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N° 228

Donezan, Québec ariégeois

Le 21 octobre dernier alors que le n° 228 venait de sortir de l’imprimerie, une page de l’histoire de Pyrénées s’écrivait à Ayros-Arbouix près d’Argeles Gazost : en sa thébaïde de Bastillac, M. Gérard de Clarens recevait pour sa deuxième réunion annuelle le Conseil d’Administration des Amis du Musée Pyrénéen dont il est le vice-président. Avec chaleur et une exquise civilité. Onze ans auparavant, en ce même lieu, le Conseil déjà présidé par M. Michel Clin s’était retrouvé pour affirmer son existence contre l’appétit de quelques vautours et entériner la succession de M. Jean-François Le Nail désireux de passer le relais de Rédacteur en Chef.
Le 21 octobre dernier, le président Michel Clin dénonçait les difficultés traversées et conséquentes aux nouveaux règlements administratifs et se félicitait de la réaction du Comité Directeur de la revue. Il invitait également le Conseil à entériner la succession du Rédacteur en Chef Louis Lanne qui depuis plusieurs mois souhaitait se démettre de cette fonction, ainsi qu’il s’en explique dans l’éditorial de ce dernier numéro.

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Couverture : Étang du Laurenti et Roc Blanc (Donezan).
(Photo P. Rey)

 


 

SOMMAIRE

339 - ÉDITORIAL - Louis Lanne

341 - AVANT QUE L’HISTOIRE NE BASCULE "DONEZAN, QUÉBEC ARIÉGEOIS" - Paul Rey

353 - ANDORRE Les derniers hommes d’airain - Joseph Ribas

365 - Autour de l’aérodrome de Luchon
CRASHS D’AÉROPLANES DANS LES PYRÉNÉES CENTRALES (1934-1945)
- Christophe et Karine Thomas

379 - FLEURS D’ARAN, FLEURS D’ISLANDE - Françoise Besson

387 - LA CORRESPONDANCE DE ROSALIE BORGELLA RAMOND - Nanou Saint-Lèbe

399 - ENTRE PITTORESQUE ET BURLESQUE, DEUX DESSINS PYRÉNÉENS DU XIXe SIÈCLE - Jean-Pierre Thomas

403 - LES VITRAUX DE LA CHAPELLE DU CHÂTEAU FORT DE LOURDES - Pierre Albert Frouté

407 - GERBERT D’AURILLAC (Auvergne, v. 940 - Rome, 1003) - Louis Albesa

417 - SANTA MARINA DE BAGUESTE - Gérard Raynaud

423 - NOTE DE LECTURE
EN VAL D’ARAN
- Joseph Ribas

427 - LA GALERIE DES MUSÉES
ARRIVÉES ET DONATIONS AU MUSÉE PYRÉNÉEN
- Louis Lanne

431 - CHRONIQUES - Louis Laborde-Balen

ÉDITORIAL

Louis LANNE

Ces belles années

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Dessin ci-dessus : Voyageurs en Andorre à la fin du XIXe siècle.

(G. Vuillier d’après nature).

Avec ce numéro 228 de Pyrénées et 470 du Bulletin Pyrénéen, s’achève ma participation à la revue en tant que rédacteur en chef. Onze années se sont écoulées depuis que, à l’orée de 1996, Michel Clin et Jean Verdenal avaient su me convaincre de prendre la difficile succession de Jean-François Le Nail avec, d’emblée, le redoutable honneur de concevoir le numéro du centenaire (N° 188) et d’en assurer la parution.

Quarante numéros ont suivi avec une régularité sans interruption et avec ponctualité, n’était le retard à la parution du précédent numéro victime de l’implacabilité de l’Administration Centrale. Ces quarante et un numéros témoignent de cette décennie éprouvante parfois, mais toujours enrichissante et passionnante. Ma reconnaissance va envers toutes celles et tous ceux qui m’ont manifesté leur aimable considération, leurs conseils constructifs et leur indulgente sollicitude.

La revue a bien tenu et maintenu son rang. Aujourd’hui, comme je l’écrivais dans l’éditorial du N° 216, je peux dire que « le devoir éminent d’une revue comme la nôtre (qui) est de survivre » a été rempli.

Parler de survie, c’est se projeter dans l’avenir. Celui de Pyrénées n’est jamais assuré. Il faut à tout moment le bâtir, le construire, relancer les énergies, proposer des collaborations, susciter des envies d’écrire, encourager de nouveaux auteurs. Aujourd’hui, encore plus qu’il y a dix ans, alors que dans un monde en plein bouleversement, et devant une société désorientée, chacun cherche de nouvelles voies. Quelle importance, quelle place consentira-t-on à l’écrit ?

