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LA MONTAGNE L’A GARDÉ CENT ANS


Chez lui, à Billère, parmi ses livres, Jean-Victor Parant, né le 12 décembre 1910. L’ultime représentant d’une génération de grands montagnards dont les Pyrénées furent l’unique terrain d’aventures.
Photo Guillaume Bonnaud.

 
 
 
 

À 100 ans, Jean-Victor Parant assouvit désormais par la lecture la passion de sa vie : les Pyrénées.

Jean-Victor Parant devait avoir 94 ans - il conduisait encore - quand il fit sa dernière randonnée en montagne : le tour du pic du Midi d’Ossau. À l’insu de l’aide à domicile qui veille discrètement sur lui.

Comme le vieux montagnard portait de temps en temps sa main au genou et à l’épaule, l’auxiliaire de vie comprit d’elle même qu’il avait fait une chute… Et elle de le gendarmer. Et lui de répliquer : « Je voulais savoir ce que je valais »…

Halte là ! À 100 ans, le montagnard est toujours là. Un peu dur de la feuille. D’humeur toujours égale : « Il ne se plaint jamais », affirme son ’’infirmière’’qui a aussi assisté son épouse, aujourd’hui disparue.

Sa bibliothèque est son ultime refuge. Offrant leur tranche de cuir creusé de lettres dorées, les incunables du pyrénéisme s’alignent sur les rayons : les récits d’ascensions des Béraldi, Henri Brulle, Henry Russell en éditions originales.
Passion de famille

« J’ai skié dès l’âge de 3 ans », raconte-t-il. Son grand-père ayant racheté les thermes de Siradan, en Barousse (65), ce fut le temps de ses premières escalades dans des carrières de schiste, dirigées par la sœur aînée.

Très « famille », le père de Jean-Victor Parant, médecin aliéniste, avait une conception clanique de la montagne. Entre cousins et cousines, ils étaient une quarantaine enrôlée dans des « camps itinérants » d’une à deux semaines, en vallée d’Aure (Saint-Lary) comme dans le massif de Font-Romeu. « Dans ces camps de famille, on me convoquait pour faire la cuisine. Car je suis aussi un cuisinier de montagne », sourit-il, évoquant la façon d’accommoder les « sarrous » (épinards sauvages).

Aussi le patriarche se fâcha-t-il quand, en 1931, Jean-Victor adhéra au Club alpin français : « Il était contre les groupes qui, disait-il, séparaient les jeunes de leurs familles ».

Son père voulait qu’il fût comme lui docteur en médecine. Il devint docteur en droit… Jeune directeur de maison de santé, son métier lui évita cinq ans de captivité en Allemagne : « Je ne me suis pas évadé, mais débrouillé pour ne pas être prisonnier », dit-il, modeste, en introduction d’un récit rocambolesque.
Première à l’Aneto, en 1935

Il faut René Chabert, président de Pyrénéa Sports, le club palois dont Jean-Victor fut secrétaire général, pour le ramener à la montagne. Et à son exploit : la première de la face nord de l’Aneto, le toit des Pyrénées, en 1935.

Dès lors, quittant les méandres de la Seconde Guerre mondiale, la mémoire infaillible du centenaire retrouve les noms des compagnons de la glorieuse cordée : Jean Arlaud, Paul et Jean Grelier.

En 1954, le Toulousain Jean-Victor Parant, las d’user les rochers d’escalade de la forêt de Fontainebleau, revient dans ses Pyrénées, à Pau. Son ami Marcel Jolly, dit Beroí, qu’il a connu à Paris, lui fait découvrir Pyrénéa et rencontrer ses fondateurs.

Un club ? Une institution, plutôt ! Créée en 1939 par les époux Bacarisse, Simon et Suzanne, afin de « réunir tous les éléments féminins désirant acquérir et conserver force et santé ». La vocation montagnarde de Pyrénéa (600 adhérents aujourd’hui) ne s’imposera que plus tard, après la Libération et une ère de gymnastique, de danse et de basket féminin.

C’est en tout cas cette famille-là qu’a rejointe, voilà plus d’un demi-siècle, celui qui a arpenté les Pyrénées, du Canigou à Hendaye, sans guère en négliger de sommets, jusqu’à l’ultime pointe regardant l’océan et dont le nom lui échappe.

Jean-Victor Parant est le président d’honneur de Pyrénéa Sports, qui l’a fêté comme personne, vendredi soir.

Paru dans le site de Sudouest du 5 décembre 2010.
Par Thomas Longué

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Photo M. Chambert

Il a fêté son anniversaire le 19 décembre 2010 par une cérémonie religieuse puis autour d’un abondant buffet en compagnie de sa famille et de nombreux amis.

Jean-Victor Parant est un fidèle contributeur de Pyrénées depuis 1955, avec plus de 30 participations.
Avec nos félicitations, nous lui témoignons toute notre amitié et lui souhaitons une bonne continuation.
 
 
 

Mis en ligne le jeudi 23 décembre 2010.

Jean-Victor Parant est décédé le 13 mars 2016.

lire l’hommage que lui a rendu Claude Dendaletche






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