Suite à l’article mis en ligne le 10 mai 2010, voici un point de vue que nous a transmis le Comité de »Table Ronde Pyrénées Mont-Perdu »

« Tant de fureurs de grondements, ont fait peur aux enchantements »
Georges Brassens

Les lecteurs de « Pyrénées » savent que « Pyrénées Mont Perdu » a fait l’objet d’un classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1997. Ils savent également que ce classement n’est pas un acquis définitif et qu’il peut être remis en cause (« Pyrénées » n°239). À quelques semaines d’une réunion décisive du Comité du Patrimoine Mondial, nous souhaitons partager un retour d’expérience et notre appréciation du chemin à venir.

« Pyrénées Mont Perdu » est une expérience révélatrice à divers titres :

 Elle illustre une difficulté actuelle de la société française à articuler des décisions à différentes échelles pour aménager et gérer des lieux exceptionnels, emblématiques et à large audience
 Elle est également révélatrice du sens que nous attribuons en France au mot culture, un mot qui est mieux compris au pays de Le Corbusier, de Victor Hugo et de Rostand lorsqu’on l’associe à des œuvres qui dénotent (œuvres architecturales, artistiques, théâtrales, …) que lorsqu’on l’associe à des modes de vie, à des vivre ensemble et à des rapports à la nature forgés au fil du temps.
 Elle montre enfin une difficulté récurrente à intégrer la dimension sensible du paysage dans les processus décisionnels

Les dispositions qui vont être arrêtées par le Ministère de l’environnement (MEEDDM) en lien avec le Ministère de la culture et avec l’Association française des biens français du patrimoine mondial (ABFPM), devraient permettre, à l’avenir, de surmonter les difficultés que rencontrent actuellement collectivités territoriales, pouvoirs publics et représentants de la société civile pour accorder leurs points de vue sur le classement et la gestion des biens inscrits au patrimoine de l’UNESCO.

Pour sa part, au fil des ans, le Comité du Patrimoine Mondial a précisé ses exigences. La constitution d’un Comité de gestion associant représentants de l’État, collectivités territoriales et représentants de la société civiles fait partie aujourd’hui des préalables à l’inscription des nouveaux sites, ce qui n’était pas le cas en 1997, lors de l’inscription de « Pyrénées Mont Perdu ».

Reste que « Pyrénées Mont Perdu » est sous la menace d’une mise en péril, faute d’avoir réussi, treize ans après l’inscription, à régler deux questions principales : la constitution d’un comité de gestion transfrontalier et le déplacement du lieu du festival de Gavarnie de quelques centaines de mètres. Une troisième question sensible, le déplacement du parking de Troumouse, serait en voie de règlement.

L’issue demeure incertaine à l’approche de la prochaine session du Comité qui aura lieu à Brazilia en juin 2010.

Lors des élections régionales de mars 2010, en Aquitaine, en Midi Pyrénées et en Languedoc Roussillon, des personnalités politiques de toutes tendances ont pris ouvertement position en faveur du maintien de « Pyrénées Mont Perdu » au patrimoine de l’UNESCO. Cette convergence de vues confirme un attachement partagé au site « Pyrénées Mont Perdu » à la fois pour ce qu’il représente aux yeux des pyrénéens et pour sa valeur emblématique dans les trois régions mitoyennes, en France et dans le monde. Nous nous en réjouissons.

Il ne manque qu’un ingrédient, mais non le moindre, un projet fédérateur, concerté, respectueux des paysages naturels et culturels du site, tourné vers l’avenir sans récuser le passé.

Terres et hauts lieux d’enchantement et de passions, nos vallées, nos pays, nos « Encantats » et nos cimes pyrénéennes le méritent.

Table Ronde Pyrenees Mont Perdu

On pourra trouver le compte-rendu d’épisodes récents concernant cette question dans la présente rubrique aux dates suivantes : 25 Mars 2010, 6 Juin 2009, 18 Février 2009, 12 Février 2009, 24 Décembre 2008…

Mis en ligne le vendredi 28 mai 2010.