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EXCURSIONS TOPOGRAPHIQUES DANS LA VALLÉE DE CAUTERETS
Suite

N° 141 - Septembre - Octobre - Novembre - Décembre 1917
 

Le 15 octobre 1917, la danseuse Mata-Hari est fusillée pour espionnage, en novembre, le gouvernement mis en minorité à la Chambre démissionne, le 17 novembre, Georges Clemenceau forme le Gouvernement, cumulant la présidence du Conseil et le ministère de la guerre ; quelques jours plus tard il déclare à la Chambre :« Ni trahison, ni demi-trahison, la guerre, rien que la guerre. [...] Un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d’acclamations accueilleront nos étendards vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés des obus, magnifique apparition de nos grands morts. Ce jour, le plus beau de notre race, il est en notre pouvoir de le faire. »
La Chambre vote la confiance par 418 voix contre 65 et 40 abstentions.
Le 29 novembre c’est l’ouverture à Paris de la conférence des Alliés.
 

Alphonse Meillon poursuit sa série d’articles sur ses excursions topographiques dans la vallée de Cauterets .

EXCURSIONS TOPOGRAPHIQUES DANS LA VALLÉE DE CAUTERETS
Exposé chronologique des opérations
Notes et impressions

(Suite)

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Campagne de 1915
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En me servant de ce mot « campagne », je ne puis dissimuler le scrupule que j’éprouve. Un pareil terme employé pour résumer l’ensemble de modestes travaux, peut sembler prétentieux. Seuls, nos soldats font « campagne ». Mon excuse sera que la prétention n’est pas dans ma pensée.
Pendant que nos héros défendent, avec une ténacité inlassable, la France envahie dans ses riches départements du Nord et de l’Est, ici, dans notre Béarn ensoleillé qui se pare, malgré les deuils pour recevoir les hôtes étrangers, nous suivons, loin des combats et des périls, les opérations engagées sur l’immense front ; mais nous avons le devoir, au point de vue économique, de nous livrer à des travaux également utiles. N’est-ce pas le rôle de ceux qui, ne pouvant combattre, gardent dans le domaine de l’activité et de leurs moyens d’action, une tâche patriotique encore ?
Si animées avant la guerre, nos stations, touristiques et thermales sont forcément délaissées par la foule mondaine des baigneurs et des touristes ; seuls, nos chers soldats viennent chercher dans la bienfaisance de nos eaux sulfureuses et dans le calme de nos montagnes une guérison à leurs blessures ; nos hôpitaux, organisés dès le début de la guerre, sont combles et bien des souffrances physiques et morales, entourées de soins maternels, y reçoivent un soulagement.

Non, il ne peut y avoir cette année, de vacances à la montagne. D’abord, la montagne frontière est consignée aux touristes ; ensuite, comment songerait-on à occuper agréablement ses loisirs alors que nos défenseurs font des efforts surhumains pour chasser l’ennemi de notre territoire, et qu’à l’arrière tant de familles souffrent et pleurent ?
Nous ferons donc, loin des sommets, une campagne de bureau.

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(Suit une Étude de la nomenclature…)

Alphonse MEILLON

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N° 142 - Janvier - Février 1918

EXCURSIONS TOPOGRAPHIQUES DANS LA VALLÉE DE CAUTERETS
Exposé chronologique des opérations
Notes et impressions

(Suite)

Campagne de 1916

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Au moment où je commence ce nouveau chapitre, ma pensée se porte malgré moi vers les tragiques évènements qui se déroulent. La guerre dure depuis plus de deux ans, pleine de hauts faits, mais aussi de tristesses et de deuils ! La tourmente continue à ébranler le monde.
Cette année 1916, glorieuse pour la France, a été vécue par nous au milieu des angoisses et des espérances qui bouleversaient nos âmes. La ruée allemande sur Verdun, si inattendue et si formidable qu’on put craindre, dans ces journées sombres de février et de mars, que les lignes françaises seraient rompues ; puis notre offensive sur la Somme avec sa ténacité et ses trophées, enfin la triomphale reprise des défenses de Verdun où nos soldats se sont couverts d’une gloire immortelle, tous ces évènements dans lesquels la race, que nos ennemis avaient méconnue et calomniée, s’est retrouvée plus grande, ont donné à notre pays la confiance dans le triomphe final. Qui donc en doutera désormais ?
Mais pendant que nos soldats luttent en héros, nous avons les uns et les autres, à l’arrière, un devoir à remplir : être dignes d’eux. La tâche qu’ils accomplissent doit provoquer la notre, plus modeste, en vue de préparer l’avenir par la reprise du mouvement économique sans lequel toute victoire ne serait qu’éphémère.
Soutenu par cette pensée, j’ai porté cette année mon étude vers les questions économiques où je pouvais rendre des services, et vers l’organisation du tourisme, sous toutes ses formes et dans toutes les branches qui s’y rattachent. Collaborateur d’une œuvre que les hommes éminents par les services rendus, ont soutenue par leur initiative et leur expérience, j’ai pensé que le devoir commandait sans retard de tout disposer pour cette lutte de l’après-guerre. Nous retrouverons nos ennemis sur ce nouveau champ de bataille. Ils veulent être prêts les premiers. L’intérêt ne nous commande-t-il pas de chercher à les devancer ? Et tout nous dit que nous pouvons y réussir.
Ainsi que l’écrivait à juste titre M. Cambon : « Si tous les visiteurs de l’Allemagne revenaient émerveillés de l’ordonnancement méthodique et de la correction des services publics, frappés de surprise devant les résultats de son industrie et de son commerce, tout comme de son organisation militaire, il faut reconnaître que cela est juste, mais il ne faut cependant pas que cette constatation, je ne dirai pas admiration, nous rende injuste pour nous. Ne vantons donc pas tout en Allemagne alors que nous avons dans notre nature tant d’admirables qualités que nous ignorons nous-mêmes. »
Reconnaissons néanmoins que nous devons songer à organiser dans notre pays, le plus admirable qui soit, tout ce qui peut nous permettre de le faire mieux connaître et davantage apprécier. Et dans ce monde d’organisations nouvelles, n’est-ce pas le tourisme, avec son attraction sur l’étranger, qui doit dès aujourd’hui solliciter notre activité et nos efforts ? Alors que beaucoup d’industries chercheront, après les hostilités, leur nouvelle voie, le tourisme retrouvera immédiatement la sienne qui n’est qu’interceptée. Les étrangers se porteront à nouveau vers nos Pyrénées splendides. Leur cadre et leurs décors, de variété et d’harmonie attireront plus que jamais les visiteurs. Mais, adorateurs fervent de leur beauté, je les voudrais plus fréquentées, mieux connues et plus aimées encore.

Alphonse MEILLON

(Dans la suite de l’article, l’auteur traite de l’utilité des Parcs nationaux et des réserves de chasse et de pêche.)






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