toute cette semaine Edgar Morin m’a tenu compagnie : « Pour entrer dans le XXIème siècle ». Je l’ai presque terminé. Son pessimisme est fortifiant, sa « complexité » est bien ce que j’avais appelé « labyrinthe ».
Jambes un peu faibles mais estomac vaillant. Quelques femmes inoubliables. Des paysages foisonnants. Quelques idées en tête. Tout est bien.

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543ème. 27 août. (Sans bâtons...) Avec Paula*, Héas, cabane de l’Aguila (1910 mètres). Troumouse (2103 mètres). Journée parfaite.
(Tous les souvenirs de 1934, 1936, 1949 camp du GUHM, 1950 idem, etc. 1972 camp aux Gloriettes, Estaubé avec Corinne*).
Les souvenirs n’encombrent pas, la journée est toute neuve.

543ème bis. Dimanche 7 novembre. Paula* vient me chercher vers midi. Partons pique-niquer au plateau de Castet. Montons à travers la forêt d’automne superbe jusqu’au col de Coigts (1021 mètres). Ma hernie inguinale fait un peu mal, mais pas trop. La joie de marcher avec elle efface tout. Ciel nuageux mobile très bleu et très noir. Il fait très froid.
Comme le noir donne plus d’intensité au bleu, les 84 ans donnent plus de saveur à toutes les impressions et à toutes les présences. Non « plus », mais une toute autre saveur.

2005

544ème. 2 avril. Jacques* et Monique* viennent me prendre à 8h30. C’est très tôt pour un couche-tard comme moi. Montons à Ossen (508 mètres). Projet modeste. Jacques* est passé par Aressy et moi par 85 ans...

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Monique et Jacques Harang sur les dalles du Béout.
(Photo Henri Ferbos).

Montons au Béout (791 mètres) par des pentes assez raides du versant sud-ouest. Le sommet donne une très belle vue sur le lac de Lourdes et sur la ville. Le temps est très couvert, mais le Montaigu, le Léviste enneigés ont grande allure. Descendons nous mettre à l’abri dans un petit collet sous la crête pour casse-croûter. Nous irons ensuite jusqu’au pylône de la gare en ruine de l’ancien téléphérique (719 mètres). Descente par un bon sentier.
La grande attraction de ce circuit ce sont des traces de sarcophages prélevés dans le calcaire gris, pour les chevaliers morts du XIème ou XIIème siècle (1). En creux, ou blocs abandonnés inachevés. Ces techniques primitives étaient des techniques patientes ; elles devaient donner le temps de penser au mort et à la mort. J’imagine le tailleur de pierre assez méditatif.
Les os du squelette ne retourneraient pas à la terre, mais à la pierre, pierres eux-mêmes.

(1) NDLR : Vérification faite, l’hypothèse émise par Henri Ferbos dans le compte-rendu de cette course au Béout n’est pas tout à fait exacte. Il s’agit en réalité de carrières ouvertes entre le Vème et le VIIème siècle au temps mérovingien pour extraire la matière première des sarcophages destinés à la noblesse ou au clergé.

3 mai. Avec Jacques*, sentier Henri IV.

18 mai. Avec Jacques*, Turon de Puyou.

545ème. 28 juin. Partis de Pau à 9 heures. De la sortie du tunnel du Puymorens, nous prenons la petite route des lacs jusqu’à son terminus. Quittons la voiture vers 14 heures. Nous gravissons un sentier assez raide qui monte rive gauche d’un beau torrent. Sentier de pêcheurs au plus près de l’eau. Sous-bois et flore magnifiques. On traverse rive droite. Après un plat, nouveau ressaut raide jusqu’au lac de Font Viva. Églantiers en fleurs, lis, reine des prés, asphodèle. Sous un ciel nuageux très noir, le Carlit.
Pierre* peine -articulations douloureuses. Henriette* toute légère. Moi aussi je me sens si léger... que je trébuche et m’écorche à la jambe gauche. Ça saigne beaucoup. Un vieux pansement toujours dans mon sac va enfin servir.
Soir à Ribes de Freser. Gastronomie au Catalunya Parc-hôtel. Soirée bavarde.