Au plan matériel, le contexte général n’est guère plus favorable : la complexité des règlements administratifs qui ne prennent évidemment pas en compte la spécificité et l’intérêt culturel d’une revue fragile et délicate comme la nôtre, l’attention vétilleuse portée par les services à la gestion des associations, l’augmentation des charges, prix et tarifs postaux, etc…, rendent plus ardue encore la tâche des bénévoles qui doivent acquérir désormais des compétences spécialisées pour répondre aux exigences requises. Celles et ceux qui accomplissent gratuitement ces tâches méritent la reconnaissance de tous.

Allons plus loin pour revenir sur le contenu de Pyrénées. Ne devons-nous pas nous ouvrir davantage afin de « favoriser la connaissance des Pyrénées dans toutes les dimensions possibles, de temps, de lieux et de sujets, en toute conscience et en toute liberté ? ». Les échappées belles tentées au cours de cette décennie, avec quelques réussites au bout, ont-elles été assez fortes, innovantes et nombreuses pour déclencher une nouvelle dynamique, assez percutantes, voire provocantes, pour être comprises et entraîner de nouveaux lecteurs ? Très respectueux des traditions de la revue, ai-je été suffisamment attentif, combatif, ouvert et éveillé aux évolutions et mutations profondes de notre temps ? Certes, les appréciations flatteuses, les encouragements cordiaux, tels ces petits mots vivifiants qui accompagnent les bulletins de réabonnement ainsi que vos généreuses réponses à l’appel à souscription, sont autant de preuves de l’intérêt porté à la revue, de votre adhésion au contenu rédactionnel et de votre fidélité.

Encore et toujours les Pyrénées aujourd’hui, ce que les Pyrénéens veulent en faire pour continuer à y vivre bien demain, les Pyrénées « tras los montes » et les coopérations rédactionnelles transfrontalières qui demandent à être développées, etc…, l’avenir de la revue est, sans aucun doute, dans ce regard porté vers cet horizon-là, dans une réflexion écrite sur tous ces sujets.

Les dix années qui viennent seront encore plus exigeantes et, comme les défis seront différents, le contenu et la gestion devront être différents. Une nouvelle équipe se mettra en place pour faire face. C’est la meilleure chance qui s’offre à la revue.

La revue continue. Un ami se prépare à prendre le témoin de Rédacteur en Chef.
Pierre-Marie Cortella, le Médiateur du Journal Sud-Ouest, montagnard depuis toujours, a marché, a beaucoup marché et ascensionné avec nous, depuis vingt ans, dans les Pyrénées pour les aimer au point d’accepter d’assurer le relais. Dans la continuité de Pyrénées, c’est à dire en allant de l’avant.

Je l’en remercie vivement comme je remercie toutes celles et tous ceux – ils se reconnaîtront – qui m’ont accompagné et aidé dans mon travail et mon engagement et m’ont permis de vivre, en toute liberté, ces belles années, des plus belles parmi tant d’autres.

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DU QUÉBEC ARIÉGEOIS À L’ANDORRE

Avant que l’histoire ne bascule

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Fleur de lys et grille catalane
à la frontière du roi d’Aragon aujourd’hui limite départementale 09-66, Forêt du Carcanet, Pla de la Terminière.

(photo P. Rey)

Or donc, la revue continue et ce dernier numéro s’inscrit comme si de rien n’était dans la longue suite de Pyrénées. Ici l’histoire prend une large place.

L’histoire contemporaine avec le professeur Paul Rey qui connaît parfaitement le Donezan, pays du canton de Quérigut en Ariège orientale. “M’intéressant de longue date à cet attachant pays pyrénéen, j’ai voulu rassembler, sous une forme originale, témoignages vécus, faits historiques, données scientifiques, passées et actuelles, pour dresser un bilan de la vie montagnarde, telle qu’elle existait encore dans la période d’entre deux guerres, avant les profonds bouleversements qui ont suivi”.