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Course 545. 28 juin 2005. Le lac de Font Viva, dans le massif du Carlit.
(Photo Henri Ferbos).

29 juin. Montons vers l’Ermita de San Antoni (1280 mètres). La canicule nous arrêtera aux deux tiers.
Soir. La petite serveuse ukrainienne parfaite de gentillesse et de blondeur. J’ai trop parlé de Paula* et j’ai trop bu.

30 juin. La Nuria (1960 mètres) par le petit train bleu. Prenons le GR11.7, par l’Alberg, la Coma de Fontnegra, le collet 2097 (ruine d’un orri) jusqu’à la cabana de Pedrisses (2140 mètres). Vallées immenses et profondes ; le paysage est vaste ; il n’est pas centré sur un grand pic comme dans nos Pyrénées centrales.

1er juillet. Tourisme sans remords. Déjeunons à Ventola, « Chez Anna ». Très bon. Au dessert, des fruits secs au moscatel. Belle invention de cuisine !
(Cartes envoyées à Jean*, à Paula*, Arlette*, Corinne* et Bénédicte*).

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Course 545. Henri Ferbos en touriste sur les chemins de Catalogne, début juillet 2005. Il tient en main son inséparable appareil photo qui lui a permis de fixer sur la pellicule des centaines d’images.
(Photo Pierre Fougère).

Samedi 2 juillet. De Neva (231 mètres) à El Tossal (1434 mètres). Puis de Planoles au Collet de les Barraques (1895 mètres). Puig d’Estremera et pla de Punya.

3 juillet. Avec les Carteaud*, arrivés hier soir, remontons à San Antoni (1280 mètres) par un petit sentier, sous la même canicule, mais cette fois nous allons jusqu’au bout. (La chapelle de San Antoni exhibe un christ en croix, très belle image d’érotisme sado-maso).
Décidons de descendre par la route. D’abord bétonnée, elle change en bitume... Chaleur abominable avec la puanteur des voitures.
(Soir. À l’hôtel, à la table voisine, un petit garçon bouclé d’une beauté digne de la chapelle Sixtine).

Lundi 4 juillet. Remontons à la Nuria. Prenons le Cami de la Creu d’en Riba, puis le Cami de les Coves. Continuons par un sentier vers le nord-ouest. Montée en forêt. Trouvons un bon coin à découvert pour le casse-croûte. D’où nous voyons un pont sur le torrent de Finestrelles. Nous suivons un canal presque horizontal d’adduction d’eau (non signalé sur la carte). Il nous mène à la Den de l’Embut et à la Jaca de la liebrada. Remontons la Coma de Finestrelles jusque sous le Roc de la Maula, vers 2200 mètres. Orage. Retour à Ribes sous la pluie.

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Course 545. Henri Ferbos explique à Henriette Fougère que les cartes espagnoles ne sont pas toujours d’une fiabilité exemplaire...
(Photo Pierre Fougère).

Mardi 5 juillet. Remontons avec les Carteaud* au collet de les Barraques. Sous les nuages, suivons toute la crête boisée du Puig Estremera jusqu’au Pla de la Creu. (Vu un écureuil). Déjeunons tard à Ventola. (Soir. Je retombe dans le vain désir de convaincre...)

Le 6, retour à Pau. (Au départ, Natacha nous dit qu’elle va nous regretter).

546ème. Vendredi 29 juillet. Jacques* vient me prendre. Un gros orage hier soir nous a laissé un ciel couvert. Après une longue période de sécheresse la terre jouit, elle embaume.
Nous déjeunons au Tucq (lieu plein du souvenir d’Isabelle*). Nous nous décidons pour le plateau de Castet. (Autres souvenirs de Corinne* et de Paula*).
Le vaillant petit 4X4 nous monte un peu au-delà des cabanes d’Escalac. Entrons dans le brouillard et marchons jusqu’à la barrière intercommunale (elle passe au col de Jaout, 1506 mètres). Celle-ci se prolonge par des barbelés ; nous les suivons.
Deux belles dolines profondes. La pluie vient s’ajouter au brouillard, le vent aussi. Nous avons notre content vers 1600 mètres et redescendons. Nous avons gravi à peine 200 mètres mais par un temps si sévère c’est une vraie journée de vraie montagne. J’ai étrenné de nouveaux bâtons à poignée de liège.
Nous avons été bavards à souhait, mais en montant j’ai dû me taire pour ne pas m’essouffler...

547ème. Vendredi 5 août. Cette fois, pas question de déjeuner « bourgeois » au Tucq. Aux Eaux-Chaudes, prenons à gauche la petite route qui devient piste, sur huit lacets, puis court vers le sud-est. Laissons le 4X4 peu après le gué du ru de Gourzy. Il y a un cairn au départ d’un sentier qui monte assez raide en sous-bois. On doit être vers 1000 mètres. Casse-croûte à 14 heures. Le sentier a été ravagé par quelque pluie d’orage diluvienne. Nous irons jusqu’au plateau de Lacarret, vers 1600 mètres. (En remontant l’éperon de Leignières après la sortie de la forêt). Le temps est superbe, trop beau, bêtement sans nuage.
En face, au-dessus de Goust, tous les pics gravis, souvent ensemble, nous racontent des histoires. Nos histoires. Le paysage est une mémoire.
Je peine autant à la descente qu’à la montée. Pour moi c’est nouveau... Nouveauté de la 86ème année.

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Course 547. 5 août 2005. Au-dessus des Eaux-Chaudes. Sous le col de Lurdé, vue imprenable sur le Cézy.
(Photo Jacques Harang).

548ème. 30 août. Le 29 août, Paula* vient. Après un dîner très léger, nous allons au Méliès voir « Peindre ou faire l’amour » (des frères Larrieu). Très bon. Nous décidons une journée de montagne. Nous fêterons dignement son anniversaire. La petite Clio verte arrive pour me prendre à 8h30. Nous la laissons au col d’Aubisque (1709 mètres). Prenons le GR jusqu’au col d’Arbaze. De là, une montée raide jusqu’au pic Géougue de Tortes (1945 mètres). Je peine plus que de raison. Allons au sommet, mais impossible d’y rester ; il est colonisé par une nuée de mouches noires très agressives. Il fait très, très chaud, sûrement entre 30 et 35 degrés. Nous sommes « moites ». Ça n’empêche pas d’admirer un paysage gris où dominent le Petit Gabizos et son arête nord-ouest. (Je raconte à Paula* notre aventure de juillet 1972. Mon ego passéiste s’étale trop). Le plaisir d’être ensemble en montagne donne plus de saveur à tout ce qui est là.
Bière à Aubisque et arrêt fromage à Castet.

549ème. 7 octobre. Vendredi, le jour de Jacques*. À midi, Monique* improvise un petit repas. Tous les deux en 4X4 nous traversons le labyrinthe de Bielle pour remonter l’Arriou Mage. Après la cabane de Bourdiou, nous laissons la voiture dans le second virage, vers 900 mètres. (Virage en épingle). Nous montons vers la cabane de Lauda. Arrêt à 1500 mètres environ. Les deux bâtons me sont fort utiles.
Temps superbe. Lumière idéale, à désespérer tous les peintres.
Côté Lauriolle et côté Sède de Pan, avec les ombres du soir, on ne se lasse pas. La montagne change avec l’heure mieux que nous ne changeons avec l’âge.