“Avant que l’histoire ne bascule”, le Donezan qui, de 2933 habitants en 1851, n’en comptait plus que 464 en 1982, change d’image. “Les témoins de la vie d’antan se réfugient au château d’Usson qui abrite désormais la Maison du Patrimoine tandis que les anciennes habitations deviennent résidences secondaires, que le village-vacances de Mijanès ne désemplit pas l’été de touristes venus admirer le tour de France ascensionner le plateau de Pailhères ainsi que les skieurs de fond l’hiver et les neiges venus. Cette fréquentation touristique légitime du même coup la mise en réserve de la forêt qui n’en finit pas de triompher au vallon du Laurenti. Vous avez dit Laurenti ? Et pourquoi pas Laurentides comme en Québec…

Les hommes d’airain

Contrairement au Donezan, l’Andorre connaît une démographie quasi galopante due aux immigrations de ces dernières années. Et les conséquences sont destructrices du passé de la principauté. En évoquant “les derniers hommes d’airain”, à la fois roman de l’ariégeoise Isabelle Sandy et film du girondin Émile Couzinet, Joseph Ribas plonge dans l’histoire andorrane, ce “coin du monde” qui vivait heureux replié sur lui-même depuis Louis le Débonnaire…

Déjà, après la mauvaise impression laissée par le pays au trop délicat André Gide qui le découvrait en 1911, l’anglais Vincent-Clarence Scott O’Connor avait observé l’attachement des autochtones pour leur petit pays, ce qui au demeurant n’est en rien étonnant, et les prémices “d’un grand changement qui se prépare” : le percement du tunnel sous le Puymorens, l’arrivée de l’électricité, l’amélioration des routes existantes, l’avènement de la république espagnole, qui renforce l’activisme catalan, la contestation de “la femme andorrane”, sont autant de changements et d’évolutions qui vont entraîner la réforme de la répartition des terres et la transformation du statut international de l’Andorre. L’Andorre que nous connaissons aujourd’hui se “fabrique” alors comme l’écrit Isabelle Sandy et comme Émile Couzinet le filmera en 1940.
Depuis l’accélération de l’histoire n’a pas cessé : l’Andorre est devenue une usine à tourisme et “les hommes d’airain” sont en voie d’extinction si le dernier, Josep Asnurri qui inspire fortement Isabelle Sandy, n’en fut pas le dernier représentant, “silhouette fantomatique sur le crépuscule de la vieille Andorre”.

L’HISTOIRE DANS LES PYRÉNÉES

Crashs d’avions à Luchon

C’est l’histoire de l’aviation en pays de Luchon qu’établissent Christophe et Karine Thomas en retraçant l’épopée des aviateurs dont la connaissance du vol en milieu montagnard était à inventer lors de chaque vol.

Du premier ballon à s’élever dans le ciel de Luchon aux commandes du capitaine Fourcade un 23 août 1888, il faudra attendre le 30 juin 1914 pour qu’un premier aréonef survole la station thermale et se pose en catastrophe sur un pré... Les prouesses humaines et techniques vont se succéder : on atterrira à Superbagnères avant que ne soit aménagé en 1955 le premier aérodrome qui existe encore aujourd’hui. Mais c’est durant la seconde guerre mondiale que se produisent les sept crashs que Christophe et Karine relatent ici et dont les vestiges sont présentés au Musée de l’Aéronautique crée par Léon Elissalde, luchonnais fondateur de l’aéroclub de Luchon et de son aérodrome et ancien ingénieur de l’entreprise Latécoère où il fut mécanicien naviguant sur l’hydravion “Late 631”.

Les auteurs ont voulu rendre hommage à ces aviateurs qui périrent dans ces accidents tragiques et en particulier à ceux qui se sont battus pour la liberté de notre pays.

Rosalie Borgella née Ramond

Elle s’appelait Rosalie Borgella et la postérité n’aurait sans doute pas retenu son nom si elle n’avait été la sœur cadette de Louis Ramond de Carbonnières et de son frère Étienne. Elle suit l’aîné qui ayant perdu Ursule son grand amour, part pour les Pyrénées et Barèges se refaire une santé et se changer les idées.
Louis lui fait découvrir la nature, la flore lors de longues promenades équestres qui leur permettront de découvrir les Pyrénées centrales et les prisons de Gavarnie et de Tarbes où Rosalie est enfermée six jours, son frère neuf mois. Pendant ce temps, Rosalie connaît le médecin militaire Borgella en poste à l’hôpital de Barèges. Elle est heureuse et vit avec mari, ses trois enfants et son frère Louis sorti de prison et qui a besoin de se refaire une carrière. Lui remonte à Paris…

Dès lors Rosalie lui écrit : 83 lettres sur 91 dont on a gardé la trace où elle raconte sa vie familiale parle de ses enfants à l’éducation desquels elle veille selon des principes très personnels, et de l’admiration que Borgella son mari nourrit à l’égard de Louis son beau-frère… Cette correspondance dénichée dans les trésors cachés du Musée Pyrénéen de Lourdes par Nanou Saint-Lèbe vaut à Rosalie ce regain d’intérêt qu’elle lui avait auparavant déjà manifesté en l’honorant d’une présence dans “Femmes à la découverte des Pyrénées” publié par l’auteur en 2000 chez Privat et dans “Viajeras” paru chez Sua à la même époque.