2006

550ème. Jeudi 29 juin. Paula* vient me chercher vers 10 heures pour notre journée de montagne annuelle. Arrêt à Luz pour la crème solaire. La petite Clio verte conduite vivement nous porte jusqu’au parking sous le barrage des Gloriettes. Dès le départ, je peine. Les 86 ans ne sont plus seulement pour le calendrier, ils sont pour mes jambes. Nous longeons le lac vers midi et arrivons à la hauteur de la cabane d’Estaubé (1765 mètres). Le cirque me raconte des tas de souvenirs. En 1936 (j’avais 16 ans, j’en ai 70 de plus) pour coucher à Tuquerouye et faire le lendemain toute la crête du Mont Perdu à l’abri Gaurier ; Taillon et Gabiétou pour le surlendemain. En 1972 au printemps à skis avec Paul*. En 1974 avec Jacques Harang* et Corinne* pour le pic Blanc. En 1978 pour la traversée du pic de Pinède.
Nous restons sur la rive gauche et mangeons au bord de l’eau. Tout est bien. Les jeunes veaux très beaux et les grosses marmottes sont curieux et presque familiers.
Hélas, la descente va être très douloureuse. À un arrêt photo, j’oublie mes bâtons. On remonte pour les chercher en vain. Il y a beaucoup de « touristes » et ils ont du être récupérés. Fi ! Pour les bâtons. Mais aurais-je une tête aussi mauvaise que mes jambes ?
Paula*, légère, marche comme elle danse. Ce que c’est que trente et un ans de plus ! Elle m’attend patiente et rieuse. C’est par elle que la journée est encore toute bonne.
Question à ne pas poser : aurons-nous un jour semblable en 2007 ?

551ème. Avec les Fougère*, Pau-Setcases. Environ quatre cents kilomètres de belles routes nous conduisent à l’hôtel « La Coma ». Fort bel endroit.

Le 6 juillet, nous montons à Vallter 2000. Nous laisserons la voiture dans le troisième virage en épingle des grands lacets (1900 mètres). Bon sentier pour le refuge d’Ull de Ter (2220 mètres). Blocs de granit et pins à crochets. Après un vieux petit pont de bois sur le torrent, la pente se redresse sous le refuge. Pierre* et Henriette* s’y arrêtent. Je laisse mon sac pour monter seul vers le col de la Marrana (2529 mètres). Ciel très couvert. Le Gra de Fajol disparaît dans les nuages. J’arrête vers 2450 mètres arrivé en haut d’un ressaut où se détachent trois gros blocs. L’orage commence à gronder très fort. Je reviens au refuge sous la grêle. J’ai retrouvé toutes mes jambes. (Paula* n’en croirait pas ses yeux). Les amis ont commencé la descente. Je les rattrape mais, mauvaise surprise, ils n’ont pas pris mon sac. Je dois remonter au refuge pour le récupérer. L’orage devient très violent. Arrivons à la voiture vers 14 heures. Mangeons et buvons sous la pluie qui devient torrentielle et nous accompagnera jusqu’à « La Coma ». La course a été « très montagne » par la sévérité du temps.

Le 7, repos. Allons à Tregura de Dalt. Déjeuner plantureux à la grande auberge « El Serrat ». Le tinto a un parfum remarquable de miel et de fleurs. Dans une autre salle, il y a un banquet, genre anciens combattants. Sur la route, grand rassemblement de jeeps... qui me rappellent 1944-1945.
Montons par la pista jusqu’à « la Creu de fusta » (1640 mètres).
(Un peu de courrier pour finir la journée).

552ème. 8 juillet. Très belle matinée. De la Collada de Dalt de Meianell (1966 mètres) gravissons le Puig Rodonell et la Serra de la Canya (2216-2229). Le temps lourd se couvre à nouveau. Retour de l’orage. Arrivons à l’hôtel avec la pluie qui n’enlève rien à l’effet euphorique de la bière prise à Tregura.

Le 9, repos touristique. Camprodon, Beget, Castelfollit, Rocabruna.

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Course 552. 9 juillet 2006. Henri Ferbos photographiant l’église de Beget, en Cerdagne, lors de sa dernière sortie annuelle en Espagne avec ses amis Fougère.
(Photo Pierre Fougère).

553ème. 10 juillet. Route d’Espinavel. Arrêt au Font de Fra Joan. Je remonte le talweg à sec et les pentes raides jusqu’au refuge de Costabona. Beau petit refuge moderne bien bâti et bien équipé (2180 mètres). Je n’y reste que le temps de deux cigarettes pour ne pas faire trop attendre Pierre* et Henriette* qui sont restés en bas. Je trouve un meilleur cheminement pour la descente. Il y a dans le talweg une grande quantité d’ossements. Les percnoptères manquent.
Retrouve les amis. J’ai mis deux heures aller et retour. Je peux presque oublier l’âge de mes jambes. Vraie joie. Ce n’est pas qu’un plaisir de vanité.

Mardi 11. Art sacré. Les trésors de Sant Joan de les Abadesses.

Le 12, retour à Pau.

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3 septembre. Avec Paul*, plateau de Castet. Marchons environ quatre kilomètres sur la piste-route vers Mounrède. J’ai pris le « makhila » (?) du grand-père Desparnet marqué « Ainciart/À Larressore/1918 ».
(Depuis l’accident du 15 août, j’ai hélas des « vertiges »).

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554ème. 15 octobre. Belle réponse à la question posée le 29 juin (note 550). Paula* me téléphone à 9 heures pour me proposer une journée de petite montagne. Elle passe me prendre à 10h30. Improvisation charmante. Je laisse tout en désordre.
Montons au Port de Castet. Prenons le chemin du bois de Coussau puis à gauche vers le nord jusqu’au col « Deus Coïgts » (nous y étions allés ensemble le 7 novembre 2004). Nous continuons nord-est sous le col de l’Abeta vers Pédehourat. Arrêt gastronomique vers 13 heures. Retour hors sentier vers les Taillades et Serre Bouchouse. Beau coin à chevaux au Clot Bordiu. Clairières dans le bois d’automne où un petit riu se perd. Retrouvons la piste qui nous ramène au chemin. Le prenons vers la gauche quand il fallait le prendre vers la droite. Revenons sur nos pas pour retrouver la voiture au Port de Castet. (Je n’avais pas pris la carte).
Arrêt au village de Castet pour le délicieux fromage. Ici Paula* connaît tout le monde et visiblement tout le monde l’aime.
PS : J’ai moins peiné que le 29 juin à Estaubé.

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NDLR : Le quatrième et dernier carnet s’arrête là. Henri Ferbos est décédé dans la nuit du 4 au 5 avril 2007, la veille de ses 87 ans.