Pape, chapelle et église

La rédaction fait amende honorable car l’histoire de Gerbert d’Aurillac relatée ici par Louis Albesa aurait mérité bien sûr de paraître plus tôt lors du bimillénaire de cet “enfant de berger pris en charge par l’abbé d’Aurillac” et devenu le premier pape français.

Étrange destinée en effet que celle de ce jeune aquitain dont on ne connaît la date exacte de sa naissance mais qui fera l’histoire : avant d’être à la tête de la chrétienté il sera l’un des plus éminents de ces “père(s) Joseph” qui illustrent l’histoire de France. Ne fut-il pas l’instigateur de l’élection sur le trône de France, d’Hugues Capet en 987 ouvrant l’ère de la troisième dynastie des rois de France…

...“C’est alors qu’il rencontra Otton III venu se faire couronner empereur par le nouveau pape, son cousin Grégoire V (21 mai 996). Gerbert devient le secrétaire et l’ami d’Otton mais n’obtient rien de Grégoire”. À la succession de celui-ci, Otton III n’oublie pas son ami, le fait nommer archevêque de Ravenne et le fait pape sous le nom de Sylvestre II en 999. Poursuivant le rêve de reconstituer l’Empire romain catholique et germanique, Gerbert survivra à Otton III et mourra à Rome le 12 mai 1003. Il repose en la cathédrale de Saint Jean de Latran.

Les vitraux de la chapelle du château fort de Lourdes

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Vitail de gauche : “Charlemagne assiège le château”
Vitrail de droite : “Reddition de Mirat”

(Photos de P.-A. Frouté)

C’est l’histoire de Lourdes et de son château fort que racontent les trois vitraux de la chapelle du château fort de Lourdes décrits par Pierre Frouté . Offerts par la ville de Lourdes en 1921, ils ont été réalisés par les frères Mauméjean lesquels possédant une filiale à Hendaye de leur atelier parisien, sont très souvent intervenus dans la région pyrénéenne et aquitaine.

La légende de l’aigle et la truite qui est celle du château fort assiégé par Charlemagne et défendu par Mirat le sarrazin, curieusement et dans un clin d’œil à l’adresse du fondateur du Musée Pyrénéen inauguré à l’époque, le maître-verrier a représenté Louis Le Bondidier soi-même, casqué parmi les assistants...
 
 
 
 

PAYSAGES, D’UN VERSANT L’AUTRE

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Lac de Gerber, Val d’Aran.

(Photo F. Besson)

D’Islande au val d’Aran

Françoise Besson est poète. Et il faut l’être pour rapprocher comme elle le fait le Val d’Aran et l’Islande.

“Les points communs entre la lointaine Islande et la vallée pyrénéenne d’Aran ne frappent pas le voyageur au premier regard et on peut donc s’interroger sur ce qui peut rapprocher cette île volcanique et sauvage que Jules Verne a choisie comme point de départ de son « Voyage au centre de la terre », et le Val d’Aran, vallée-passage qui relie historiquement et géographiquement la France et l’Espagne” écrit-elle en introduction de son article. Ingénuité ? Non. Subtilité ? Certes. La réponse vient immédiatement : l’île, le volcan et par dessus tout les fleurs. Comme l’Islande, le Val d’Aran est une île entre ses deux puissants voisins nichée au cœur de la chaîne ; en son sous-sol bouillonnent les eaux thermales qui jaillissent aux bains d’Arties chaudes comme l’eau des geysers islandais. Les fleurs enfin et Françoise Besson de rapprocher hardiment les pourtours du lac de Gerber et ceux de la vallée de Thόrsmörk (brrrr !) où elle a découvert les mêmes fleurs. “Fleurs de Sibérie retrouvées dans les Pyrénées, Groënland qui est dans les fleurs pyrénéennes. Des fleurs d’Islande qui me parlent de la vallée d’Aran semblent raconter l’histoire du monde, un grand village avec un seul jardin...”

C’est un cantique pour qui “sait écouter la voix des fleurs”. Botanistes froids s’abstenir.

Santa Marina de Bagueste

Sur les hauteurs de la punta de Santa Marina, surplombant le cañon de Balced, Gérard Raynaud , nous entraîne dans la découverte de cette région du Haut-Aragon et le village abandonné de Bagueste découvert et décrit par Pierre Minvielle dans “La sierra de Guara” en 1984.

“Au porche de son église qui domine le village, on embrasse les plateaux d’Otin, le Tozal de Guara et les sierras vers Ainsa”…

Si Lucien Briet n’est pas passé à Bagueste, le comte de Saint Saud et Albert Tissandier ont marqué leur passage.

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