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Index du carnet 4

*Jean et *Véronique. (Courses 482, 483 et 485). Le deuxième fils d’Henri Ferbos et sa compagne.
*Baptiste. (Course 483). Le fils de Jean Ferbos.
*Charly. (Course 485). Un camarade de Baptiste.
*Paula. (Courses 485, 533, 534, 541, 542, 543, 543 bis, 545, 546, 548, 550, 551 et 554). Paula Caldera-Rufin, amie d’Henri qu’elle accompagna en montagne dans les dernières années de sa vie.
*Pierre et *Henriette. (Courses 486, 505, 515, 529, 542, 545, 551 et 553). Les Fougère, couple d’amis charentais d’Henri Ferbos.
*Jacques, *Alain et *Françoise. (Course 489. Dernier paragraphe. Corps, 26 août 1998). Jacques Ferbos, frère d’Henri. Françoise Berge, une nièce d’Henri (fille de sa sœur Raymonde, dite Monette) et son mari, Alain Rousseaux.
*Jean. (Courses 490, 493, 494, 497, 508, 513, 514, 515 et 530). Le deuxième fils d’Henri.
*Isabelle et *Pascale. (Course 490). Isabelle Gallais-Léveillé et une de ses amies.
*Jacques Harang. (Courses 490 et 550). Ami et collègue d’Henri.
*Baptiste et *Jean. (Course 491). Jean Ferbos et son fils.
*Marlier. (Course 492). Ingénieur des travaux publics girondin retiré au Cap Ferret, Pierre Marlier fut vice-président puis président de la section du sud-ouest du Club alpin français. C’est un membre fondateur du GUHM (Voir index du carnet 1).
*Le docteur Bernard Nominé. (Course 492). Médecin psychiatre palois.
*Audoubert. (Courses 493 et 522). Guide de haute montagne et auteur de guides. (Voir index du carnet 3).
*Jacques. (Course 493). Jacques Ferbos, frère d’Henri.
*Le guide Bernat-Salles. (Course 493). Un membre de la famille de François Bernat-Salles, le célèbre guide de Gavarnie qui accompagna le comte Russell.
*Bénédicte, *Nancy (Course 494). Deux amies d’Henri Ferbos.
*« Éloge de notre vie ». (Course 497).Premier essai philosophique publié par Henri Ferbos.
*Isabelle. (Courses 497, 525 et 546). Isabelle Gallais-Léveillé.
*Guérin. (Course 498). Le docteur André Guérin, médecin psychiatre angoumoisin ami d’Henri Ferbos.
*Eugénie. (Course 500). Une employée de l’hôtel Ordessa, à Torla.
*Sophie. (Course 505). Une randonneuse rencontrée aux Trois seigneurs. (Voir carnet 3, course 477).
*Gina. (Courses 506 et 525). Une amie d’Henri Ferbos dans les années 70.
*Dufau. (Course 511). Pierre et Josette Dufau, collègues d’Henri Ferbos au lycée Louis-Barthou de Pau. Pierre Dufau est membre du GUHM.
*Le Père Dieuzaide, Emmanuel Mounier, Mandouze. (Course 514). Le père Dieuzaide, père jésuite bordelais dont le nom est associé au centre Bernard-Rollot, à Barèges, dans les Hautes-Pyrénées (voir index du carnet 1).
Emmanuel Mounier (1905-1950) fondateur de la revue Esprit, penseur à l’origine du courant personnaliste.
Le professeur André Mandouze (Bordeaux, 1916 – Porto-Vecchio, 2006), universitaire et journaliste catholique, militant de l’antifascisme et de l’anticolonialisme.
Ces trois personnalités ont une grande influence intellectuelle sur Henri Ferbos dans la première partie de son itinéraire philosophique.
*Patrice Chevalier. (Course 515). Ami de Paul et de Jean Ferbos.
*Les Carteaud. (Courses 517, 542 et 545). Avec les Fougère, cités par ailleurs, un autre couple d’amis charentais d’Henri Ferbos.
*Dendaletche. (Course 520). Claude Dendaletche, naturaliste et biologiste à l’origine de la création du FIEP. Il est l’auteur de plusieurs livres sur les montagnes du monde, sur les Pyrénées, sur les écosystèmes, sur la faune sauvage, etc. (Voir index du carnet 2).
*Baptiste et *Paul. (19 février 2001). Baptiste, fils de Jean Ferbos, et son oncle Paul.
*Verdenal. (Course 523). Le docteur Jean Verdenal, médecin anesthésiste palois disparu au printemps 2007. Ce grand pyrénéiste dont le port d’attache était la maison familiale des Eaux-Bonnes, en Haut-Ossau, fut secrétaire général de l’association des Amis du musée pyrénéen de Lourdes et directeur de la revue Pyrénées.
*Jacques et Monique. (Courses 525, 544 et 549). Jacques et Monique Harang, amis palois d’Henri Ferbos.
*Henriette. (Course 531). Henriette Fougère. (Voir -ci-dessous).
*Pierre et Henriette. (2 juillet 2003). Le docteur Fougère et son épouse.
*Jacques. (Courses 541 et 546). Jacques Harang.
*Corinne. (Courses 543, 546 et 550). Corinne Barrère, amie d’Henri Ferbos et de ses fils Jean et Paul. (Voir index des carnets 1, 2 et 3).
*Jean, *Paula, *Arlette, Corinne, *Bénédicte. (Course 545). Jean Ferbos, deuxième fils d’Henri, et quatre amies d’Henri souvent citées au fil de ses carnets.
*Paul. (Course 550 et 3 septembre 2006). Le premier fils d’Henri Ferbos.
*Les Fougère. (Course 551). Le couple d’amis charentais d’Henri Ferbos très présent tout au long de ses quatre carnets.







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